D'après le dictionnaire, un pèlerinage est un voyage qu'on fait à un lieu saint ou à une chapelle, dans un esprit de dévotion. Il peut aussi s'agir de tout long voyage entrepris dans le but de rendre hommage à un lieu historique, à un grand homme, etc. Cependant, ne pourrions-nous aussi envisager le pèlerinage d'une autre façon, comme un voyage mental? Nous pourrions y voir une évolution de la pensée passant d'une vision matérielle et erronée de l'existence à une vision spirituelle, à une compréhension de Dieu, l'Esprit, et de l'homme, Son image.
Un certain nombre de cantiques utilisent le terme «pèlerin» dans le sens de celui qui recherche honnêtement la vérité. En voici quelques exemples:
O Jéhovah, sois mon guide,
Je ne suis qu'un pèlerin.
Dans le grand désert aride,
Tends-moi Ta puissante main. Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 90.
Et « Éveille-toi, ô pèlerin, / A l'aube vient l'allégresse !» Ibid., n° 425. Un autre cantique se termine sur cette merveilleuse promesse:
Accomplis donc, ô pèlerin,
Ta céleste mission ;
Tes espoirs ne seront pas vains:
Bientôt viendra la moisson ! Ibid., n° 166.
Le voyage du pèlerin exige peut-être de lui du temps et de la patience. Toutefois, il a la conviction que son pèlerinage vaut la peine qu'il se donne, et qu'il peut être entrepris avec joie !
Chacun de nous a la possibilité d'entreprendre son propre pèlerinage. C'est un voyage qui n'a rien à voir avec la géographie, mais a tout à voir avec le progrès spirituel. C'est un voyage qui libère de plus en plus du concept matérialiste erroné de la réalité grâce à une prise de conscience spirituelle de la réalité divine. Ce pèlerinage est un voyage mental d'un point de vue à un autre. Et, cependant, en réalité, dans la vérité absolue de l'être, nous sommes déjà parvenus à notre destination, l'unité avec Dieu, toujours conscients de notre inséparabilité. Notre voyage nous réveille du rêve mortel prétendant que nous sommes séparés de Dieu, nous fait prendre conscience de ce que nous sommes déjà et avons toujours été: unis à Dieu en tant que Sa ressemblance spirituelle, sans défaut. Nous nous trouvons éternellement en présence de Sa sollicitude et de Son amour parfaits.
En disant adieu à ses disciples, Jésus-Christ décrit ainsi le voyage qui l'attend: « Mes petits enfants, je suis pour peu de temps encore avec vous. Vous me chercherez; et, comme j'ai dit aux Juifs: vous ne pouvez venir où je vais, je vous le dis aussi maintenant. » Jean 13:33. Les disciples pensaient qu'il s'agissait d'un voyage matériel. Thomas affirma qu'ils ignoraient où se rendait Jésus, et par conséquent ils ne pouvaient en connaître le chemin. Jésus répondit: « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.» Jean 14:6. Dans son Sermon sur la montagne, Jésus avait indiqué que rechercher Dieu à travers le Christ, la Vérité, est un chemin étroit qui demande de la discipline: «... étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. » Matth. 7:14. Les enseignements de Jésus nous conduisent sur le chemin du salut, qui mène, ainsi qu'il l'a démontré, à l'ascension finale au-dessus de toute croyance à la vie dans la matière.
C'est aussi un grand privilège d'avoir les enseignements de la Science Chrétienne pour nous aider dans notre pèlerinage. Mary Baker Eddy écrit: «Prier, veiller, travailler pour que le royaume des cieux s'établisse au-dedans de nous et sur la terre, cela seul nous permet d'entrer dans le chemin étroit et resserré, dont notre Maître disait: "Il y en a peu qui [le] trouvent." »Message de 1901, p. 28. S'efforcer d'avancer chaque jour sur ce chemin en priant et en se montrant vigilant exige de se tourner constamment vers Dieu, le seul Entendement, et, par conséquent, de tourner le dos aux suggestions agressives de l'entendement mortel, charnel, qui prétend que la vie est dans la matière et de la matière. Quelles que soient les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons — quels que soient notre âge, notre éducation, notre formation, le lieu où nous vivons, notre situation de famille — chercher et trouver la vérité sur Dieu et sur l'homme est une occasion infinie qui s'offre à nous, une occasion au potentiel illimité, que personne ne peut nous faire manquer parce que nous marchons sur ce chemin seul avec Dieu.
