On comprend bien mieux les gens quand on étudie leur vie en profondeur. Linda Seger, auteur de Creating Unforgettable Characters [Créer des personnages inoubliables], appelle cela percevoir le « filigrane » d'une vie: « Le filigrane, c'est ce que le personnage est réellement en train de dire derrière les mots et entre les lignes. » Creating Unforgettable Characters (New York: Henry Holt and Company, 1990), p. 148.
L'autre jour, un souvenir d'enfance m'est revenu à la mémoire: j'ai pensé à ma monitrice d'école du dimanche, aux doux airs de grand-mère. Elle s'appelait Rose. Plus tard, j'ai entendu les gens parler d'elle en disant que c'était une femme d'affaires dynamique et très efficace. Et j'ai pu me rendre compte de cela moi-même en la voyant diriger son propre jardin d'enfants. Toutefois, quand je repense à elle, ce sont ces souvenirs des premières années d'école du dimanche que je chéris le plus.
Je me souviens combien elle aimait tous les enfants de la classe. Elle nous faisait rire et réfléchir et parler tous ensemble. Nous avons appris ce que nous désirions apprendre, c'est certain. Peut-être étaitce parce qu'elle nous aimait et qu'elle voulait que nous nous instruisions tout en nous amusant. Des années plus tard, quand j'entendais les gens louer la façon dont elle gérait son affaire ou l'habileté avec laquelle elle menait des transactions, je me suis demandé si les gens qui faisaient ces observations connaissaient l'autre facette de la vie de Rose. Avaient-ils lu entre les lignes de sa vie quotidienne et discerné la grande valeur de quelqu'un qui aimait les enfants et prenait le temps de leur apprendre des choses ?
Les habitués de ce magazine entendent souvent parler de sa fondatrice, Mary Baker Eddy, et seraient probablement capables, sans trop de difficultés, d'énumérer un grand nombre des choses remarquables qu'elle réalisa dans sa vie: la découverte de la Christian Science; la fondation de La Première Église du Christ, Scientiste, avec notamment un merveilleux système d'enseignement, l'école du dimanche; un ouvrage qui fait autorité sur la guérison spirituelle, Science et Santé avec la Clef des Écritures. Elle fonda aussi un journal très respecté, The Christian Science Monitor. Elle prononça des sermons, fut rédactrice en chef et conférencière, elle accomplit de nombreuses guérisons par la prière. La liste n'est pas exhaustive. Cependant, à en juger par ces seules réalisations, on serait en droit de supposer qu'on connaît assez bien la vie de Mary Baker Eddy. Il est clair qu'elle était profondément religieuse. Elle s'intéressait aussi de très près à ce qui se passait dans le monde. Elle travaillait dur. Elle faisait preuve de discipline, de persévérance.
Or, quand on additionne tous les éléments de son existence: les centaines de récits de guérison relatés par ceux qu'elle a aidés, les réminiscences touchantes de ses amis, de ses employés et de ses élèves, les milliers de lettres qu'elle écrivit à ceux qui lui posaient des questions, à des amis, des parents, des personnalités et la presse, on commence à avoir devant les yeux un tableau beaucoup plus complet. On s'approche de ce qu'on pourrait appeler le filigrane de la vie de Mary Baker Eddy, on saisit la dimension profonde de ce qui était dans son cœur. On voit à quel point elle était généreuse, à quel point elle aimait l'humanité, à quel point elle se dévouait pour améliorer l'existence de ses semblables.
Il ne devrait pas être surprenant de constater que le filigrane de sa vie ressemble beaucoup au cœur du christianisme originel vécu, à l'amour pour Dieu et le genre humain qui imprégnait la vie de Jésus, qui enveloppe le monde entier, qui supprime les souffrances, qui guérit les maladies et régénère l'existence. Le christianisme était la force qui animait la vie et l'œuvre de Mary Baker Eddy. C'était ce qu'elle chérissait, ainsi que le montrent sa vie et ses écrits. Ayant découvert la Science du christianisme avec sa méthode unique de guérir la maladie et de soulager la souffrance, elle fit pour le monde ce qu'il y avait de plus important, de plus concret à faire, lui exprimant ainsi son amour généreux. Elle énonça, dans un message adressé à ses élèves, l'esprit du but de sa vie: « ... imprégner l'humanité de la véritable récognition de la Science Chrétienne pratique et efficace. » (Écrits divers, p. 207) L'ampleur de ce qu'elle a accompli montre qu'elle y est parvenue.
On discerne bien davantage la valeur d'une vie lorsqu'on apprend à lire « entre les lignes » comme je l'ai fait pour Rose. Saisir le filigrane, ce qui est au cœur, de l'existence de Mary Baker Eddy, permet d'ajouter de la texture, de la vivacité et des couleurs vibrantes au tableau de sa vie. Cela nous permet d'apprécier encore davantage cette grande amie du genre humain.
