fut infirmière pendant dix ans avant de passer par une transition qui l'amena à devenir garde-malade de la Science Chrétienne. Au cours de l'interview qui suit, Mme Toner nous parle des problèmes auxquels elle dut faire face et de ce qu'elle comprit au cours de ses nombreuses années d'expérience. Mme Toner est actuellement la directrice de Peace Haven, à St. Louis, dans le Missouri (U.S.A.), un établissement de soins réservé à ceux qui s'appuient sur le traitement par la Science Chrétienne pour être guéris.
Qu'est-ce qui vous a attirée dans la profession d'infirmière?
Je pense que les gens qui sont attirés par cette profession le sont presque tous par les mêmes qualités: l'amour du prochain, le désir de servir. C'est un ministère. J'ai toujours pensé qu'exercer la profession d'infirmière, ce n'était pas une carrière, mais un ministère, et que j'avais répondu à un appel.
A un moment donné, vous avez totalement abandonné cette carrière.
J'étais à la recherche de quelque chose de plus élevé; cela avait toujours été ainsi. Je ne savais pas alors que je cherchais la Science Chrétienne. Je me détachais de ce concept des soins où tout ce que vous accomplissez en tant qu'infirmière – non ce que vous pensez, mais ce que vous accomplissez physiquement – a le pouvoir de faire vivre ou mourir un patient. Je quittai donc la profession pour travailler dans une crêche pendant une dizaine d'années.
C'est pendant cette période que j'ai trouvé la Science Chrétienne. Mon mari et moi cherchions une église où l'on enseignerait que l'homme est bon et pur, et qui n'imposerait pas à nos deux enfants un sentiment de culpabilité. Nous voulions une église respirant la joie. Un parent, qui venait de trouver la Science Chrétienne, a suggéré que nous nous y intéressions. Nous nous sommes donc rendus à un service de témoignage du mercredi soir – et nous ne sommes allés nulle part ailleurs après cela. J'y ressentais une telle paix. Je me sentais chez moi.
Parlez-nous de la transition qui vous a menée vers la profession de garde-malade de la Science Chrétienne.
Quand j'ai découvert l'existence des gardes-malades de la Science Chrétienne, je me suis immédiatement demandé ce qu'ils pouvaient bien faire. Je savais que je désirais toujours répondre aux besoins des gens. Or, je savais aussi que les Scientistes Chrétiens n'ont pas recours aux moyens médicaux, et mon concept des soins était toujours lié au traitement matériel. Je suis donc allée visiter un établissement de soins de la Science Chrétienne et j'ai alors compris de quoi il s'agissait. Je me suis dit tout d'abord que c'était trop me demander, mais Dieu avait préparé un autre plan pour moi. J'ai tout simplement été appelée à devenir garde-malade de la Science Chrétienne.
Dès le début, j'ai su que j'avais trouvé un concept plus élevé des soins, le concept que je recherchais. Il y avait l'élévation de la pensée, la joie de ne pas devoir toujours être à la recherche de ce qui ne va pas chez quelqu'un, mais de connaître la perfection qui appartenait déjà à l'homme spirituel créé par Dieu, créé à Sa ressemblance. L'éthique, l'intégrité, le sérieux et l'amour dont j'avais été témoin dans le monde médical étaient toujours là, mais ils s'étendaient à un concept plus élevé de l'homme.
Qu'est-ce qui caractérise la façon dont la Science Chrétienne aborde le traitement de la maladie?
Je pense que le traitement médical et le traitement par la Science Chrétienne ont tous deux pour but d'améliorer l'espèce humaine. Ce qui les différencie, c'est que l'un essaie de rendre la santé à un corps matériel malade alors que l'autre sait déjà que l'homme est spirituel et parfait. La différence réside dans ce qu'on considère être la vérité au sujet de l'homme.
Lorsque j'étais infirmière, j'étais souvent agacée de voir que nous traitions surtout les symptômes plutôt que la cause. Ce qui m'a frappée quand je suis devenue garde-malade de la Science Chrétienne, c'est que nous soutenions les patients dans les efforts qu'ils faisaient pour réformer leur pensée. Nous ne nous attachions ni aux symptômes ni au diagnostic, mais nous prenions fermement position en partant de la perfection spirituelle de l'homme. La réforme et la guérison de la pensée se manifestent dans la guérison du corps.
J'étais si reconnaissante d'avoir trouvé un moyen de servir les gens qui s'efforçaient de répondre à leurs besoins de façon spirituelle au lieu d'essayer de changer ou de soigner par des médicaments un état physique. Science et Santé de Mary Baker Eddy décrit la façon dont fonctionne le traitement par la Science Chrétienne: «Le vrai Scientiste Chrétien augmente le pouvoir mental et moral de son patient et accroît la spiritualité de celui-ci tout en le rétablissant physiquement par l'Amour divin.»Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 375.
Quel rôle joue le garde-malade de la Science Chrétienne dans cette réforme de la pensée qui guérit?
Les gardes-malades ont pour tâche de garder leur pensée spirituellement claire. Le praticien de la Science Chrétienne est celui qui donne véritablement le traitement spirituel spécifique au patient. Le travail du patient avec le praticien est strictement confidentiel. Le garde-malade s'engage à maintenir sa pensée si claire concernant l'homme créé par Dieu que sa pensée soutient celle du patient, et donc le travail du praticien.
