Longtemps avant l'invention du téléphone mobile, Pam DeBolt, glissa une pièce dans le téléphone public de son lycée, à Stockton, en Californie, U.S.A., et appela sa mère entre deux cours. Toutes les deux étaient très proches, aussi avaient-elles pris l'habitude de se donner des nouvelles deux fois par semaine. Mme Debolt se souvient de la la teneur de leur conversation:
« Que fais-tu, maman? » demandait la jeune fille.
« Je lis la Bible, ma chérie », répondait sa mère.
Quelques jours plus tard la conversation variait légèrement:
« Que fais-tu, maman? »
« Je lis Science et Santé... »
Et ainsi de suite...
« Je pensais: "Oh, maman, sors donc de tes livres!" » avoue Mme DeBolt. Ce n'est que bien après ses années d'adolescence, alors qu'elle exerçait à plein temps le métier de praticienne de la Science Chrétienne, qu'elle a vu les choses autrement: « J'ai vraiment compris que ma mère s'amusait bien plus que nous tous, dit-elle en riant. Elle était vraiment plongée dans la Bible, ce qui me laissait plutôt indifférente à l'époque. Par la suite, cela m'a beaucoup inspirée. » Aujourd'hui, Mme DeBolt est professeur de Science Chrétienne à Santa Rosa, en Californie. Elle continue d'approfondir son étude de la Bible et bénéficie des notes inspirées écrites par sa mère en marge de l'impressionnante collection de bibles dont elle a hérité. « Ce sont des éclairages pour moi, et je n'hésite pas à en faire profiter mes élèves. Il est si important de prendre des notes! Des intuitions, des idées, des guérisons, tout ce que l'on trouve en explorant ce livre stupéfiant. Chacune de ces découvertes est une pépite d'or. Un moment de compréhension soudaine! »
Dans la brève conversation que nous avons eue avant cet entretien, vous avez dit que vous aimeriez beaucoup parler de la Bible.
Que dire ? La Bible m'enthousiasme au plus haut point. Quand on pense à la Bible, j'imagine que le mot « enthousiasmante » n'est peut-être pas celui qui vient tout de suite à l'esprit, mais ces dernières années, j'y ai découvert une dimension nouvelle. C'est quand j'ai décidé de ne plus batailler intellectuellement avec ce livre et j'ai accepté simplement de laisser le texte parler, que j'ai été remplie de sa lumière particulière.
J'ai compris que la Bible n'est pas un roman à énigmes. C'est comme une porte qui s'ouvre de plus en plus tant qu'on ne cesse de vouloir découvrir ce qu'il y a derrière.
Une bonne façon d'entrer dans le vif du sujet est de citer cet extrait d'une lettre de Mary Baker Eddy à William McKenzie en 1900: « Maintenant, je ne lis jamais la Bible sans une inspiration telle que chaque mot contient une signification spirituelle. » L13053, Le fonds Mary Baker Eddy, La Bibliothèque Mary Baker Eddy. Voilà une déclaration remarquable !
Savez-vous ce que j'aime particulièrement dans ses propos ? Ce sur quoi ils se fondent. Mary Baker Eddy reconnaît que la Bible est entièrement spirituelle. Elle le dit carrément: « chaque mot. » À l'évidence, elle a compris que l'inspiration spirituelle n'est pas juste possible, elle est essentielle. La révélation de la Science Chrétienne, c'est que Dieu, l'Esprit, est infini; tout ce qui existe est Esprit. Notre but est donc de comprendre ce sens spirituel de la Bible, de le ressentir, comme Mary Baker Eddy. Il nous faut adopter la même approche dans notre quête et dans notre étude. On sent une telle humilité dans cette lettre: « Maintenant, quand je lis la Bible... » Elle n'a pas toujours eu ce point de vue et elle a la franchise de le reconnaître.
Comment rester avec cette idée de l'Esprit infini, comme vous le soulignez, sans tomber dans une conception dualiste selon laquelle nous sommes des étudiants appliqués dans cette quête et cette étude ?
