Il Y A quelques années, une éruption pénible m'apparut sur le corps. Scientiste Chrétienne, je souhaitais, pour être guérie, emprunter la voie de la prière en m'efforçant de mieux comprendre Dieu, l'homme spirituel (mon identité réelle) et les lois divines liées à la perfection de Dieu et de l'homme. Dans ma situation, mes efforts consistaient parfois à marcher de long en large, les nuits où je ne pouvais pas dormir, cherchant l'inspiration spirituelle et affirmant ma perfection et mon innocence, puisque j'étais la ressemblance de l'Esprit. Je fis certes bien des progrès dans la compréhension de ma véritable identité spirituelle. Mais deux ans environ s'écoulèrent et je commençai à perdre l'espoir d'être guérie. Ce désespoir venait en partie du sentiment de culpabilité que j'éprouvais parce que je me sentais personnellement incapable de faire preuve de suffisamment de maîtrise de soi et de discipline pour cesser au moins de me gratter.
Une nuit, tout en me dirigeant vers mon bureau pour discuter de la situation avec Dieu, si j'ose dire, je m'entendis prononcer intérieurement: « Tu n'en auras jamais fini avec ce mal. Il est inguérissable. » Par le passé, des pensées similaires, des arguments extrêmes insinuant l'impossibilité de guérir, m'étaient souvent venus juste avant un tournant décisif ou une guérison complète. Je savais bien que cet argument ne pouvait provenir que de l'entendement charnel, de l'illusion qu'il existe une intelligence du mal opposée à Dieu, le bien. Il n'émanait certes pas de ce Dieu qui m'aimait, et cette pensée n'était pas non plus de moi. Alors, je me tournai complètement vers l'Entendement pour être inspirée, demandant à Dieu ce qu'Il voulait que je comprenne et que je voie. Comme s'ils étaient prononcés à voix haute, les mots suivants me vinrent clairement à l'esprit: « le sein de Moïse ». Ce fut tout. Je pensai, je l'avoue, que je ferais bien de recommencer et de réitérer ma demande. Mais le message fut le même.
Je me souvins alors de cet épisode de l'Exode où Dieu préparait Moïse à démontrer aux Égyptiens d'où lui venait son autorité. « Mets ta main dans ton sein », dit Dieu à Moïse, « puis il la retira, et voici, sa main était couverte de lèpre, blanche comme la neige. » Puis Dieu ordonna à Moïse de refaire le même geste et sa main « était redevenue comme sa chair » Ex. 4:6, 7.. Dans le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé, Mary Baker Eddy explique: « Il fut démontré scientifiquement que la lèpre était une création de l'entendement mortel et non un état de la matière, lorsque Moïse mit une première fois sa main dans son sein et l'en retira blanche comme neige, atteinte de la maladie redoutée, et qu'aussitôt il fit reprendre à sa main son état naturel par le même simple procédé. Dieu avait atténué la crainte de Moïse par cette preuve en Science divine.... » Science et Santé, p. 321.
Je perçus la vérité de cette explication et ma crainte à moi aussi se trouva atténuée. J'entrevis la nature totalement mentale de cette maladie de la peau quand je mis le concept que j'en avais dans « le sein de Moïse » — dans l'antichambre mentale de la guérison où le Christ, la Vérité, change les croyances humaines en faits spirituels; là où, par cette spiritualisation de la pensée, nous nous trouvons libérés progressivement de l'asservissement à la matière. Le mal commença rapidement à devenir pour moi irréel et, ce pas franchi, les démangeaisons diminuèrent considérablement pour finalement sembler ne plus du tout faire partie de moi. Deux semaines plus tard, il n'y avait plus aucune trace de la difficulté.
Il me fallut un certain temps pour comprendre que plusieurs autres choses, en dehors de la croyance à de la matière malade, étaient également passées par l'antichambre de la pensée pour être transformées. Le désespoir et le découragement, la peur de l'incurabilité et de l'échec, le manque apparent de maîtrise de soi et les sentiments de culpabilité, tout cela avait suivi le même chemin. Ces éléments de la pensée, classifiés en tant que « péchés », n'avaient jamais possédé plus de réalité — ne m'avaient jamais appartenu davantage — que la maladie. J'avais simplement été trompée par l'entendement charnel au point de les prendre pour des adversaires réels, pour des états de pensée véritables, capables de faire obstacle à la guérison. Il ne s'agit pas d'en conclure que nous devons feindre d'ignorer le péché. Notre antichambre mentale n'est pas un lieu où cacher le péché. C'est un endroit où l'on doit percevoir que le péché, tout comme la maladie, est vraiment irréel, n'est pas une personne mais une création impersonnelle de l'entendement mortel, et ne fait nullement partie de la conscience spirituelle de l'homme réel. Voir ainsi que le péché est irréel, que c'est une suggestion agressive en dehors de la structure de l'identité véritable, fait partie de la transformation mentale qui brise l'emprise du péché et nous donne sur lui empire et autorité.
