En général, le mot « jeûner » signifie « cesser de manger ». Certains jeûnent pour perdre du poids, d'autres pour protester contre une injustice.
Néanmoins, le jeûne est le plus souvent utilisé comme un rite religieux – un rite purificateur ou même un symbole de deuil. Or, Jésus-Christ fit ressortir la possibilité d'hypocrisie dans la célébration de ce rite. Voir Matth. 6:16–18. Quelqu'un peut en effet participer à un jeûne et avoir l'air très pieux, sans pourtant mener une existence pure et consacrée à Dieu. Ainsi, le Maître mit l'accent sur la signification spirituelle de nos actes.
Le Nouveau Testament relate un incident au cours duquel Jésus Christ parle du jeûne en relation avec la guérison. Un père recherche désespérément l'aide des disciples de Jésus pour guérir son fils « possédé d'un esprit muet » Voir Marc 9:14–29 (d'après la version King James).. Aujourd'hui, on appellerait cette maladie l'épilepsie. L'enfant est sujet à des crises violentes. Les disciples acceptent de prier pour lui, mais la guérison ne se produit pas. En fait, le garçon est pris d'une nouvelle crise violente qui effraie les disciples et laisse le père sans espoir.
C'est alors que Jésus entre en scène. Le père se tourne vers lui pour qu'il guérisse son fils. Jésus lui répond: « Tout est possible à celui qui croit. » Cette fois-ci, cependant, le résultat immédiat de la prière semble non seulement malheureux, mais tragique ! Le garçon paraît mort. Or, ce qui se passe ensuite est capital. Jésus ne réagit pas, mais se penche pour aider l'enfant à se relever, et à ce moment-là, ce dernier est complètement guéri. Plus tard, les disciples demandent au Maître: « Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit ? » Jésus leur répond: « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et par le jeûne. »
Qu'entendait-il par « jeûne » ? Ne refusait-il pas de croire ce que disaient les sens physiques ? Ne refusait-il pas de réagir devant la mort apparente du garçon ? Il aida immédiatement l'enfant à se relever, car il savait que la Vie est Dieu, qu'elle n'est ni dans la matière ni de la matière. Dans son ouvrage intitulé The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, Mary Baker Eddy explique que « jeûner », pris dans ce sens, signifie « s'abstenir d'admettre les prétentions des sens » Miscellany, p. 222.. Existe-t-il un point théologique plus radical que celui-là ? Les actes de Jésus nous montrent, en effet, que l'identité de l'homme, son identité véritable et éternelle, est spirituelle, par conséquent, elle ne peut se perdre.
Dans ce cas, la façon dont Jésus aborda la guérison comportait deux éléments: la prière et le jeûne. On pourrait exprimer cela autrement en reprenant les mots que Jésus utilisa pour décrire la franchise et la simplicité qui devraient caractériser les promesses que nous nous faisons les uns aux autres: « Que votre parole soit oui, oui, non, non. » Matth. 5:37.
Jésus ordonna à ses disciples de commencer par la prière: le « oui, oui ». Cette prière comprend une affirmation, une reconnaissance, de la totalité divine. Elle affirme joyeusement que Dieu, l'Esprit, ne crée rien qui Lui soit dissemblable, que l'homme est l'image, ou idée, de Dieu, et puisqu'il est l'idée de l'Esprit, il est spirituel, parfait et éternel. Cette perfection est vraie et démontrable dès maintenant.
Ce qui nous amène à la deuxième partie de l'injonction de Jésus, le « non, non », le jeûne ou la négation de ce qui est irréel. Ce n'est pas enfouir la tête dans le sable ni fermer les yeux sur le mal. C'est le refus rationnel du dualisme, ou croyance en plus d'un Dieu, qui est bon et Tout. C'est la démonstration pratique de la vérité qu'on trouve dans les Écritures, à savoir que Dieu a les « yeux trop purs pour voir le mal » Habacuc 1:13..