L'une des choses qu'exige ce pèlerinage, c'est une meilleure connaissance de soi-même. Connaître notre individualité qui nous vient de Dieu, notre identité spirituelle véritable avec sa force et ses talents, et nous montrer vigilants face à l'entendement mortel qui voudrait nier et voiler cette identité, c'est d'une valeur inestimable. Cela nous donne la domination, qui n'est jamais anxieuse ni envieuse. Nous connaître tels que nous sommes réellement grâce à la prière nous aide à percevoir l'individualité réelle de notre prochain, et au lieu d'être jaloux de lui ou de nous irriter contre lui, nous nous mettons à discerner, à respecter et à apprécier son identité véritable.
Mieux nous connaître nous-mêmes est donc l'un de nos meilleurs atouts dans notre pèlerinage. Mary Baker Eddy fait cette remarque frappante: « Celui qui parvient à la connaissance et au gouvernement de soi, et au royaume des cieux au-dedans de soi-même, dans sa propre conscience, est sauvé par le Christ, la Vérité.» The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 161.
Chacun de nous a la possibilité d'entreprendre son propre pèlerinage. Ce pèlerinage est un voyage mental d'un point de vue à un autre.
Notre pèlerinage est jalonné d'autres repères comme l'obéissance, la gratitude, le rejet de la peur, du sentiment de culpabilité et de la tendance à se blâmer. Obéir à Dieu implique de vouloir, en toute humilité, être fidèle aux enseignements de Jésus-Christ. Ce qui est nécessaire, c'est l'obéissance basée sur ce que nous ressentons à l'intérieur de nous-mêmes, c'est-à-dire le sentiment d'aimer Dieu au point de désirer sincèrement obéir à Ses lois, plutôt que de simplement déclarer que nous obéirons.
La gratitude envers Dieu, qui implique de reconnaître que tous les bienfaits que nous recevons viennent de Lui, favorise et accélère nos progrès. Le manque de gratitude s'accompagne souvent d'apitoiement sur son sort, de découragement et d'une concentration sur sa soi-disant individualité mortelle. Même la gratitude ressentie à contrecœur constitue un obstacle. En revanche, nous tourner fréquemment vers Dieu, avec une gratitude empreinte d'humilité et d'innocence nous fait prendre conscience de notre unité avec Lui et nous fait avancer.
Une autre étape libératrice de notre pèlerinage consiste à se débarrasser d'un sentiment de pesanteur et de culpabilité. De tels fardeaux ne sont que des bagages en trop. Le sentiment de culpabilité est utile seulement lorsque nous avons mal agi, que nous devons le reconnaître puis chasser l'erreur grâce à la prière et à la réforme. En dehors de ce cas, il n'est pas nécessaire de se charger du fardeau d'une culpabilité sans nom et inutile.
Comme l'indique un cantique, pour progresser, il faut se tourner vers la lumière de la Vérité et non s'attarder dans l'obscurité d'une fausse croyance. En voici la première strophe:
Dans la sombre nuit du doute,
Avançons, ô pèlerins !
En chantant, suivons la route
Qui mène au pays divin !
La lumière qui nous guide
Resplendit sur le chemin ;
Soyons, frères, intrépides,
Marchons, la main dans la main ! Hymnaire, n° 351.
Jésus-Christ et Paul, son disciple, durent faire face à la «nuit» de la résistance opiniâtre que leur opposa l'entendement charnel pendant l'accomplissement de leur mission divine. Faisant preuve de courage et de discipline, ils allèrent de l'avant en réalisant ce que Dieu les incitait à réaliser, en se montrant vigilants face aux prétentions du mal et en prouvant l'impuissance de ces prétentions.
L'entendement mortel et ses déviations voudraient nous tenter d'agir mollement contre ce qui embrumerait, bouleverserait, empêcherait et retarderait notre pèlerinage. Nous avons besoin d'être vigilants afin de ne pas fermer les yeux sur la nécessité d'agir contre ces tendances, ou, ce qui serait pire, de nous y soumettre. Il nous faut nous concentrer, sans peur et avec vigilance, sur les faits spirituels de l'être. Il nous faut nier avec force tout ce qui voudrait enrayer ou retarder nos progrès, en nous servant de la vérité de la suprématie divine et de l'homme, Son image parfaite.