Le concept de « deux » donne immédiatement le sentiment d'une séparation: un ici et un autre là-bas. La prétendue condition humaine est un état hypnotique qui s'identifie au concept d'un entendement séparé, d'une existence séparée, que l'on appelle « matière ». Ce sentiment de séparation survient quand on croit que Dieu, l'Esprit, a créé la matière.
Mais le sens spirituel de Mary Baker Eddy éclaire le premier chapitre de la Genèse: Dieu, l'Esprit, a tout créé à Son image. La création de l'Esprit est forcément spirituelle. S'il y a une seule cause, il doit y avoir un seul effet. Notre pratique de la Science Chrétienne est toujours très efficace lorsque nous reconnaissons tout de suite que Dieu et Sa création ne font qu'un. « Dieu est à la fois le centre et la circonférence de l'être. » (Science et Santé, p. 204) En d'autres termes, le concept que nous avons de Dieu est correct si le concept que nous avons de l'identité est correct.
Ne pensez-vous pas que la Bible peut avoir un côté intimidant, ce qui explique pourquoi on hésite à l'explorer? On semble plus à l'aise avec les « classiques », les histoires qui nous sont familières, les passages qui nous apportent un réconfort immédiat. Pourtant, dans sa lettre, Mary Baker Eddy souligne l'intérêt qu'il y a à interpréter spirituellement la Bible dans son entier.
C'est vrai, mais nous pouvons cependant compter sur le fait que la vérité se manifeste ici même, au moment où nous en avons besoin et de la façon la plus appropriée. Souvent ce sont les passages familiers qui viennent à l'esprit aux moments de grande détresse. Je me souviens avoir été réveillée au beau milieu de la nuit par une douleur intense. J'ai dû ramper par terre pour attraper uen chaise et m'y assoir dessus. Je me suis tournée vers Dieu, et les paroles d'un psaume me sont venues aussitôt à l'esprit: « L'Éternel est le soutien de ma vie: De qui aurais-je peur ? » (Psaume 27:1) À cet instant, j'ai senti avec force que Dieu était ma vie et mon soutien. Je n'ai jamais oublié la rapidité avec laquelle une déclaration aussi directe de la vérité a répondu à mon besoin.
Mais cela étant, pour répondre à votre question, je pense en effet que l'on a peur d'explorer la Bible pour y chercher les vérités qui sont bel et bien derrière les mots. Il y a beaucoup d'à priori concernant ce livre ! On croit souvent qu'il n'y a qu'une seule façon de comprendre une histoire ou un événement. Si nous avons été habitués à tout intellectualiser, ou si ce qui nous intéresse, c'est seulement d'être celui qui « sait tout », nous sommes intimidés par ce que nous ne comprenons pas. Alors nous renonçons à explorer par nous-mêmes ce que d'autres « saurons » inévitablement mieux que nous.
La Bible contient tant de choses que nous ne comprenons pas forcément lors d'une première lecture, ni d'ailleurs lors d'uen dixième, ni même d'une centième lecture; ou bien le message semble contredire à priori le premier chapitre de la Genèse qui révèle que Dieu, l'Entendement, est entièrement bon.
C'est pourquoi le désir de faire nôtre le sens spirituel nous guide dans notre étude. Savez-vous ce qui me touch beaucoup ? C'est l'événement décisif qu'a vécu Mary Baker Eddy, lorsqu'elle a glissé sur un trottoir gelé. Selon un médecin, cette chute pouvait lui être fatale. Deux jours plus tard, elle a demandé à son pasteur de revenir la voir après l'office religieux, mais à l'évidence celui-ci ne s'attendait pas à ce qu'elle soit encore en vie. Comme il ne lui restait plus rien vers quoi se tourner, qu'a-t-elle fait ? Elle a renoncé à toutes ses certitudes, à toutes ses opinions, à tous ses points de vue. Elle a demandé qu'on lui apporte sa Bible. Cet acte si simple me touche profondément, parce que je me dis: « En pareilles circonstances, aurais-je fait la même chose ? Aurais-je demandé qu'on me donne ma Bible ? »
Pensons donc à cette illumination spirituelle que lui a apportée sa bonne volonté, son empressement.