Ce concept du jeûne spirituel m'a beaucoup intéressé, et j'ai eu l'occasion de le mettre en pratique. Notre fils, qui n'est encore qu'un très jeune enfant, présentait un jour tous les symptômes d'un rhume, par conséquent, ma femme et moi avons appelé un praticien de la Christian Science afin qu'il prie avec nous pour le petit. Le praticien nous a rappelé, avec amour et assurance, le lien indestructible qui unissait l'enfant à Dieu et il nous a donné à étudier des passages de la Bible et de Science et Santé de Mary Baker Eddy.
L'état de l'enfant s'est beaucoup amélioré ce jour-là, et notre fils s'est montré actif et souriant. Tard dans la nuit, cependant, il s'est réveillé en pleurant; il toussait et éternuait. Nous semblions incapables de le calmer. Je me suis alors souvenu de l'histoire du garçon épileptique. Notre fils avait reçu un traitement efficace par la prière; nous en avions déjà constaté les bons résultats. A présent, il nous fallait jeûner, c'est-à-dire nous abstenir des croyances matérielles et nous rassasier de compréhension spirituelle. J'ai pris l'Hymnaire de la Science Chrétienne et nous nous sommes mis à chanter des cantiques en commençant par le premier. Nous élevions notre pensée au-dessus des suggestions des sens matériels en nous rassasiant de l'Esprit. Quand nous sommes arrivés au cantique 10, notre fils, assis sur les genoux de ma femme, m'écoutait chanter tranquillement. Le problème, qui paraissait si évident quelques minutes plus tôt, s'était tout simplement évaporé.
Le jeûne spirituel, c'est le refus du dualisme, ou croyance en plus d'un Dieu.
Nous pensions que l'enfant allait bientôt se rendormir, mais nous nous trompions ! La régénération et la joie spirituelles que nous venions de ressentir tous les trois eut beaucoup d'effet sur notre fils: il est sorti de son lit et s'est mis à jouer pendant quelque temps avant d'aller enfin se coucher ! Nous étions si heureux de nous réjouir avec lui !
Cette guérison, ainsi que de nombreuses autres, m'a appris que tout être réel est dans l'Entendement divin, qui est toute bonté. Les impressions mentales qui nient la bonté et la totalité divines sont irréelles. La réalité se compose d'idées spirituelles qui expriment la bonté divine. A chaque fois que nous sommes tentés de réagir à ce que nous disent les sens corporels, nous sommes dupés. Les idées spirituelles sont éternelles, harmonieuses et libres. Aucune suggestion faite par les sens ne devrait nous persuader du contraire.
Science et Santé illustre la nature trompeuse des sens corporels par un excellent exemple: « Quand les ténèbres recouvrent la terre, les sens physiques n'ont aucune preuve directe de l'existence du soleil. L'œil humain ne sait où est l'astre du jour, ni s'il existe. L'astronomie donne l'explication désirée concernant le soleil. Les sens humains ou matériels s'inclinent devant l'autorité de cette science et s'en remettent volontiers à l'astronomie pour l'explication de l'influence du soleil sur la terre. Si, pendant une semaine, le soleil est invisible à nos yeux, nous continuons néanmoins de croire à la lumière et à la chaleur solaires. La science (appelée dans ce cas science de la nature) élève la pensée humaine au-dessus des théories grossières de l'entendement humain et en chasse une crainte. » Science et Santé, p. 188.
Que les sens attestent de l'absence de quelque chose (comme le bien), ce qui, en réalité, est impossible, ou qu'ils témoignent de la présence de quelque chose (comme la maladie ou le péché), ce qui n'est pas réellement possible non plus, ils ne sont jamais une source d'information fiable. Je suis très reconnaissant d'apprendre que l'Entendement divin est la seule source d'information dont j'ai besoin, et que je suis capable de jeûner en m'abstenant de croire les sens trompeurs.