En qualité de gardes-malades de la Science Chrétienne, nous avons pour objectif de cesser de penser que l'homme est simplement un corps mortel. Nous répondons au besoin humain, nous prodiguons les soins les plus élémentaires. Nous n'utilisons pas de médicaments, mais nous réconfortons le patient, nous le gardons propre, nous bandons ses plaies et nous préparons ses repas. Nous l'aidons à entrer et à sortir du lit, à s'asseoir et à se lever, et, si besoin est, nous l'aidons aussi à marcher et à se nourrir. Nous accomplissons toutes les tâches nécessaires au maintien d'une activité normale. Or, ce faisant, nous gardons à l'esprit l'identité de cette personne, l'enfant parfait de Dieu. Nous lui assurons une atmosphère et un environnement propices aux progrès spirituels.
La pensée qui entoure le patient est essentielle à la guérison. Mary Baker Eddy met l'accent sur ce point dans un chapitre de son livre d'étude intitulé «Pratique de la Science Chrétienne». Elle écrit: «En médecine, on s'opposerait à ce qu'un médecin administre un médicament pour neutraliser l'action d'un remède prescrit par un autre médecin. Il est tout aussi important, dans la pratique métaphysique, que les entendements qui entourent votre patient n'agissent pas à l'encontre de votre influence en exprimant sans cesse des opinions qui pourraient l'alarmer ou le décourager – soit en donnant des conseils contraires aux vôtres, soit par des pensées inexprimées reposant sur votre patient.» Ibid., p. 424.
Voudriez-vous nous donner un exemple des pensées qui vous viennent lorsque vous prenez physiquement soin d'un malade?
Je pense beaucoup aux qualités de Dieu que l'homme exprime et que, par conséquent, le patient exprime. Par exemple, quand je fais un lit, je pense au confort, à l'ordre, à la paix et à l'harmonie. Quand j'aide quelqu'un à manger ou quand je prépare un repas, je pense à la nourriture spirituelle. La Vérité est ce qui nourrit véritablement l'homme. Par conséquent, si la personne ne retient aucun aliment, je pense souvent à la réceptivité de cette personne à la Vérité. Et je prends tout particulièrement en considération l'amour avec lequel nous préparons les repas.
Quand je bande une plaie, je pense à la perfection de l'homme. Nous lisons dans le livre d'étude de la Science Chrétienne: «Les mortels doivent porter leurs regards au-delà des formes finies et évanescentes, s'ils veulent trouver le vrai sens des choses. Où les regards s'attacheront-ils, sinon au royaume insondable de l'Entendement?» Ibid., p. 264. Par conséquent, quand je mets un pansement, je me demande: «A quoi mon regard s'attache-t-il?»
Et les cantiques sont d'une grande aide. Je les fredonne pour moi-même ou bien je les chante pour ou avec un patient.
Celui qui recherche la guérison spirituelle a pour seul but de maintenir sa pensée pure et en accord avec la Parole de Dieu, notamment avec les Dix Commandements et les Béatitudes ainsi qu'avec les autres enseignements de Jésus-Christ. Lorsque les gens font cela – lorsqu'ils gardent leurs pensées remplies de la vérité sur l'homme créé par Dieu – la joie, la santé, la domination et la paix se maintiennent naturellement. Les gardes-malades de la Science Chrétienne soutiennent ces efforts en apportant dans la chambre du malade la notion de la pureté et de la perfection de l'homme.
Vous devez sans doute à présent avoir le sentiment que votre souhait de servir l'humanité au sens le plus élevé du terme est comblé.
Oui, tout à fait. Je fais ce travail depuis quinze ans, je l'apprécie encore plus chaque jour. Nous recevons, à Peace Haven et dans les autres établissements de soins de la Science Chrétienne, de nombreuses lettres de gratitude et de joie, et de nombreux témoignages de guérison.
Ce travail ne va pas sans difficultés, malgré tout. Les gardes-malades de la Science Chrétienne «montent au front» lorsqu'ils doivent soutenir la guérison spirituelle. Il se produit de nombreuses guérisons grâce à la Science Chrétienne, certaines sont instantanées. Néanmoins, que la guérison soit lente ou rapide, nous avons pour défi, en tant que gardes-malades de la Science Chrétienne, de maintenir notre pensée au-dessus de ce qui voudrait se présenter comme la manifestation d'une erreur de pensée. Notre tâche consiste donc à comprendre qu'une pensée erronée ou son prétendu effet ne font pas partie de la véritable identité de l'homme. Ce qu'on appelle la «cause» d'une discordance, c'est l'erreur, et elle n'a pas de réelle entité. Il n'existe qu'une seule cause: Dieu, le bien infini, le seul créateur. Mary Baker Eddy écrit: «Maintenez les faits de la Science Chrétienne – que l'Esprit est Dieu, et par conséquent ne peut être malade; que ce que l'on appelle matière ne peut être malade; que toute causation est l'Entendement, agissant par la loi spirituelle. Puis soutenez votre cause avec l'inébranlable compréhension de la Vérité et de l'Amour, et vous remporterez la victoire.» Ibid., p. 417.
Je dis toujours qu'être garde-malade de la Science Chrétienne, c'est parfois comme un défi qui nous est lancé, mais c'est aussi une activité qui apporte de grandes joies.
