Je Levai Les Yeux et mon regard tomba sur une femme qui, à l'autre bout du magasin, s'apprêtait à partir après avoir terminé ses achats. Elle jeta un rapide coup d'œil autour d'elle, en conclut sans doute que personne ne la regardait, s'empara d'une poignée de sacs de papier et sortit en toute hâte.
C'était une infraction mineure, pourrait-on dire, qu'on ne saurait comparer à l'évasion fiscale, à un cambriolage ou au vol à plus grande échelle. Cette opinion néglige pourtant un point important: le manque de cohérence morale qui se cache derrière un tel acte.
Bien que certains puissent encore avancer que nous ne parlons pas de voler des biens précieux, qu'il ne s'agit que de sacs de papier, le fait est que nous ne devrions pas fermer les yeux sur ce qui est à la base de toute transgression morale. N'est-ce pas là une des leçons qui ressort du Sermon sur la montagne par lequel Christ Jésus attire notre attention non seulement sur la faute morale qui consiste à tuer, mais encore sur la colère qui motive pareil acte ? Voir Matth. 5:21, 22. Lorsque nous nous abstenons de détecter et de corriger les pensées qui mènent à des actes illicites, nous pouvons en quelque sorte parler d’angle mort moral.
Si nous entendons parler d’angle mort, nous pensons à ces petites portions de terrain que le rétroviseur d’une voiture est incapable de refléter. Par prudence, chaque fois que nous changeons de voie, nous ne nous contentons pas de regarder dans le rétroviseur, nous jetons aussi un coup d’œil par-dessus notre épaule pour nous assurer qu’aucun véhicule n’approche sans que nous l’ayons vu.
De même, nous ne devons négliger aucun angle mort dans le domaine de la moralité, qu’il s’agisse d’un acte évident ou d’une pensée irréfléchie. Ce n’est pas par crainte de ce que pourrait nous faire quelque divinité au jugement sévère, ni pour sauver les apparences, mais afin de nous conformer à notre véritable nature.
Comment le justifier? Il peut sembler naturel, voire même permis, de présenter quelques faiblesses morales puisque nous semblons être des créatures faillibles. Pourtant, ce que la Science Chrétienne révèle de notre véritable nature présente un contraste frappant avec les apparences. La Science nous montre que les vagues de ressentiment, le désir répréhensible, la tendance à la critique, ou les « petites » malhonnêtetés ne font pas partie de nous comme nous l’avions cru. Même pas un tout petit peu. Elle nous fait en revanche découvrir que notre identité réelle et chaque aspect de notre être ont leur source en Dieu. Notre nature est le reflet de la nature parfaite, sans aucun défaut, de notre Créateur.
Cette vérité spirituelle peut tout d’abord sembler irréaliste. Elle peut même nous bouleverser si elle s’oppose à un mécanisme de la pensée qui paraît si conforme au bon sens. Pourtant, la compréhension de cette vérité peut aussi apporter un grand soulagement. Elle nous montre, de façon concrète, ce que nous sommes en réalité: purs et bons. Il n’est pas étonnant qu’elle démasque alors en nous les erreurs et les défauts à surmonter, et qui peuvent l’être en raison même de ce que nous sommes.
Mais nous avons peut-être atteint un point où les désirs répréhensibles, les mauvaises habitudes, les tendances pécheresses, etc. sont de moins en moins agréables, où nous les reconnaissons et désirons le corriger, mais sans savoir comment. Comment donc nous en débarrasser?
Celui qui essaye de chasser une mauvaise habitude ou de mettre fin à un égarement moral trouve qu’il est difficile d’avoir à lutter seul. Une détermination obstinée et des efforts purement humains ne donnent pas de résultat bien satisfaisant, lorsqu’on veut dévoiler et corriger l’erreur afin d’en être délivré une fois pour toutes.
Nous avons besoin du secours divin. La puissance qui purifie en profondeur et rachète n’est pas humaine, mais divine. Elle vient à nous lorsque nous comprenons la pureté et la bonté parfaites de Dieu, ainsi que notre identité impeccable, qui émane de Lui. L’entendement humain peut tout au plus imaginer une telle perfection lorsqu’il conçoit l’homme comme un être mortel, matériel. Mais, lorsque nous luttons contre ce faux concept de nous-mêmes, que nous refusons de nous croire des êtres pécheurs par nature, et que nous accordons notre attention à l’Esprit, Dieu, notre pensée s’ouvre à la réalité de notre être en tant qu’expression de l’Esprit. Lorsque nous nous attachons à cette réalité spirituelle, à la perfection de notre être véritable, notre vie subit un changement profond et merveilleux dans cette direction. Nous devenons plus patients, plus intègres, plus respectueux des lois, plus altruistes, bref, plus chrétiens.
Cela ne veut pas dire que toutes les fautes morales disparaissent d’un seul coup! Nous constaterons peut-être que nous continuons à lutter avec une tendance à être emportés ou envieux. Cependant, même si ces habitudes de pensée semblent bien enracinées, nous ne sommes jamais vraiment assujettis à l’erreur. Nous en sommes indépendants pour toujours.
Dieu soutient nos progrès dans les efforts que nous accomplissons afin de déraciner l’erreur grâce à la Science et de christianiser notre pensée. Oui, nous parvenons à surmonter le mal. Nous ne sommes jamais pour un instant privés de l’omnipotence, de la vérité, de l’amour inconditionnel de Dieu. Mary Baker Eddy nous encourage par une douce promesse: « Prenez courage; la lutte contre soi-même est sublime; elle vous occupe pleinement, et le Principe divin travaille avec vous — et l’obéissance couronne d’une victoire éternelle l’effort persistant. » Écrits divers, p. 118.