Si je vous comprends bien, il est indispensable de renoncer à ses certitudes, quand on cherche à interpréter la Bible spirituellement. Et on y renonce pour son plus grand bien, car on est guidé vers quelque chose de beaucoup plus vaste.
Oui, c'est essentiel dans la plupart des domaines, chaque fois qu'on recherche des points de vue nouveaux. Faute de renoncer à sa propre opinion, on ne voit rien d'autre. Lorsque Mary Baker Eddy a fait une chute sur un trottoir gelé et qu'on lui a dit qu'elle risquait d'en mourir, elle n'a plus rien eu à quoi se raccrocher. Mais parce qu'elle a adopté l'état d'esprit de quelqu'un qui cherche à comprendre, elle a dépassé tous ses anciens points de vue, y compris les croyances du médecin et de ses amis inquiets.
En étant prêt dès maintenant à rechercher le sens spirituel de la Bible, on évitera d'attendre de se retrouver en fâcheuse posture pour le faire ?
Absolument.
Mais comment y parvenir ?
Pour ma part, j'utilise différentes traductions de la Bible qui sont un vrai festin pour la compréhension. Ce sont des cadeaux précieux. Bien sûr, la moindre des choses, c'est de faire preuve de discernement. Mais si nous ouvrons notre cœur à l'inspiration, elle vient à nous. On peut décider de lire la Bible régulièrement d'un bout à l'autre, ou choisir d'approfondir un point particulier. Il n'y a pas une seule façon de procéder. Ce qui compte, c'est d'établir un lien permanent avec cette œuvre magistrale et de nous efforcer de suivre les directives de Jésus et de Mary Baker Eddy, de façon à ce que cette compréhension spirituelle des Écritures, une fois acquise, transforme notre vie individuelle, et que nous ayons la profondeur de vue indispensable pour prier non pas seulement pour nous-mêmes, mais pour le monde.
Voilà qui sonne parfaitement juste. Cela paraît contre-productif de prendre la Bible pour un recueil d'histoires et de scénarios, vraisemblables ou non. Les spécialistes de la Bible modifient tous les jours leur point de vue à ce sujet. Mais il nous faut cependant confronter chaque concept présenté dans la Bible avec nos pensées actuelles, n'est-ce pas ?
C'est là le point le plus important. La façon dont la Science Chrétienne cadre avec notre étude de la Bible est fondamentale. Le tout est d'acquérir un point de vue qui permette de reconnaître à chaque page que le mal n'a aucun pouvoir — et c'est exactement ce que fait Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures. Afin d'y parvenir, il nous faut affronter une grand part de ce que la Bible présente comme le mal; c'est ce qui nous permet ensuite d'affronter une grande part de ce que le monde actuel présente comme le mal.
Il s'agit donc bien d'amour, n'est-ce pas ? On ne peut pas aimer le prétendu « mal », mais on peut aimer le contraire de ce qu'il prétend dire. Si Dieu, l'Entendement, est « Tout-en-tout » (voir Science et Santé, p. 72), il n'y a donc rien en dehors du bien. Aussi, quel que soit l' « obstacle » auquel fait face tel ou tel autre personnage de la Bible, ou auquel on fait soi-même face dans son quotidien, c'est l'occasion de reconnaître l'envers du mensonge...
Exactement ! Et cela s'appelle la guérison. C'est là toute la pertinence de la Bible en 2012.
Qu'appelez-vous « guérison » ?
