Une femme de Samarie vient chercher de l'eau à un puits. Assis au bord du puits, un inconnu lui demande à boire. La femme est surprise par cette demande parce que l'inconnu est visiblement Juif, et elle, elle est Samaritaine. Or, selon la tradition, ils ne devraient pas se parler. Mais la conversation s'engage tout de même, et cet inconnu, qui est en fait Jésus-Christ, révèle à la femme qu'elle a la capacité de faire sien quelque chose qui va la satisfaire pleinement, et qui va lui permettre de découvrir une vie sans limites. Jésus lui dit, dans l'Évangile selon Jean: «Quiconque boit de cette eau aura encore soif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.» (Jean 4:13)
Le récit continue et nous apprend que la femme reconnaît que ce que Jésus lui dit est vrai. Elle sait désormais qu'elle a trouvé la réponse à ses besoins les plus profonds, cette «eau vive» grâce à laquelle elle n'aura plus jamais soif. Elle en est tellement remplie de joie qu'elle va l'annoncer sans tarder aux gens de son village.
Pour moi, ce récit souligne combien nous avons tous, sans exception, la faculté de percevoir, dans notre vie quotidienne, une réalité plus profonde que ce que nous voyons de premier abord. Et c'est ça la spiritualité: notre capacité innée d'aller au-delà de la surface des choses et de découvrir la beauté, la perfection et l'abondance de l'univers créé par Dieu, univers dont nous faisons tous partie.
A l'époque où la star américaine Madonna répètait dans une de ses plus fameuses chansons que nous vivions tous dans un monde matériel, je me souviens avoir beaucoup réfléchi au message que cette ritournelle véhiculait. Et j'ai pensé: «Mais ce n'est pas du tout le cas ! Si tout ce que nous pouvons attendre de la vie, ce sont des satisfactions et des possessions matérielles, ma vie ne vaut pas grand-chose.» J'ai senti profondément que notre vie est si importante, si précieuse, qu'elle a une base spirituelle, et donc personne ne peut nous priver du droit d'en prendre conscience. Pour la première fois, j'ai eu l'assurance que la spiritualité est une faculté irrépressible de la vie et que nous ne vivons pas dans un « monde matériel », un monde limité, mais que nous sommes les enfants bienaimés de Dieu, libres, aux capacités illimitées, nés « non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu.» (Jean 1:13)
La spiritualité ne nous met pas dans un monde à part, dans un paradis artificiel, où nous nous réfugions pour oublier nos soucis, ou pour nous donner bonne conscience. Elle ne s'exprime pas non plus par des rituels ou des formules apprises par cœur. C'est une faculté que nous pouvons exprimer là où nous sommes, aujourd'hui-même. Elle nous permet de voir combien tout sentiment de manque, de vide, d'insatisfaction, est déjà largement comblé par l'amour divin. C'est vraiment une «eau vive» qui nous fait constamment progresser et qui finit par bénir aussi ceux qui nous entourent. J'aime beaucoup ce que Mary Baker Eddy écrit tout au début de son livre Science et Santé: «Pour ceux qui s'appuient sur l'infini, soutien constant, aujourd'hui est riche en bienfaits.» (p. vii) Il est tout naturel, pour chacun, de s'appuyer avec confiance sur ce soutien constant, sur ce bien infini, Dieu, qui répond à tout besoin, avant-même qu'on le Lui demande.
Puisque Dieu est Esprit, et par conséquent toujours présent, il nous est toujours possible de ressentir la présence divine, où que nous soyons. En effet, dans une foule, dans le métro, ou seuls dans notre chambre, nous pouvons penser à Dieu, Lui confier nos désirs et écouter Sa réponse. C'est la raison pour laquelle la spiritualité n'est pas séparée de la vie quotidienne. Dieu est un «secours qui ne manque jamais dans la détresse» (Ps. 46:2) et on peut communier avec Lui sans délai et sans intermédiaire !
Mais on pourrait se demander: Comment cultiver en nous cette faculté de percevoir la réalité spirituelle des choses?
Lorsqu'on commence à reconnaître de plus en plus la beauté et l'abondance de l'univers divin, il est normal de vouloir en percevoir davantage. Et donc tout naturellement, ceci nous donne le désir de prendre le temps, au cours de la journée, de penser à Dieu, de prier et ressentir tout l'amour qu'Il a pour nous. Le message de la Bible nous aide à prendre conscience du lien qui nous unit à Dieu. L'inspiration que nous donnent la prière et l'étude du message de la Bible, compris dans son sens spirituel, nous permet de trouver les idées qui nous aident à progresser dans notre vie journalière.
La gratitude est aussi une façon importante de cultiver notre sens spirituel. Être remplis de reconnaissance pour tout le bien que nous avons déjà (autant pour ce que nous ressentons dans notre cœur que pour les petites choses qui nous rappellent la bonté de l'univers créé par Dieu) nous permet de percevoir davantage le bien toujours présent. Le désir d'aimer et d'aider notre prochain est encore une façon efficace d'amplifier notre sens spirituel, parce qu'un tel désir détourne notre pensée de nous-mêmes et l'élève vers des buts plus élevés.
Cependant, on pourrait avoir le sentiment que nous n'avons pas toujours le temps de tourner nos pensées vers Dieu, ou que nous n'avons pas beaucoup de raisons d'être reconnaissants. Nous n'avons pas besoin de nous laisser décourager. Même le moindre désir de nous tourner vers Dieu ne reste pas sans réponse et peut opérer de grands changements dans notre vie. Personne n'est exclu de la joie qu'apporte un sens spirituel de vie.
Jésus a dit que le royaume de Dieu est au dedans de nous. Et que si nous recherchons d'abord le royaume de Dieu, un sens spirituel de vie, toute autre chose nous sera donnée par-dessus. Au travail, à l'école, dans la rue, peu importe où nous nous trouvons, nous pouvons dès maintenant prendre conscience de ce royaume des cieux. Cela ouvre la porte nous permettant de recevoir en abondance ce dont nous avons besoin dans notre vie quotidienne.
