« Cet article est né au cours d'une randonnée. Au départ, j'étais devant mon ordinateur, peinant à rédiger un texte qui aurait déjà dû être terminé, quand ma femme, Anne, m'a proposé de l'accompagner en randonnée. Ma première réaction a été de penser: "Je n'ai pas le temps!" Mais avant de prononcer un mot, j'étais en train de lacer mes chaussures. Quel meilleur endroit qu'une montagne pour traiter de la prière qui élève nos pensées! Cela s'est avéré exact.
Notre randonnée nous a conduits en haut du mont Jefferson, dans le New Hampshire, à quelque deux cents mètres au-dessous du mont Washington, point culminant du nord-est des États-Unis, célèbre pour ses conditions météorologiques particulièrement difficiles. Heureusement pour nous, la neige avait entièrement fondu et la météo prévoyait un ciel clair et ensoleillé. C'était une magnifique journée d'été qui s'annonçait; des nuages d'un blanc cotonneux dérivaient au-dessus de nos tètes et nous n'avions que 823 mètres de pente escarpée à gravir. Tandis que nous progressions vers le sommet, j'avats tout loisir de parler avec Dieu au sujet de "la prière qui élève". Voici quelques notes tirées de cette randonnée et de la conversation spirituelle à laquelle elle a donné lieu. »
Destiné à s'élever
Le guide touristique recommandait un circuit de huit kilomètres, pour les « randonneurs expérimentés » avec une forte dénivellation exigeant d'« escalader des rochers ». Ce n'était pas une plaisanterie! En atteignant la première borne (1,5 km) nous nous demandions déjà si nous aurions le courage de poursuivre. Nous étions essoufflés, et la partie difficile du circuit n'était même pas encore arrivée. Le sommet paraissait bien loin. Mais cette pensée m'est venue: « Tu es destiné à t'élever. Continue sans te préoccuper du reste. » Il y avait là de quoi réfléchir. Nous avons donc continué. Plus je pais, plus je me rendais compte que c'était la bonne décision. En tant qu'enfant spirituel de l'Esprit, Dieu, il était dans ma nature de m'élever, d'aspirer à un but élevé, d'aller plus haut. J'ai souri en me souvenant de ces paroles de Mary Baker Eddy: « Le désir, c'est la prière... » (Science et Santé, p. 1) Il est naturel de prier; c'est inné. « Je suis destiné à m'élever ! »
« Je t'attire vers les hauteurs »
Lorsque le sentier est devenu plus raide et plus accidenté, une nouvelle pensée s'est fait entendre: « Je t'attire vers les hauteurs. » Ces mots m'étaient familiers, mais je ne me rappelais pas l'endroit où ils se trouvaient dans la Bible. J'ai demandé à ma femme. « Je t'ai attiré avec amour » (Jérémie 31:3, d'après la version King James), m'a-t-elle répondu. Mais bien sur! L'amour de Dieu est assurément plus grand que la difficulté que je ressens. J'étais attiré vers les hauteurs par l'Amour divin même. Rien ne peut s'opposer à Dieu. Comme les plantes sont naturellement attirées vers la lumière, nous sommes nous-mêmes attirées vers notre Créateur, qui est l'Amour et l'Esprit. Quelle prière puissante! J'ai senti mes forces se renouveler aussitôt.
« Je puis tout »
Les rochers se succédaient. Des pans entiers. Nous avons rencontré des gens qui redescendaient du sommet. « Vous êtes encore loin du but! » nous ont-ils dit joyeusement. Ce n'était pas ce que j'aurais aimé entendre, mais j'ai apprécié leur franchise. Peut-être était-il temps de faire demi-tour. « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Philippiens 4:13), telle a été la nouvelle pensée qui m'a accompagné. C'est l'une de mes citations préférées dans les épitres de Saint Paul. Je me suis appuyé sur cette idée bien des fois dans ma vie. Pour Paul et les premiers chrétiens, le Christ « qui fortifie » n'était pas une abstraction mais une présence pénétrante et permanente dans leur vie. Pour les scientistes chrétiens, le Christ est également une présence bien réelle. C'est la voix de la Vérité universelle parlant à chacun de nous individuellement à l'heure du besoin. En l'occurrence, j'ai entendu ceci: « Je suis avec toi dans cette ascension. Je t'enlève le poids de ta fatigue. Je t'élève. »
Comme les plantes sont naturellement attirées vers la lumière, nous sommes nous-mêmes attirés vers notre Créateur, qui est l'Amour et l'Esprit.