Il semble que nous avons tous « quelque chose » à guérir, à changer. Pour moi, la guérison est synonyme d'intégrité, de sainteté. Quand nous nous attachons à la sainteté, notre conception de la réalité est transformée, et nous comprenons mieux notre véritable identité. En fait, il n'y a rien à changer si ce n'est notre compréhension, notre point de vue: qui sommes-nous ? que sommes-nous ? Il est important de considérer la Bible du point de vue dont nous percevons Dieu et notre identité. Pour moi, la Bible c'est une invitation à cheminer avec Dieu.
Et ce cheminement avec Dieu, cette interprétation spirituelle, découle de la découverte de la Science Chrétienne, de la compréhension qu'a eue Mary Baker Eddy du pouvoir et de la présence absolus de Dieu, le bien, à l'exemple même de Jésus.
Est-ce en se familiarisant de plus en plus avec la Bible, en étant moins intimidés par ce livre, en s'y investissant pour ainsi dire de façon nouvelle, que nous comprenons réellement à quel point elle nous parle aujourd'hui ?
Absolument. Quand j'ouvre la Bible le matin, je ne le fais pas comme un rituel du genre: « Voilà ce que je répète chaque matin. » Je m'installe tranquillement et recherche la paix intérieure. Je me sens alors réceptive. Je rencontre de nouveaux amis dans la Bible, j'apprends à mieux connaître leur parcours individuel, leurs luttes et leurs buts. Prenez par exemple l'histoire de Schadrac, Méschac et Abed-Nego dans la fournaise ardente (voir Daniel, chapitre 3). C'est une histoire merveilleuse de protection, d'intégrité et de grand amour ! Quelle leçon extraordinaire pour nous aujourd'hui !
Arrêtons-nous un instant sur le mot « feu ». Dans le glossaire de Science et Santé, la crainte est en partie définie par le mot « chaleur » (p. 586). Quelle que soit la difficulté de l'épreuve, les trois Hébreux n'allaient pas se laisser intimider et renoncer à ce qu'ils savaient être juste; ils n'allaient pas se mettre à adorer autre chose que le Dieu dont ils savainet avec certitude qu'Il était la bonté absolue.
On n'aime jamais être « dans le feu », n'est-ce pas ? Quand on vit un moment « chaud », un moment difficile, on voudrait toujours le repousser à plus tard. Or quel est le message guérisseur de cette histoire ? Si je suis dans une fournaise maintenant même, il m'est toujours possible d'apprendre que je dispose de tout ce qui m'est vital, au coeur même de cette épreuve. Je suis un avec Dieu. Il n'y a ni séparation ni solitude qui nous rende vulnérable. Il y a une seule cause, un seul Dieu, et Son expression, l'homme, toujours en sécurité.
Il est donc impossible pour l'Entendement infini de considérer le feu comme une chose terrible...
Ce récit biblique souligne que l'on est en sécurité même dans le feu. En fait, les trois hommes étaient en sécurité avant, pendant et après le feu. Dieu, l'Entendement, ne saurait permettre que Son idée, l'homme, puisse être autrement qu'en sécurité.
Est-ce de cette façon que l'on est guidé, grâce à une interprétation spirituelle, à comprendre ce qui se passe réellement en dépit des apparences d'une « fournaise ardente » ?
Exactement. Nous découvrons la présence du Christ ici même, de ce sens spirituel inné qui est propre à chacun d'entre nous, sens qui élimine la crainte. Il n'y a rien de plus pratique dans la vie quotidienne pour mettre un frein à la crainte et la renverser, quel que soit le « feu » apparemment hors de contrôle dans lequel nous pensons être, qu'il s'agisse de santé, de relations humaines, d'une actualité brûlante qui fait les gros titres des médias — tout ce qui nous assaille directement. Le mensonge dévoilé nous ramène toujours à la Vérité, parce qu'il n'y a rien d'autre que la Vérité.
Cela rend humble de comprendre que Mary Baker Eddy a ouvert la voie pour que chacun puisse accéder à Dieu à tout moment de sa quête. Inspirée par un grand amour et une compréhension spirituelle de la Bible, elle nous explique que Dieu est la seule Cause et le seul Créateur, et qu'Il est bon. Je vis avec cette vérité à l'esprit !
