Lorsqu'on relit d'anciens témoignages de guérison par la prière en Science Chrétienne, il est fascinant de constater que ces guérisons se sont souvent produites alors que le patient communiquait très peu avec le praticien de la Science Chrétienne qui l'aidait. Un télégramme ou une brève missive portée par un messager à cheval était souvent l'unique contact.
Je citerai, par exemple, le témoignage de cette Anglaise qui, dans un ancien numéro du Christian Science Journal, écrivait ceci: « Il y a de nombreuses années, j'étais atteinte d'une dysenterie au dernier stade alors que je me trouvais dans l'une des lointaines jungles de l'Assam... » Cette femme explique que lorsque les propriétaires d'une plantation de thé que traversait son groupe virent qu'elle était agonisante, ils l'installèrent dans une chambre, où elle demeura inconsciente. Elle poursuit: « Finalement, alors que j'entrais rapidement dans la vallée de l'ombre de la mort, mon mari... chercha dans un Christian Science Journal le nom et l'adresse d'un praticien en Inde. Un coursier fut dépêché à la station ferroviaire la plus proche... porteur d'un télégramme demandant une aide urgente. Le praticien le reçut le lendemain...
« Un peu plus tard dans l'après-midi, j'ai soudain repris conscience et je me suis sentie tout à fait bien, pleine de force, délivrée et joyeuse. »The Christian Science Journal, janvier 1951, p. 51.
Ceux qui doutent du pouvoir de la prière pourraient être tentés d'attribuer cette amélioration soudaine au hasard ou à quelque coïncidence. Mais cette explication semble peu convaincante à la lumière des témoignages bien réels rapportés par des milliers de personnes qui, depuis près de cent cinquante ans, ont obtenu des guérisons par la prière. C'est d'autant plus intéressant que, de nombreuses fois, ces guérisons coïncident étroitement avec le moment où la prière a commencé.
De nombreux chrétiens ont pris pleinement conscience du caractère puissant et pratique de la prière, de Martin Luther à Martin Luther King, Billy Graham et autres ministres du culte ou prêcheurs moins connus. Un jour, j'ai rendu visite à un pasteur dans une église presbytérienne située sur Fifth Avenue, à New York. Au cours de la conversation, nous en sommes venus à parler de la guérison. Il m'a notamment cité le cas d'un homme pour lequel il avait prié et qui avait été guéri de la cécité. Pour ma part, je lui ai parlé de mon plus jeune fils, qui est né à la maison. Le médecin, qui était le chef du service obstétrique d'un hôpital, avait affirmé qu'il était trop tard pour se rendre à l'hôpital et que l'accouchement à notre domicile était impossible. Nous avons alors prié, et nos prières, jointes à celles d'un praticien, ont permis un accouchement rapide et presque sans douleur.
Dans le christianisme primitif enseigné par Christ Jésus, l'effet guérisseur de la prière n'était pas dû à un pouvoir mystérieux et exceptionnel. Jésus ne dit pas aux trois cents disciples qu'il envoya accomplir des guérisons: « Essayez la prière, parfois cela marche. » À l'évidence, il avait une conception radicalement différente de la prière. Cette conception est au cœur de la Science Chrétienne, qui enseigne que la réalité sous-jacente de l'être est spirituelle, non pas matérielle, ce qui peut se comprendre et se vérifier par la raison et la démonstration.
Pour Jésus, la prière était une communion constante avec Dieu qui mettait à jour cette réalité étonnamment différente. La priére avait pour effet de modifier invariablement les impressions courantes de la vie. Ces impressions s'avéraient être mentales et non liées à la matière, qu'il s'agisse d'une main desséchée, de la cécité, de la lèpre ou de tout autre problème physique. Dans son Sermon sur la montagne, Jésus apprit à ses disciples à prier avec la Prière du Seigneur. À force d'en connaître la lettre, les générations suivantes perdirent de vue le sens de ses paroles, mais lorsqu'on revient à la source des mots, il est évident que c'est là un enseignement stupéfiant, capable de changer le monde. Il n'y a pas deux lieux, disait Jésus, le royaume des cieux d'une part et, d'autre part, un endroit très matériel où l'on vit et où les choses se passent parfois bien et parfois mal (et ne finissent pas toujours pour le mieux). Dans cet endroit matériel, la suprématie de Dieu serait à tout instant battue en brèche par des réalités, des limites et des lois matérielles puissantes ainsi que par la condition mortelle universelle. Mais selon Jésus, il n'y a pas deux réalités opposées, il n'y a qu'une seule réalité, la réalité de Dieu, comme il l'exprime dans sa prière: « Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel... Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. » (Matthieu 6:10, 13) Ce royaume est venu, il est ici. Il n'appartient à nul autre qu'à Dieu, il ne dépend que de Ses lois, de Son dessein, comme il est énoncé dans l'interprétation spirituelle de Mary Baker Eddy, qui éclaire la conclusion de la Prière du Seigneur: « Car Dieu est infini, tout pouvoir, toute Vie, toute Vérité, tout Amour, au-dessus de tout, et Tout. (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 17)
La prière qui découle de cette remarquable compréhension est d'une puissance extraordinaire parce que Dieu y est tellement plus présent que nos peurs et nos faux espoirs. Mary Baker Eddy a constaté que cette prière guérissait souvent instantanément de graves maladies et de maux considérés comme incurables. Je connais, par exemple, un cas où la prière a été à la base de la guérison d'un cancer diagnostiqué dans sa phase terminale.
