Skip to main content Skip to search Skip to header Skip to footer

Pardonner ?

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 1996


Face aux crimes odieux commis en Bosnie, au Rwanda, à Tokyo ou dans l'Oklahoma, un grand nombre de chrétiens sont troublés par le concept du pardon. Comment « pardonner » ces horribles agressions perpétrées contre des hommes, des femmes et des enfants ? D'ailleurs, qu'est-ce que pardonner veut dire ? Quel rôle le pardon joue-t-il pour reconstituer une existence brisée ou rétablir l'ordre ?

La confusion qui règne à ce sujet provient entre autres d'un manque de compréhension des enseignements et des actes de Jésus. Quand on avertit Jésus qu'Hérode cherchait sans doute à le faire tuer, il est vrai qu'il répondit: « Allez, et dites à ce renard: Voici, je chasse les démons et je fais des guérisons aujourd'hui et demain, et le troisième jour j'aurai fini. » Luc 13:32. Une autre fois, il dit, en parlant de la foi des enfants: « Si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer. » Matth. 18:6.

Ces deux passages rappellent la remarque péremptoire de Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « Nombre de personnes croient qu'un certain magistrat qui vivait du temps de Jésus laissa ce témoignage: "Sa censure est terrible." Le langage vigoureux de notre Maître confirme cette appréciation. » Science et Santé, p. 6.

Pardonner ne signifie donc pas gommer les fautes; on ne peut d'ailleurs gommer les fautes de quelqu'un d'autre. Pardonner ne signifie pas non plus accorder sa grâce. Les hommes n'ont pas le pouvoir de pardonner le mal commis par d'autres hommes, et Dieu ne pardonne jamais la faute ni ne ferme les yeux sur elle. Sa loi de Vérité et d'Amour la détruit. Dans Non et Oui, Mary Baker Eddy écrit: « La grâce accordée par un magistrat peut encourager le criminel à récidiver, car le pardon, au sens populaire du mot, ne peut effacer ni le crime ni ses mobiles. La croyance au péché — au plaisir, à la douleur ou au pouvoir du péché — doit souffrir jusqu'à ce qu'elle se détruise elle-même. "Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi." » Non et Oui, p. 32. Les Articles de foi de La Première Église du Christ, Scientiste font ressortir ce point essentiel. Et si l'on élimine de la définition du dictionnaire ce qui associe le pardon à l'indulgence, on trouve ceci: « Cesser d'éprouver du ressentiment: pardonner à ses ennemis. »

Pardonner équivaut donc à se libérer du ressentiment, de la colère, de la haine, de l'amertume, du sentiment de supériorité, du chagrin. La paix qu'on ressent lorsqu'on s'affranchit des passions mortelles et du chagrin est indescriptible. Les écluses de l'Amour s'ouvrent toute grandes, et nous nous sentons purifiés et régénérés par les eaux de la bonté divine. Il est merveilleux de se rendre compte que les péchés d'autrui n'ont pas le pouvoir de séparer qui que ce soit de l'amour et du pouvoir de Dieu. La fureur et l'envie de se venger sont corrosives, mais elles nuisent seulement à ceux qui s'y laissent aller. En revanche, le cœur qui se tourne vers le Christ est comblé: le pouvoir de la bonté, l'unité de l'homme avec la Vie divine et le gouvernement ininterrompu de Dieu, l'Entendement divin, lui sont révélés. Lorsque nous admettons les faits que dévoile le Christ, nous nous sentons touchés par la grâce divine. Le pardon prouve que la régénération et la guérison prennent place dans notre existence. C'est le refus de laisser le mal corrompre notre vie, l'influencer ou la manipuler d'une façon ou d'une autre.

« Oui, pourrait-on objecter, c'est bien joli tout cela, mais je ne vois pas comment m'y prendre, je ressens les choses si fortement ! » Eh bien, c'est déjà un progrès. Cela vaut mieux que de déclarer: « Pour moi, il n'en est pas question ! » Les graines de l'humilité et de la confiance en Dieu ont été semées. Elles nous permettent de nous en remettre à Dieu, de Lui demander Son aide avec simplicité et sincérité. Nous sommes alors prêts à accepter l'autorité du Christ, la Vérité, et à admettre que la conscience est gouvernée par Dieu. Et si des proches ont été assassinés ? Le tendre amour de Dieu est plus grand que l'affliction la plus profonde. Nous trouvons un refuge contre la tempête lorsque nous nous tournons vers Dieu. Jésus a promis que ceux qui sont affligés seraient consolés. Le Christ, la Vérité, apporte cette paix à nos cœurs et illumine la nuit sombre en nous assurant que Dieu, le bien, est toujours avec nous. Plus notre détresse est profonde, plus nous aurons la preuve irréfutable de la présence divine qui guérit. La Vérité divine nous libère.