Pourriez-vous citer deux versions de la Bible que vous utilisez actuellement ?
J'ai de nombreuses bibles, mais il y a quelques années, une amie m'a envoyé la New King James Version. Elle est pleine d'idées inspirées. Le simple fait de lire certains récits familiers sous une lumière nouvelle apporte cette perspective différente qui m'enchante. Par exemple, lorsque Jésus répond à l'une des tentations dans le désert, la New King James Version écrit: « Jésus lui dit: Il est aussi écrit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. » (Matthieu 4:7) Et une note en bas de page précise: « On doit avoir confiance dans la protection providentielle du Père, et non L'éprouver à cette fin. »Holy Bible: New King James Version, Personal Study Edition (Thomas Nelson Publishers, 1990). J'aime beaucoup cette idée; elle s'accorde tellement bien avec la Science Chrétienne qui explique combien il est important de faire confiance aux lois de Dieu, d'avoir confiance en Dieu, au lieu de Le mettre à l'épreuve. Ces éclairages stimulent la pensée.
On dispose aujourd'hui de tant de ressources pour comprendre la Bible ! Il faut seulement être prêt à faire ces découvertes. Des amis spécialistes de la Bible m'ont ouvert de nouveaux horizons. Mais je consulte également des ressources bibliques en ligne. Et croyez-le ou non, j'apprécie aussi certaines découvertes que j'ai faites dans La Bible pour les Nuls.
Vous êtes sérieuse ?
Tout à fait ! Elle est sur mon étagère, en compagnie des ouvrages savants. Des amis me disent: « Comment peux-tu lire un livre qui contient le mot "nuls" ? » Je dois reconnaître que j'avais moi-même des réticences au début. Et puis je me suis dit que je pouvais être moins rigide quand il s'agit de la Bible et, pourquoi pas? m'amuser un peu. Pouvais-je me défaire de mes à priori? Eh bien, je pense que ce livre a son utilité. Premièrement, c'est une façon d'entamer une conversation avec d'autres sur le sujet. Cela vaut bien un sourire ou deux. Les auteurs sont des spécialistes de la Bible qui ont trouvé le moyen de proposer des informations, des tableaux chronologiques et des explications sur le contenu des textes, avec une dose d'humour.
Quel que soit l'ouvrage biblique de référence, il est important de tout repenser à la lumière de notre propre compréhension individuelle de la Science. Le but est de renforcer et de nourrir notre quête et nos découvertes, ce qui, pour moi, doit aussi se faire dans la joie.
La Bible était si vivante pour Mary Baker Eddy ! Il me semble que nous devons procéder comme elle, en prenant le pouvoir et la présence du Principe comme point de départ et non comme objectif. Il faut partir de là et y rester. Notre approche se fait ainsi à partir de Dieu au lieu d'être une lutte pour arriver jusqu'à Lui, voire pour « acquérir » la compréhension.
Je me suis souvent demandé: « Pourquoi le "Principe" ne fait-il pas partie des sujets des Leçons bibliques hebdomadaires de la Science Chrétienne ? » Et puis j'ai fini par comprendre que le Principe est la nature essentielle des six autres synonymes que la Science Chrétienne donne au sujet de Dieu: Amour, Entendement, Âme, Esprit, Vérité, Vie. Le Principe est donc naturellement inclus dans chaque Leçon, puisqu'il est à la base de l'Entendement, de l'Âme, de la Vérité, de la Vie, de l'Amour et de l'Esprit.
Cela me fait penser à cet énoncé de Mary Baker Eddy: « Le christianisme et la Science ne dépendant d'aucun écrit et étant édifiés sur le divin Principe de l'être, doivent être, sont irréfutables et éternels. » (La Première Église du Christ, Scientiste et Miscellanées, p. 179) En d'autres termes, tout ce que nous comprenons concernant la vérité de l'être à travers chaque mot de la Bible n'est « dépendant d'aucun écrit », donc tout ce qui nous est révélé a toujours été vrai et l'est pour l'éternité.