En toute logique, la prière ne consiste pas à implorer Dieu d'améliorer quelque chose ni de changer ce qu'Il aurait négligé de faire ou qu'Il aurait mal maîtrisé au cours de Sa création. Mais la prière peut nous éveiller au fait que la perfection divine existe déjà. C'est ce que Jésus appelle le « royaume des cieux » déjà présent. Il déclara: « On ne dira point: Il est ici, ou: il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Luc 17:21) C'est cette pleine réalité du bien qui est à la base du pouvoir de la prière. La prière ne peut créer ce qui existe déjà. Elle élimine les pensées, les attitudes et les craintes qui voudraient nous faire croire que nous sommes séparés du bien.
Pour revenir au cas de cette femme dans une jungle de l'Assam, en réalité elle n'avait pas perdu la santé et n'était pas en dehors de l'harmonie à cause de son éloignement, d'une grave maladie ou de circonstances défavorables. Elle faisait partie de l'Amour divin infini qui l'entourait du bien infini. L'action de la prière, qui n'est limitée par aucune distance ni aucune circonstance, lui permit de sentir librement la présence naturelle du bien.
Dans une lettre datée du 9 juin 1891, destinée à son élève Frank W. Gale, Mary Baker Eddy explique: « La guérison deviendra plus facile et plus immédiate lorsque vous comprendrez à fond que Dieu, le bien, est tout et que le bien est l'Amour. Vous devez acquérir l'Amour et perdre le concept erroné qu'on appelle l'amour. Vous devez ressentir l'Amour qui ne faillit jamais: cette conviction parfaite du pouvoir divin qui fait de la guérison une grâce et non plus un pouvoir. Vous aurez alors l'Amour qui bannit la crainte et, lorsque la crainte a disparu, le doute n'est plus et votre travail est achevé. Pourquoi? parce qu'il n'a jamais été inachevé. »Nous avons connu Mary Baker Eddy (The Christian Science Publishing Society, 1991), p. 72
Le point le plus important à savoir concernant la prière, c'est que nous ne sommes pas plus le moteur de son action que nous ne sommes la cause du lever ou du coucher du soleil Mais grâce à la prière chrétiennement scientifique, nous prenons en partie conscience du bien substantiel immense qui est déjà présent parce que Dieu Lui-même est le bien illimité. C'est ce que le Nouveau Testament appelle la grâce de Dieu. Dans la mesure où, en toute humilité devant Dieu, nous sommes prêts à nous détourner de ce que nous pensons voir et ressentir (mais qui est lié à l'impression que nous avons de vivre dans la matière), nous commençons à découvrir l'univers vaste, précis et pleinement réel de l'Esprit, univers qui s'étend devant nous avec des règles, des lois et un sens nouveaux.
Cependant, la prière seule ne suffit pas à mieux connaître l'univers véritable. En progressant, nous voyons la nécessité d'une plus grande obéissance à Dieu, d'une étude et d'un travail plus désintéressés, plus spirituels. En d'autres termes, notre vie doit être en accord avec nos prières. Cela n'est pas surprenant lorsque nous comprenons que le but essentiel de la prière est de nous ouvrir les yeux au fait que Dieu est notre Vie même. C'est pourquoi, en fin de compte, nous ne luttons pas seulement pour obtenir une guérison mais pour être délivrés du péché et de l'erreur fondamentale de croire que la vie n'est que matérialité, qu'elle se définit uniquement ainsi, qu'elle est limitée et finalement détruite par cette matérialité.
Dans un chapitre intitulé « La prière », dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit que « pour bien prier, il nous faut entrer dans la chambre et en fermer la porte. Nous devons fermer les lèvres et imposer silence aux sens matériels. Dans le tranquille sanctuaire des aspirations ferventes, nous devons nier le péché et affirmer la totalité de Dieu. Nous devons prendre la résolution de porter la croix, et aller de l'avant, le cœur honnête, pour travailler et veiller et afin de trouver la sagesse, la Vérité et l'Amour. Nous devons "prier sans cesse" ». (p. 15) Bien trop souvent, on se prive des avantages de la prière parce que l'on pense d'une façon ou d'une autre ne pas être assez bon pour prier. Nous n'avons pas besoin d'être parfait humainement pour savoir prier ni d'avoir une compréhension intellectuelle brillante de la lettre de la métaphysique. Au contraire, c'est en cessant de mettre en avant le moi humain que l'on commence à comprendre la perfection de Dieu et la vraie nature de chacun, en tant que reflet de la conscience et de l'intelligence prodiguées par l'unique Entendement divin. Jésus guérit des pécheurs notoires et une foule d'inconnus dont rien ne laissait entendre qu'ils aient mené une vie exemplaire auparavant. En se tournant de tout leur cœur vers Dieu, les enfants peuvent également obtenir des guérisons.
Le mot « prière » se fait parfois entendre dans les moments les plus prosaïques de la vie de tous les jours. Aux États-Unis, on utilise spontanément ce mot dans les bulletins d'informations pour exprimer une certaine compassion, comme par exemple: « Nos pensées et nos prières vous accompagnent. » La prière a toute sa place dans la vie religieuse et la foi. Mais lorsque nous cessons d'y voir simplement des clichés, une forme de mysticisme ou une brèche inexplicable dans les lois matérielles, nous nous rendons compte que son immense portée pour l'humanité nous échappe encore largement.
Pratiquée sur une base chrétiennement scientifique, la prière guérit. C'est là un fait qui amène à revoir en profondeur sa conception de la vie et du monde. Peu à peu, la prière élèvera la pensée jusqu'à l'amener à percevoir la prédominance du bien et le fait que le bien est naturel, ce qui caractérise à la perfection un univers appartenant totalement à Dieu.
