Les applications pratiques de la spiritualité dans le processus de guérison sont devenues un sujet de recherche sérieux. Parmi les cent vingt-cinq écoles de médecine accréditées aux États-Unis, au moins soixante-et-une proposent un cours sur la spiritualité en médecine; et quarante d’entre elles engagent les futurs médecins à noter le passé spirituel de leurs patients dans leurs dossiers médicaux.
En décembre 1999, un symposium sur « La spiritualité et la guérison en médecine » s’est tenu à Boston. Il était organisé par l’École de médecine de Harvard et l’Institut médical esprit/corps de l’hôpital des Diaconnesses Beth Israel, à Boston (Massachusetts), U. S.A.
Nous vous présentons ci-dessous des extraits de la causerie donnée lors de ce symposium par Virginia S. Harris, C.S.B., présidente du Conseil des directeurs de la Christian Science*.
Nous tous qui travaillons avec des patients – et nous le constatons même dans notre propre vie – connaissons trop bien les effets cruels et négatifs de la peur, de l’anxiété, de l’isolement et de la solitude sur la santé et la guérison.
Si on peut faire disparaître la peur pour la remplacer par l’espoir, l’amour, la vie, la compassion, la joie, la paix, on s’aperçoit que les patients sont beaucoup plus réceptifs à la guérison. L’apôtre Jean déclare dans la Bible: « ... la peur a des tourments. » (I Jean 4:18, d’après la version King James) Mais il en prescrit le remède lorsqu’il dit: « ... Dieu est amour; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. [...] La crainte n'est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte... » (I Jean 4:16, 18) Et Science et Santé donne les instructions suivantes à ceux qui œuvrent dans le domaine de la santé: « Commencez toujours votre traitement en calmant la crainte de vos patients. » (p. 411)
Nous pourrions alors nous demander: « Comment empêcher la peur de nous envahir, nous et nos patients ? » La peur est amoindrie ou surmontée quand nous acquérons une plus grande spiritualité, quand nous comprenons que Dieu est Amour, l’origine de la spiritualité, et quand nous découvrons que l’amour de Dieu est immédiat, toujours présent, sans fin. Cette certitude nous garde en sécurité et en bonne santé. Elle élimine, dans la conscience humaine, les pensées de peur ou de désespoir et rend la santé.
Guérison d’une adolescente
Je vais vous en donner un exemple. J’ai fait la connaissance de Linda quand elle avait quatorze ans. D’après le diagnostic des médecins, elle souffrait d'une malformation artério-veineuse. Toute sa vie, elle avait souffert de maux de tête paralysants. Elle manquait très souvent l’école. Elle était extrêmement bien suivie sur le plan médical, mais on ne lui laissait que peu d’espoir. Les médecins disaient qu’elle devrait apprendre à vivre avec les médicaments, les examens médicaux et la douleur pour le reste de son existence, et qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfants.
Un autre docteur a expliqué qu’il était possible de procéder à une opération chirurgicale expérimentale, mais la jeune fille n’avait que 50% de chance d’y survivre. Si elle survivait, il lui faudrait subir une deuxième intervention une semaine plus tard.
Sa famille était désespérée. La mère de Linda travaillait dans l’immeuble où j’avais mon bureau de praticienne. Un jour, elle est entrée et m’a demandé: « Qu’est-ce que les lettres CS veulent dire ? » Je lui ai expliqué que j’étais praticienne de la Christian Science.
Elle se souvenait d’avoir entendu parler de la Christian Science quand elle était à l’université et que cela avait quelque chose à voir avec la guérison. En larmes, elle m’a alors décrit la situation de sa fille et m’a demandé si elle pouvait être guérie. Je lui ai répondu que je serais heureuse de la recevoir avec sa fille.
Le lendemain, elles sont venues me voir dans mon bureau. Et Linda a continué de venir pendant plusieurs semaines. Cette famille n’appartenait à aucune religion. Linda savait très peu de choses sur Dieu et la spiritualité. Nous avons donc commencé par les principes fondamentaux. Nous avons parlé de la Bible, de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Je lui ai parlé de ce qu’est Dieu, de Dieu en tant que Père-Mère et de l’amour que Dieu lui porte. L’idée que Dieu l’aimait la réconfortait beaucoup ! Et puis, ce qui était tout aussi important à ses yeux, elle apprenait qui elle était, c’est-à-dire l’enfant de Dieu. Nous avons parlé de ce que cela signifie pour sa santé de penser à elle-même de façon plus spirituelle. Nous avons aussi réfléchi au lien qui l’unissait à son Créateur, Père-Mère Amour. Ces rendez-vous hebdomadaires comptaient beaucoup pour elle et la réconfortaient. Elle apprenait à prier par elle-même, pour elle-même.
Un jour en arrivant, elle m’a dit: « Je me sens tellement mieux ! Je n’ai plus aussi souvent mal à la tête. Et comme je me sens beaucoup mieux, je n’ai plus besoin de prendre de médicaments. » Ses parents, encouragés par ses progrès, avaient décidé de remettre l'opération à plus tard. Ils m'ont demandé de commencer à la traiter par la Christian Science.