J'aime beaucoup ce que vous dites, car nous pouvons en effet nous débarrasser de toute limite. Nous demeurons réellement dans l'éternel maintenant. Il n'y a rien d'autre. N'est-ce pas ce que dit « l'exposé scientifique de l'être » ? « ... Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie... » (Science et Santé, p. 468), existant sans temps ni espace, et certainement sans les limites de la matière.
Ainsi Dieu, le Principe divin et Son expression, préexistent à ce qu'on appelle « les Écritures ». L'existence ne dépend pas de la Bible mais, fort heureusement, elle est révélée dans la Bible et expliquée dans Science et Santé. Or vous savez ce qui est merveilleux ? Science et Santé nous conduit à la Bible et la Bible nous ramène à Science et Santé.
Quand Mary Baker Eddy déclare que « les récits du Nouveau Testament sont plus clairs et touchent davantage le cœur » (ibid., p. 501), ne comprend-on pas implicitement que l'Ancien Testament fait la part belle aux personnages d'action ? Y compris Moïse, pourtant l'une des grandes figures incontestées de la Bible, qui a énoncé les Dix Commandements et guidé son peuple pendant quarante ans à travers le désert. Nul ne nierait sa dévotion envers Dieu mais, en fin de compte, ne croyait-il pas toujours devoir mériter sa place auprès de Dieu ?
La vie de Moïse conforte à nos yeux la nature morale de l'homme; c'est même une partie de la définition spirituelle du nom de « Moïse » dans Science et Santé: « courage moral » (p. 592). Mais Jésus va au-delà de la dimension morale et personnelle. Il nous fait voir avec une grande clarté ce qu'est l'homme et ce qu'il a toujours été.
Rien ne nous obligera jamais de penser: « Je suis quelqu'un qui s'efforce d'apprendre à faire ceci, cela, ou d'être guéri de tel ou tel mal. » Nous sommes souvent à ce point prisonniers de ce que nous croyons devoir « faire » que nous en oublions que la sécurité réside dans l'« être » — être ce que Dieu connaît.
Le concept pur de Dieu, l'Amour, entretenu par Jésus, et son amour du bien, sa confiance dans le bien, voilà ce qui nous a tous réunis autour d'une compréhension entièrement nouvelle. C'est en cela, me semble-t-il, que le Nouveau Testament « touche davantage le cœur », comme l'écrit Mary Baker Eddy.
Lorsqu'il était au milieu de la foule, Jésus ne quittait jamais son foyer pour autant, le foyer étant la conscience spirituelle. Tout le monde souligne qu'il parlait avec « autorité » (voir Matthieu 7:29), mais cela va bien plus loin. En relisant à la suite plusieurs épisodes de la vie de Jésus, j'ai été frappée par son calme. Qu'est-ce qui lui donnait cette autorité ? Dieu ! Mais c'est sa conviction absolue que Dieu est Tout-en-tout qui lui apportait ce calme.
Afin de ne jamais quitter cet état de pensée, Jésus recherchait souvent un refuge paisible dans le désert, sur une montagne ou dans une barque de pêche. Il prenait soin de lui afin de pouvoir prendre soin des autres. Qu'approfondissait-il ? Sa compréhension de sa source divine, de son identité spirituelle, de l'unité qu'il formait avec Dieu.
Il y avait toujours des gens prêts à contester tout ce qu'il faisait. Les foules le suivaient; les rabbins le défiaient. Lui, il demeurait dans cet état d'esprit marqué par l'assurance et la confiance qui sont propres à la nature entièrement spirituelle de l'homme. De ce point de vue élevé, il nous enseigne une grande leçon: nous pouvons aussi demeurer à cette altitude mentale, et faire néanmoins preuve de compassion, d'humilité, d'amour et de compréhension. C'est cela le calme spirituel et c'est aussi ce qui produit la guérison.
