Dans le premier chapitre de l'évangile selon Jean, il est écrit que la Parole éternelle de Dieu, ou Christ, « a été faite chair, et elle a habité parmi nous » sous la forme d'un être humain appelé Jésus-Christ (verset 14). Les autres évangiles du Nouveau Testament nous apprennent que le royaume (ou régne) de Dieu apparut à de nombreuses personnes que Jésus rencontra durant sa vie et son ministère, les sauvant de l'esclavage du péché et de la maladie, et les ramenant même à la vie.
Après l'ascension de Jésus, les premiers chrétiens continuèrent d'incarner ce pouvoir rédempteur du Christ. Dans sa première épître aux Corinthiens (12:27), l'apôtre Paul appelle l'Église « le corps de Christ ». Des siècles plus tard, la fondatrice de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, définit le Christ comme étant « la manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée » (Science et Santé, p. 583). Les guérisons de maladie et d'autres formes d' « erreur incarnée » accomplies par le pouvoir divin étaient monnaie courante dans l'Église primitive. Mais bien que le nombre de chrétiens ait considérablement augmenté au cours des siècles, les démonstrations quotidiennes du pouvoir guérisseur du Christ disparurent quasiment quelques centaines d'années après Jésus. Tel était le contexte en 1866, lorsque Mary Baker Eddy fut guérie d'une grave blessure grâce au pouvoir de Dieu, et commença elle-même à guérirles autres. Elle enseigna aussi la Science Chrétienne, nom qu'elle donna à sa découverte de la métaphysique et de la théologie qui sont à la base de la guérison chrétienne.
Formation de l'Église du Christ (Scientiste)
Mary Baker Eddy pensa d'abord que sa découverte serait immédiatement acceptée par tout le monde. Mais elle comprit vite, semble-t-il, que ce ne serait pas le cas, et que sa découverte devait exister dans le monde en tant qu'Église. Au début des années 1870, elle déclara à ses élèves qu'elle aurait un jour sa propre Èglise, et elle organisa officiellement la communauté de scientistes chrétiens de Boston en tant qu'Église du Christ (Scientiste) en 1879.
Dès le début, Mary Baker Eddy semble avoir voulu fonder une Èglise sur le modèle de celles du Nouveau Testament, c'est-à-dire avec une communauté de chrétiens qui œuvreraient ensemble de différentes façons pour pratiquer et propager la Science Chrétienne dans le but ultime de sauver le monde d'un sens matériel de l'existence. En fondant cette Église, elle lui donna pour but de « rétablir le christianisme primitif et son élément perdu de guérison » (Manuel de l'Église, p. 17).
Une question se posa alors à Mary Baker Eddy: quelle forme devait avoir cette Église et quelles activités y inclure ? Elle considéra finalement que cette première organisation était « matérielle . Établie dans le Massachusetts par une charte d'État, sa structure s'apparentait essentiellement à celle d'un gouvernement « congrégationaliste » local. La discorde et l'animosité ne tardèrent pas à se développer parmi les membres: ce genre de structure était incapable d'unir les scientistes chrétiens dans un corps universel qui ferait connaître au monde entier le pouvoir guérisseur du Christ.
En 1889, Mary Baker Eddy avait entrevu ce que pouvait être une « Église Mère » vraiment universelle, et elle avait compris qu'il était temps pour l'Èglise existante de se débarrasser de son « organisation matérielle ». Elle écrivit dans un message aux membres que cette organisation n'avait « pas préservé l'unité d'Esprit et le lien de l'Amour parmi les frères », et elle ajouta: « L'Église est le corps du Christ: de même que les mortels se défont de la structure matérielle de leur corps en progressant, ainsi l'Église militante doit-elle s'élever au-dessus du cadre matériel jusqu'à l'Église triomphante. » L09635, Mary Baker Eddy à l'Église du Christ (Scientiste), 2 août 1889, Fonds Mary Baker Eddy, La Bibliothèque Mary Baker Eddy.
Durant les trois années suivantes, Mary Baker Eddy pria pour savoir comment réorganiser son Église sur une base spirituelle. Elle conseilla également aux scientistes chrétiens de Boston de poursuivre la tenue des services, et elle demanda aux scientistes chrétiens dans le monde entier de continuer de former des églises et d'en être des membres actifs.