Lorsque nous aspirons à guérir notre prochain de ses erreurs, plutôt qu'à les lui faire « payer », nous savons que nous progressons. C'est de guérison et non de vengeance dont nous avons besoin. Paul parle du « Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation dont nous sommes l'objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction » II Cor. 1:3, 4.. Si nous avons été nous-mêmes régénérés grâce à la Science Chrétienne, comment ne pas répondre à l'appel au secours de l'humanité face aux situations tragiques de notre époque ? Les attentas à la bombe, les massacres, et autres, font régner la terreur et soulèvent l'indignation de beaucoup. Ces réactions ont pour origine la croyance que le mal est puissant, que nous y sommes tous vulnérables et qu'il peut contaminer d'autres cœurs. Apprendre à dominer les sentiments de colère et de peur nous permet de démontrer l'impuissance des terroristes. Le mal n'accomplit rien; il ne peut détruire ni la bonté ni l'ordre divins. Vous êtes toujours en sécurité lorsque vous êtes conscients de l'omnipotence de Dieu. L'homme n'est pas victime du mal; il exprime Dieu, le Principe, et est gouverné par la loi divine.

Mais qu'arrive-t-il à ceux qui commettent ces crimes ? On pourrait répondre: « En quoi cela nous regarde-t-il ? » Mary Baker Eddy nous donne le conseil suivant: « Que la Vérité dévoile et détruise l'erreur comme Dieu le fait, et que la justice humaine se modèle sur la divine. » Science et Santé, p. 542. L'Entendement divin est d'une grande aide à ceux dont le travail consiste à faire respecter la loi ou à combattre le crime. Nous avons la possibilité de soutenir leur tâche importante par nos prières. Notre indignation n'est d'aucune utilité; mais reconnaître l'activité de la justice divine découvre, arrête et punit le crime.

La Bible nous fait la recommandation suivante: « Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés... car il est écrit: A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. » Rom. 12:19. Le péché porte en lui sa souffrance. Les tourments qui ne peuvent manquer de suivre un crime odieux sont impossibles à imaginer. Tout ce que nous savons, c'est que Caïn s'est écrié: « Mon châtiment est trop grand pour être supporté. » Gen. 4:13., et que Judas, lorsqu'il s'est rendu compte de l'horreur de son crime, est allé se pendre. Dieu, le Principe de tout être, ne met pas les hommes à l'épreuve pour les punir ensuite. Le péché se punit et se détruit lui-même. L'action et la totalité de la Vérité doivent exposer l'erreur au grand jour et l'éliminer. Ceux qui s'identifient au péché souffrent jusqu'à ce que cesse cette identification et que le « dernier centime » Matth. 5:26 (d'après la Bible en français courant). ait été payé. Combien de temps cela prendra-t-il, « personne ne le sait ». Matth. 24:26.

Il est important de comprendre que la rédemption du péché repose sur deux faits essentiels: (1) le péché est mortel, et (2) l'homme, créé par Dieu, est immortel. L'homme survit aux croyances pécheresses qui prétendent le dominer. Cette vérité est la lueur au bout du tunnel, qui redonne du courage à ceux qui ont commis de graves fautes et s'efforcent de se racheter. Cela fait partie du don d'amour que Christ Jésus a légué à toute l'humanité.

Tout ceci nous amène à réfléchir aux enseignements de Jésus, qui nous demande d'aimer nos ennemis. Aimer n'est pas se montrer naïf ni jeter ses « perles devant les pourceaux ». L'amour contribue à la guérison en nous faisant prendre conscience de la vérité concernant l'homme de façon si absolue que nous refusons de considérer l'image dénaturée présentée par le mal comme étant l'homme, la ressemblance de Dieu. La Science Chrétienne nous aide à discerner le fait que Dieu exige éternellement de l'homme qu'il soit semblable à Lui. Nous comprenons alors qu'il est impossible de résister ou d'échapper à l'obligation spirituelle qui nous impose d'être bons. Celui qui entretient un sentiment de rancœur ou de haine ne fait du tort qu'à lui seul. Discerner l'action de la loi divine, en deviner la profondeur et le pouvoir, percevoir l'emprise absolue qu'elle exerce sur l'homme, c'est là un acte d'amour. L'Amour chérit la nature véritable de l'homme, et de la femme, et il arrache le masque odieux qui prétend être l'homme. Admettre que l'homme est placé sous l'autorité de l'Amour divin est essentiel pour guérir le péché.

Il est indispensable de pardonner, si l'on veut pratiquer la guérison chrétienne avec efficacité. Le pardon nous permet de rester hors d'atteinte du mal. Il émane de l'amour spirituel qui reconnaît l'autorité de Dieu, et l'homme tel qu'Il l'a créé.


Pour découvrir plus de contenu comme celui-ci, vous êtes invité à vous inscrire aux notifications hebdomadaires du Héraut. Vous recevrez des articles, des enregistrements audio et des annonces directement par WhatsApp ou par e-mail. 

S’inscrire

Plus DANS CE NUMÉRO / mars 1996

La mission du Héraut

« ... proclamer l’activité et l’accessibilité universelles de la Vérité toujours disponible... »

                                                                                                                                 Mary Baker Eddy

En savoir plus sur le Héraut et sa mission.