Nous avons prié ensemble, et elle acceptait peu à peu la possibilité d'être en bonne santé. Elle est devenue réceptive à l'idée de la guérison. Elle a commencé à comprendre qu'elle pouvait accepter le pouvoir de Dieu et l'amour dont Il l'entourait. Ce faisant, les pensées qui l'affaiblissaient ont été remplacées par l'espoir, le courage et la joie. Elle se sentait unie à Dieu. Elle savait qu'il était était possible d'être guérie.
Cela se passait au début de l'automne et vers la fin novembre elle était complètement guérie: plus de médicaments, plus de maux de tête, pas d'opération chirurgicale. Les médecins qui l'ont examinée ensuite l'ont appelée « la miraculée ».
Aujourd'hui, elle est mère de deux enfants. Je la vois de temps en temps et une fois je lui ai demandé si elle se souvenait quand le changement qui a apporté la guérison s'était opéré dans sa pensée. Elle m'a répondu que c'était arrivé au moment où elle ne s'était plus sentie vulnérable, où elle avait eu le sentiment de dominer son corps. Puis elle a ajouté: « Je n'avais plus peur. »
Vaincre la peur
Ainsi que cet exemple le montre, la pensée du patient est l'arène dans laquelle le changement s'effectue et permet à la guérison de se produire – la guérison de la peur qui constitue réellement la guérison de la maladie ou d'un profond malaise. La prière apporte ce changement dans la conscience humaine lorsque la personne reconnaît sa perfection et sent la présence de l'Amour divin.
Les gens qui souffrent, comme Linda, ou qui sont face à une maladie incurable, ont tendance à se sentir isolés, seuls, impuissants, découragés ou, en un sens, coupés de tout. La maladie peut devenir tout leur univers. Pour beaucoup, elle finit par faire partie de leur identité. Ils parlent de « mon cancer », « mon arthrite » ou « ma dépression ».
La santé n'est pas quelque chose que nous acquérons, que nous avons ou que nous n'avons pas, que nous obtenons ou que nous perdons. Et ce n'est certainement pas juste un intervalle agréable entre deux maladies ! La santé est un aspect de ce que nous sommes dans notre véritable nature indestructible, notre nature d'enfant de Dieu.
En tant que praticienne, je constate que pendant le traitement chaque patient connaît une transformation de la pensée. Que les maux soient physiques, affectifs ou liés au stress, les patients m'ont demandé de les traiter par la prière. Et découvrir leur relation avec Dieu, ainsi que la paix et la santé que cette découverte leur apporte est un bienfait supplémentaire.
La pensée du patient est l'arène dans laquelle le changement se produit.
Pour moi, l'appel de chaque patient me demandant de prier pour lui est un cadeau. Nos prières m'aident et me guérissent. Chaque cas exige mon dévouement, ma confiance et ma conviction spirituelle. C'est ainsi que je peux répondre aux besoins de mes patients avec honnêteté et tendresse et dans l'esprit du Christ. C'est seulement dans la mesure où je progresse que je suis capable d'apporter la guérison.
Je pense que je vous ai donné au moins un aperçu de la liberté et de l'espoir que la prière et le traitement par la Christian Science m'ont apportés, à moi et à des centaines de milliers de personnes qui y ont recouru. Le traitement par la Christian Science ne consiste pas en une offensive stratégique contre quelque chose qui appartient au patient. Ce n'est ni une technique ni une formule. C'est la prise de conscience humble et silencieuse de ce que Jésus appelait simplement « le royaume de Dieu... au milieu de vous » (Luc 17:21).
Le traitement par la prière tel qu'il est pratiqué dans la Christian Science comporte trois éléments fondamentaux: (1) Comprendre ce que Dieu est: tout-pouvoir, Amour divin, Père-Mère; (2) Découvrir notre spiritualité innée en tant qu'enfant de Dieu; (3) Comprendre le lien qui nous unit à Dieu, l'Être suprême.
Et bien entendu, à travers ces trois éléments, l'Amour, inconditionnel et universel, se manifeste.
La plupart d'entre nous sommes présents aujourd'hui parce que nous avons pour profession de guérir et que, du fond du cœur, nous croyons à la liberté obtenue grâce à notre lien avec l'Absolu et au fait qu'explorer et vivre cette relation a le pouvoir de guérir.
Nous tenons dans nos mains et dans nos cœurs l'avenir de la médecine et la médecine de l'avenir. C'est la composante spirituelle de chacun qu'il nous faut comprendre, apprécier et entretenir.
En participant à ce congrès, cette marche pour la santé et le bien-être, nous allumons des bougies pour révéler aux enfants, aux femmes et aux hommes qu'ils sont bien plus que des codes génétiques ou des êtres biologiques. Chacun de nous aspire à secourir et à mieux guérir – à mieux connaître la composante spirituelle. Cette aspiration est le pouvoir derrière la révolution tranquille en faveur de la santé.
Existe-t-il un plus beau cadeau, mes amis, pour marquer l'avènement d'un nouveau millénaire ? Nous avons allumé nos bougies. Qu'elles continuent de brûler et d'illuminer notre chemin !