Se défaire de l' « organisation matérielle » ne signifiait certainement pas supprimer l'Église, ni minimiser son importance. En 1887, Mary Baker Eddy reprocha à un scientiste chrétien de lui avoir écrit qu'il ne pourrait jamais plus faire partie d'une organisation d'église. Elle lui fit cette réponse: « Dix ans d' expérience et de succès qui dépassent de loin les vôtres m'ont appris que seule l'organisation pourra sauver cette cause au service de l'humanité et la protéger des désorganisateurs acharnés. L'Apôtre compare l'Église au corps de Christ... Si donc vous brisiez Son Église, ne briseriez-vous pas Son corps et ne répandriez-vous pas Son sang sang? L07892, Mary Baker Eddy à Joseph Adams, 27 avril 1887, Fonds Mary Baker Eddy.
Formation de L'Église Mère
En septembre 1892, Mary Baker Eddy mit enfin à exécution son projet inspiré: celui d'une Église organisée spirituellement, avec une Église Mère à Boston et des églises filiales dans le monde entier. Elle en donna une définition universelle: « La Première Église du Christ, Scientiste, à Boston, Mass., est destinée à être bâtie sur le Roc, Christ, voire sur la compréhension et la démonstration de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins, qui guérissent et sauvent le monde du péché et de la mort, pour refléter ainsi, dans une certaine mesure, l'Église Universelle et Triomphante. » (Manuel, p. 19) Selon cette forme d'organisation, les églises de la Science Chrétienne dans le monde seraient gouvernées démocratiquement par leurs membres et auraient ainsi la liberté et la flexibilité nécessaires pour adapter leurs activités aux besions particuliers de leurs régions respectives.
L'Église Mère et ses membres seraient gouvernés par les Statuts du Manuel de l'Église, et l'Église serait administrée par un Conseil de directeurs, tout le monde participant à son gouvernement par la prière. Une fois l' « organisation spirituelle » de L'Église Mère mise en place, Mary Baker Eddy y ajouta de multiples activités qui englobent la guérison, l'enseignement, et la prédication spirituelles, tout cela pour le salut de l'humanité toute entière. Concrètement, ces activités comprennent notamment les Leçons bibliques, les services d'église qui guérissent, les magazines, un quotidien d'information, des conférences et les cours de guérison par la Science Chrétienne.
Mary Baker Eddy espérait que les membres de L'Église Mère et de ses filiales seraient toujours plus nombreux et actifs, organisant des activités à même de toucher le cœur et la pensée de tous les peuples et de toutes les cultures du monde. Le Manuel même y incite en fournissant à la fois une structure organisationnelle solide et des dispositions statutaires d'une grande souplesse dans leur application. Par exemple, dans son Appendice, le Manuel définit les éléments de base des services religieux tels que les cantiques, la prière, le solo et la leçon-sermon. De par leur simplicité, ces éléments peuvent pratiquement tous être adaptés de façon compréhensible et significative à des personnes aux intérêts divers et de milieux différents.
Dans ses dernières années, Mary Baker Eddy consacra énormément de temps à établir et perfectionner l'organisation de son Église, dans un esprit de prière. Elle voyait en ces activités une partie essentielle de la révélation de la Science Chrétienne, et plaçait de grands espoirs dans le fait que cette Église continuerait d'être un moyen pour les scientistes chrétiens d'exprimer « le corps de Christ » dans le monde, pour tous les temps à venir. En 1903, elle écrivit au Conseil des directeurs de la Science Chrétienne de L'Église Mère: « N'abandonnez jamais les statuts ni le gouvernement confessionnel de l'Église Mère. Si je ne suis pas personnellement avec vous, la Parole de Dieu, et mes instructions données dans les statuts, vous ont conduits jusqu'à présent et resteront des guides sûrs à vos côtés... » L00325, Mary Baker Eddy au Conseil des directeurs de la Science Chrétienne, 27 février 1903, Fonds Mary Baker Eddy.
Mary Baker Eddy était également convaincue que la participation sans réserve des scientistes chrétiens aux activités de l'Église du Christ, était essentielle. Un éminent scientiste chrétien, le juge Clifford Smith, se souvint d'une conversation qu'il eut avec elle à ce sujet, en 1909, un an avant qu'elle quitte ce monde. Elle lui dit notamment: « Malgré toute son importance, l'organisation est une chose simple. Il s'agit simplement d'agir de concert, de travailler ensemble. » Clifford P. Smith, « Une entrevue avec Mrs. Eddy », Permanence de L'Église Mère et de son Manuel, La Société d'édition de la Science Chrétienne.
À l'évidence, Mary Baker Eddy espérait que les membres de son Église travailleraient toujours ensemble dans l'amour et l'unité, pour accomplir le dessein de cette Église qui est le corps du Christ dans le monde d'aujourd' hui, apportant la guérison et le salut à toute l'humanité.