Chercher les cairns
Les cairns sont des monceaux de pierre soigneusement entassés qui jalonnent les sentiers de montagne. Ces points de repère sont essentiels en altitude. Alors que nous nous rapprochions du sommet, nous avions besoin de faire une halte plus souvent, et les cairns nous en fournissaient l'occasion. Si nous n'y prêtions pas attention, nous leur passions à côté sans les voir. Les empilements de pierres ne sont pas toujours bien visibles, mais ils sont néanmoins dans le paysage. Ces témoins fiables nous confirmaient que de nombreux randonneurs avaient suivi ce sentier avant nous et avaient marqué le chemin le plus sur jusqu'au sommet Les cairns indiquaient aussi que ce sentier avait résisté au temps et aux intempéries.
Lorsque nous prions, nous pouvons être reconnaissants de marcher sur les traces des pionniers spirituels qui nous ont précédés. Les leçons qu'ils ont apprises sont nos compagnons de route. La Bible est un journal tenu par des grimpeurs fidèles. L'histoire chrétienne est celle de croyants qui luttèrent contre vents et marées. Leur amour et leur courage nous stimulent et nous fortifient. Jésus nous a enseigné à prier pour le « pain quotidien ». Cette nourriture prend de nombreuses formes, tout comme ces cairns. C'est par exemple la générosité d'un inconnu, ou la mélodie d'un cantique qui nous vient à l'esprit au moment le plus opportun. Dieu jalonne notre ascension de cairns spirituels. Appliquons-nous à les voir et suivons-les.
Ne jamais renoncer
Je ne saurais dire combien de fois nous avons voulu faire demi-tour. Et pas seulement à cause des rochers: il fallait aussi compter avec les moustiques, les problèmes avec nos chaussures, le soleil brûlant. Mais la plus grande difficulté, c'était ce que paraissait dire notre corps: muscles fatigués, mal aux pieds, respiration difficile, etc. Plus nous grimpions, plus le corps se faisait entendre. Du moins, c'est ce qu'il semblait. Face aux 800 mètres qui nous restaient à parcourir, nous nous sommes à nouveau demandé s'il était sage de continuer. La fin du parcours était une montée escarpée à travers un champ de pierres sans fin.
« C'est un défi mental, a déclaré ma femme, pas du tout physique! » Ses paroles sonnaient vraies. Le corps n'était pas le problème. En fait, ce n'était pas le corps qui parlait. Sur ce point même, Mary Baker Eddy combat les apparences: « Les muscles parlentils, ou est-ce vous qui parlez pour eux ? demande-t-elle. La matière n'est pas intelligente. C'est l'entendement mortel qui tient ce faux langage, et ce qui affirme la lassitude a créé cette lassitude. » (Science et Santé, p. 217-218)
Quand on prie au sujet d'un problème physique, la voix de l'entendement mortel tente bien souvent d'augmenter en volume. « Tu n'y arriveras pas ! crie-t-il. Il est absurde de s'en remettre à la prière pour un problème si important. Renonce ! » C'est à ce moment précis que l'humble prière permet de rester dans la course. Si on l'écoute attentivement, on entend alors une autre voix: « Dieu ne t'a pas conduit si loin pour t'abandonner. » « Suivez-moi », dit Christ Jésus à ses disciples. Certes, le chemin emprunté par notre Maître n'était pas facile. Mais c'est la voie la plus sûre vers le sommet, la seule qui mène hors du rêve mortel. La voix du Christ, la Vérité, dissipe nos craintes et nos doutes, et restaure notre confiance naturelle dans l'Esprit.