Souvent, les pèlerins d'autrefois chantaient, alors qu'ils devaient marcher pendant de nombreux kilomètres. Un chant joyeux, qu'il soit mental ou audible, dissipe souvent les ténèbres du découragement, et évite de dévier du chemin étroit et resserré qui mène aux progrès spirituels véritables.
Chacun de nous a la possibilité, chaque jour, de démontrer ce que nous savons déjà de Dieu et de la vraie nature de l'homme. Il nous faut revendiquer la perspective spirituelle que Dieu nous donne, notre sens spirituel, et rendre notre vision plus nette en nous débarrassant d'un point de vue étroit, mortel et égocentrique. En réalité, nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, et sommes déjà en présence de Son infinie bonté, et il est de plus en plus nécessaire que nous prenions conscience de ce fait, grâce à la prière et à la purification de la pensée.
Suivre les instructions qui nous sont données dans la Bible et dans les œuvres de Mary Baker Eddy, c'est un peu comme consulter une carte quand nous sommes en voyage; nous nous épargnons bien des détours et des retards. Nos prières et notre étude quotidiennes nous font entrevoir la présence divine, ici et maintenant, et la guérison s'ensuit. A mesure que nous avançons, avec bonne volonté et obéissance, en harmonie avec ce que Dieu connaît de nous, non seulement nous trouvons la guérison, mais nous sommes aussi guidés, protégés, soutenus, et nous discernons davantage l'immense bonté de Dieu dans tous les aspects de notre existence.
Même si nous n'avons pas encore atteint notre but, nous avons toujours la possibilité de démontrer avec joie la bonté divine.
A mesure que nous marchons sur le chemin de la Vérité, nous revendiquons avec de plus en plus de vigilance notre exemption des plans de l'entendement mortel. Avant même que nous naissions, de soi-disant codes génétiques nous auraient déjà programmés à être esclaves de certaines limites. La croyance à l'influence de notre environnement prétend nous modeler dès nos plus jeunes années. L'entendement charnel suggère que, dès le départ, nous sommes soumis à la façon dont les autres nous voient: les membres de notre famille, les instituteurs et les professeurs, les amis. En suivant le chemin étroit et resserré, nous constatons que les lois du Principe divin, Dieu, opèrent en nous libérant des fausses lois et influences qui nous ont emprisonnés. Vivre comme si ces erreurs agressives n'existaient pas n'est d'aucune aide. Nous devons affirmer la vérité scientifique qui dénonce ces mensonges et les détruit, en sachant que revendiquer notre unité avec Dieu a le pouvoir de chasser de notre existence toute prétention à un pouvoir ou à une vie en dehors de Lui.
Même si nous sommes «en marche» et pas encore arrivés, même si nous n'avons pas encore atteint notre but, nous avons toujours la possibilité de démontrer avec joie la bonté divine, quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons. Fondamentalement, ce n'est pas tant ce qui se passe autour de nous qui détermine notre bien-être, mais plutôt ce que nous pensons, c'est la façon dont nous prions: Nous laissons-nous entraîner dans la boue de l'égoïsme et du péché par l'entendement mortel ou progressons-nous spirituellement en nous soumettant au seul Entendement divin avec joie et espoir?
Ce qui est formidable, c'est que notre pèlerinage nous amène inévitablement à aider notre prochain. Un très grand nombre de personnes autour de nous aspirent à voir des exemples concrets de ce que le pouvoir de Dieu apporte à celui qui cherche. Nous avons la possibilité de laisser notre existence irradier afin de confirmer la puissance et la présence divines.
Science et Santé résume ainsi la nature de notre pèlerinage et sa destination finale réconfortante: «Si vous lancez votre barque sur les eaux toujours agitées mais salutaires de la vérité, vous affronterez des tempêtes. On dira du mal du bien que vous faites. C'est là la croix. Prenez-la et portez-la, car c'est grâce à elle que vous gagnerez et porterez la couronne. Pèlerin sur la terre, ta demeure est le ciel; étranger, tu es l'hôte de Dieu.» Mary Baker Eddy, Science et Santé, p. 254.