Jésus nous a montré comment utiliser ce qu'il nous a donné. C'est ainsi que nous sommes ses disciples.
En introduction au glossaire de Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « Il contient l'interprétation métaphysique de termes de la Bible en en donnant le sens spirituel, qui en est aussi la signification originelle. » (p. 579) Notre conversation me fait penser qu'ici, « originelle » ne signifie pas « littérale », puisque les auteurs de la Bible n'étaient certainement pas tous d'une grande spiritualité, surtout dans l'Ancien Testament. Il est vraisemblable que Mary Baker Eddy fait allusion à l'état de pensée suprême, à l'Entendement originel, le pur Entendement.
Elle continue de nous guider, n'est-ce pas ? Ce qui me ramène à la raison pour laquelle la Bible m'enthousiasme tant. Au cours de cette exploration, j'approfondis tellement plus la signification « originelle » des choses. Cela me conduit à la conscience d'un Entendement unique, l'unique Entendement qui ne connaît et n'exprime que sa seule perfection. Pour moi, cela représente une compréhension de Dieu qui ne cesse de progresser. Mary Baker Eddy n'a jamais mis un frein à sa quête de Dieu.
Je suppose que ce désir d'interpréter « chaque mot » de la Bible, cette exploration sans crainte dont vous parlez, apporte un souffle puissant à l'étude delà Leçon biblique hebdomadaire.
Votre remarque vient à point nommé. Il y a peu, plusieurs personnes m'ont fait des remarques sur la Leçon. Il y a ceux qui disent: « C'est seulement pour les débutants, n'est-ce pas ? » ou ceux qui pensent: « Je n'en retire pas grand-chose. » Je me demande parfois si nous apprécions vraiment l'influence que la Leçon biblique exerce sur le monde. Il est alors grand temps pour moi de me demander: « Comment puis-je approfondir ma propre étude et mon appréciation de la Leçon biblique dont “dépend dans une grande mesure la prospérité de la Science Chrétienne” ? » (voir Manuel de l'Église, p. 31)
C'est pourquoi je trouve nécessaire que l'on reconnaisse la valeur de la Leçon biblique en approfondissant ce que l'on y apporte. Cela ne se fait pas en une vingtaine de minutes chaque matin. Il s'agit de la quête et de la découverte de la Vie dont nous avons parlé. On ne peut laisser le monde avec ses peurs, ses exigences et sa fascination pour les choses matérielles balayer notre désir d'explorer les profondeurs spirituelles. Non, on ne peut se le permettre.
La Leçon biblique n'est vivante que si elle est vivante pour nous et en nous, que si elle est vécue avec amour au quotidien.
Avant de conclure, j'aimerais vous faire part d'un passage du rapport de l'Assemblée annuelle de 1906 sur lequel je suis tombée récemment: « Mrs. Eddy a insisté pour que...ses élèves fassent chaque jour, dans un esprit de prière, une étude de la Bible, et qu'ils acquièrent la compréhension spirituelle des promesses qu'elle contient. » Et la phrase qui suit me touche particulièrement: « Sur cette base, elle a fondé la future croissance de son église... » (Miscellanées, p. 48) N'est-ce pas là un formidable appel à se réveiller, aujourd'hui même ?
Et comment ! Cela s'accorde merveilleusement bien avec un passage d'une lettre de notre Leader sur laquelle est tombée l'une de mes collègues en faisant des recherches à La Bibliothèque Mary Baker Eddy. Je ne cesse de le méditer: « Tous les efforts de ceux qui agissent uniquement pour eux-mêmes ne mèneront à RIEN. Seul un petit nombre poursuivra l'histoire de la Science Chrétienne. Soyez l'un d'entre eux. » L10513, Mary Baker Eddy, 1887, La Bibliothèque Mary Baker Eddy.
Vous rendez-vous compte ? Nous sommes tous incités à être « l'un d'entre eux ». La question de la croissance de notre Église ne se pose donc plus: elle est réglée.