Tandis que nous poursuivions notre route vers le sommet, l'ascension est devenue plus facile. La vue s'est étendue, l'air s'est rafraîchit et nous a revigorés. Nous grimpions avec inspiration, conviction et gratitude. Enfin, nous avons atteint le sommet et découvert un panorama à 360°. La vue était grandiose. Mais n'est-ce pas ce qui se produit au sommet de nos prières ? On voit ce que les cinq sens avaient masqué: la présence de l'amour et de la bonté divines qui embrassent tout; la substance panoramique de la réalité spirituelle. Ici même. Quelle que soit l'importance des problèmes auxquels on fait face, cela n'est rien comparé à la splendeur de la création de Dieu. Le point de vue spirituel vaut chaque pas que l'on fait pour l'atteindre. Et chaque pas est soutenu par l'Amour divin.
Soyez comme les enfants
Pour tout vous dire, nous avons croisé de très jeunes enfants durant notre randonnée. Ils ont fait le chemin par eux-mêmes, l'aller et le retour. Un petit garçon avait à peine cinq ans. Nous l'avons joyeusement encouragé tandis qu'il marchait à côté de son père. Quel exemple ! J'ai pensé plus tard qu'on avait probablement dû l'aider à grimper sur les plus gros rochers. Nul doute que son père lui a fermement tenu la main et l'a encouragé durant les parties les plus escarpées de la montée. Or, notre Père agit de même envers nous ! Si ma femme et moi avons atteint le sommet, ce n'est certainement pas grâce à notre force personnelle. Nous nous sommes tournés vers notre Père-Mère Dieu tout au long de la randonnée, et nous avons été élevés spirituellement. La prière n'a rien de compliqué. Prier est aussi simple que de mettre sa main dans celle de Dieu. Il faut avoir confiance, suivre, aller de l'avant avec joie.
Garder cette élévation partout où vous êtes
Nous nous sommes assis au sommet de la montagne, juste assez longtemps pour savourer le sentiment de grâce qui nous avait conduits là et pour nous imprégner de la beauté environnante. Mais il ne fallait pas s'attarder: c'était la fin de l'aprèsmidi, et nous savions que la descente nous demanderait autant d'effort que la montée.
En fait, le retour nous en a demandé encore plus ! La distance a semblé souvent plus longue et la pente plus raide. Il a fallu que nous nous aidions des mains par en droits. J'ai pensé à Jésus qui gravissait la montagne pour prier et qui, ensuite, emportait avec courage et compassion tout ce qu'il avait compris sur le sommet afin de soulager les foules de la dureté de l'existence humaine. Il conservait la vision acquise, et nous pouvons faire de même.
Alors que nous nous sentions épuisés et que le dernier kilomètre en paraissait dix, ma femme a posé cette question: « Quelle leçon spirituelle allons-nous tirer de cette randonnée? » Ma réponse ne s'est pas fait attendre: « Ne quittons pas le sommet de la montagne! » C'était exactement cela. Même lorsqu'il est temps d'interrompre votre communion avec Dieu pour rentrer préparer le repas, retourner au travail, prendre soin du corps, « ne redescendez pas » mentalement. Attachez-vous fermement aux horizons spirituels que vos prières vous ont révélés afin de ne pas les laisser se dissiper. Emportez avec vous le panorama découvert au sommet de la montagne. Et ne croyez jamais (non, jamais!), que la prière fatigue ou demande trop de travail, ou que le voyage va vous affaiblir. Nous sommes destinés à cette ascension vers le ciel. Demeurer dans cet état d'esprit nous fortifie. La prière sur « le sommet de la montagne » fait mieux comprendre que la vision spirituelle de la vie, aperçue au sommet, est celle que notre Créateur a constamment de nous. La prière ne sert pas tant à « atteindre » le sommet qu'à laisser la vision spirituelle de la réalité être le point de départ mental de chacune de nos journées. C'est aussi le moyen de remercier notre Créateur de nous Offrir cette vue superbe et étendue de la bonté qui est l'héritage de Ses enfants.