J'en étais arrivée au point où je ne voulais même plus aller à l'église. Face au défi d'un immense bâtiment presque vide, nos membres se disputaient de plus en plus fréquemment. Il semblait impossible de nous mettre d'accord sur les moyens d'attirer plus de visiteurs à nos services. Les réunions de comités étaient désagréables, et les frictions commençaient à s'étendre aussi aux services de l'église. Parfois, certains étaient si troublés qu'ils cessaient de venir à l'église pendant des semaines. Et cela contribuait d'autant plus à réduire l'assistance. Le point culminant est venu après une réunion particulièrement houleuse, quand trois membres du conseil de l'église ont démissionné. Maintenant, nous avions encore moins de membres ! Et plutôt que d'être régénérée par l'église, j'en repartais totalement déprimée.
À peu près à cette époque, je me suis déchirée un ligament à la jambe. Mon genou s'est tant enflé et irrité que j'étais incapable de bouger. Je me suis retrouvée totalement handicapée, incapable de sortir du lit. Je me suis tournée vers la prière comme je le fais habituellement quand quelque chose dans ma vie a besoin d'être guéri afin de devenir de plus en plus consciente de mon unité avec Dieu, avec la Vérité et l'Amour infinis.
Puis j'ai ouvert Science et Santé et je suis tombée sur la définition spirituelle de l'Église de Mary Baker Eddy: « La structure de la Vérité et de l'Amour; tout ce qui repose sur le Principe divin et en procède.» (p. 583)
Soudain, je me suis rendu compte que, alors que je priais pour beaucoup d'autres choses dans ma vie, j'avais négligé de prier à propos de ce qui me tenait le plus à cœur: mon église.
Je savais que ma prière devait avoir deux facettes. Il ne suffisait pas de reconnaître le pouvoir de Dieu, le fait qu'il a créé et qu'il maintient chaque aspect de Sa création, y compris les membres de mon église. Il fallait aussi que je réfute toute suggestion qu'autre chose que Dieu pouvait être aux commandes, que notre église pouvait être gouvernée par un pouvoir autre que Dieu.
Mary Baker Eddy a décrit ces suggestions comme le produit du magnétisme animal: la croyance que le mal est réel et a du pouvoir. Je savais par expérience que ces suggestions se présentent en général à nous comme notre propre pensée. Elles parlent notre langue, justifient ce qu'elles prétendent, nous absorbent et nous fascinent si bien que nous sommes totalement pris par le sujet.
Je savais aussi que le remède contre le magétisme animal c'est le Christ, qui est décrit dans Science et Santé comme « la vraie idée énonçant le bien, le message divin de Dieu aux hommes, parlant à la conscience humaine» (p. 332).
Je savais que le message du Christ pouvait mettre à nu la suggestion que nos membres étaient querelleurs, chamailleurs et divisés, et prouver que cette suggestion était un mensonge à remplacer par des faits spirituels. Puisque nous étions les enfants d'un même Dieu, les reflets d'un même Entendement, les expressions d'un même Amour, nous ne pouvions qu'être unis. En combinant la mise en lumière du mensonge et son remplacement par la vérité, la guérison viendrait.
En priant ainsi, je me suis rendu compte que j'avais été totalement hypnotisée par les suggestions qui s'étaient présentées à moi, à propos de mon église et de ses membres. J'avais été dupée: j'avais pensé que l'église était gouvernée par des personnes et leur propre sens des choses, et que nous étions tous des victimes impuissantes, prises au piège d'une situation impossible.
J'avais accepté l'idée que nous étions irrémédiablement divisés, sans voir que c'était exactement le but recherché par le magnétisme animal.
J'ai demandé à Dieu de m'aider à changer de point de vue, de m'aider à voir ce qu'il voyait. J'ai demandé au Christ de me montrer son église. Je voulais percevoir la présence du Christ en chaque membre et aussi en moi.
J'ai commencé par établir une liste de toutes les qualités-Christ que chaque membre de mon église exprimait. Quand des amis membres m'appelaient pour me parler de différents problèmes, je leur demandais de se joindre à moi dans cet exercice.
Chaque fois que j'entendais des critiques ou que je me surprenais moimême à critiquer, je priais avec insistance pour voir les membres comme Dieu les voyait, semblables à Lui. Avec gentillesse, amour, altruisme, je refusais l'idée que quelqu'un pouvait être dur, critique ou obstiné. À chaque fois que je pensais à une personne de mon église, je l'élevais mentalement avec amour vers Dieu, la bénissant et remerciant Dieu pour sa présence.
J'ai aussi noté les qualités que je voulais voir exprimées dans notre église: l'amour inconditionnel, la joie, la gratitude, la bonne humeur. J'ai rejeté l'idée que notre église pouvait être lourde, pesante, critique, rigide ou fermée à toute idée nouvelle. J'ai décidé que j'allais incarner le changement que je voulais voir dans mon église en exprimant ces qualités moi-même, en aimant chaque membre inconditionnellement, en écoutant les autres quand ils m'appelaient (au lieu de parler de mes propres idées), en les aimant au lieu de les critiquer. J'allais abandonner mon sens de ce que je croyais être nécessaire et m'ouvrir à leurs suggestions. J'ai fait une liste de toutes les choses pour lesquelles j'éprouvais de la gratitude dans mon église. J'ai été vraiment très surprise de tout ce qui s'est révélé. Puis, peu à peu, de plus en plus de membres se sont joints à moi pour établir une liste de gratitude et pour voir le Christ en chacun.
Un matin, alors qu'il se passait toutes ces choses, je me suis réveillée pour découvrir que l'enflure de mon genou avait disparu. La guérison était totale.
Encore plus important est ce qui est arrivé dans notre église. Notre tout petit groupe a poussé comme un champignon. Beaucoup de nouveaux venus ont rejoint notre église et il y a eu beaucoup de changements. Récemment, à une réunion de témoignages du mercredi soir, une personne nouvellement venue nous a dit à quel point elle aime le sens de communauté de notre église et combien elle aime assister à nos services.
Nous nous sommes tous regardés avec un sourire entendu.
Et j'ai apprécié, une fois encore, d'avoir appris une leçon: les conflits, la division, l'opposition ne font pas partie de Dieu et de Sa création. La vraie opposition n'est pas quelqu'un qui a un point de vue différent du nôtre. C'est la croyance que des enfants d'un même Dieu puissent être en conflit les uns avec les autres. Et quand les membres de mon église se sont réunis pour combattre cette oppositon, l'unité est apparue.