Dans certaines occasions, Christ Jésus fit clairement ressortir, dans son enseignement et dans son œuvre de guérison, qu'il existe un lien entre les erreurs de pensée et les maux physiques. Ainsi, il dit à un homme qu'il venait de guérir: « Ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. » Jean 5:14. Mais il comprenait que, parce que le péché et la maladie étaient l'un et l'autre irréels, tout lien apparent entre eux devait également être mythique et sans pouvoir. La maladie et le péché sont l'un comme l'autre aussi faux que le reste du rêve mortel.
Dans le cas de l'homme né aveugle, les disciples de Jésus demandèrent: « Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? » Jean 9:2. Ils reconnaissaient, de toute évidence, l'existence d'un lien entre l'entendement mortel et son corps, mais ils ne comprenaient pas (du moins à ce moment-là) qu'aucun de ces éléments ne pouvait réellement séparer l'homme de l'Esprit, Dieu. Jésus guérit l'homme de sa cécité, démontrant ainsi son aptitude inégalée à percevoir, au-delà du péché et de la maladie, la spiritualité et l'innocence intactes de l'homme. Il prouvait aussi que la guérison métaphysique produit une régénération morale aussi bien que physique.
Il n'y a pas longtemps, j'ai constaté que j'aspirais vivement à voir plus clairement le néant de la maladie, mais qu'en revanche, il m'était en général bien plus difficile de percevoir le néant du péché. Il est évident, bien sûr, que les malades souhaitent être guéris davantage que la plupart des pécheurs ne désirent être réformés. Mais il est vrai aussi que souhaiter davantage la guérison des malades que la réforme des pécheurs, c'est se méprendre tout autant, puisque la guérison doit s'appliquer aux pécheurs comme aux malades. Notre cœur s'émeut immédiatement devant ceux qui souffrent de maux physiques, mais quel degré de compassion éprouvons-nous envers ceux qui nous apparaissent égoïstes, sans pitié, cupides, irresponsables, sensuels, ignorants, fourbes, blessants, malveillants ?
Que l'offense soit dirigée contre nous-mêmes ou contre une portion importante de l'humanité, abordons-nous le problème en termes de guérison, ou avec colère et ressentiment, voire avec le désir de vengeance ? Souhaitons-nous réellement mettre le péché dans l'antichambre de la pensée où, toutes sans exception, les conditions de la mortalité sont perçues comme des illusions et où le sens spirituel nous montre l'intégralité parfaite de l'homme-Christ ?
Mary Baker Eddy ne mettait aucune limite à son amour pour l'humanité, à son désir de voir tout le monde échapper aux lois de la mortalité. « Les estropiés, les sourds, les muets, les aveugles, les malades, les sensuels, les pécheurs, je désirais les délivrer tous de l'esclavage de leurs propres croyances et des systèmes d'éducation des Pharaons qui, aujourd'hui comme autrefois, retiennent les enfants d'Israël en servitude. » Science et Santé, p. 226.
Alors, pourquoi être plus durs envers les pécheurs, et ne pas aussi volontiers séparer le péché de l'humanité que nous le faisons pour la maladie, afin que le Christ puisse l'effacer sans faire souffrir personne ? Comment parvenir à mieux comprendre et à mieux démontrer le néant de l'erreur mortelle dans sa totalité ? Quelles sont les croyances humaines auxquelles nous semblons nous heurter dans notre travail ?
Le concept mortel limite l'homme, à la fois mentalement et physiquement. Mais l'entendement charnel déclare que les limitations matérielles échappent au contrôle de la conscience. Il dit que nous sommes les victimes impuissantes de la matière, de corps matériels agissant indépendamment de la pensée, faisant de nous ses victimes avant de finir par nous détruire.
Par contre, l'entendement charnel explique que les limitations mentales — les péchés — dépendent de la volonté personnelle, d'un prétendu « libre-arbitre conféré par Dieu. Ce qu'il appelle « homme » est censé pécher librement et être totalement responsable de ce qu'il fait; il ne mérite donc guère de compassion pour son péché et il est destiné par Dieu à l'enfer. De fait, si Dieu Lui-même concevait ainsi l'homme — s'il destinait les pécheurs (et non le péché) à l'enfer au lieu de les guérir — il serait naturel que Ses enfants aient le même sentiment. Sans le vouloir, nous agissons sous l'influence de cette croyance théologique erronée quand nous jetons des pierres, avec un esprit de critique destructif, des jugements sévères, des commérages et des accusations portées contre nos semblables, au lieu de profiter de l'occasion pour nier en silence la réalité du péché et affirmer l'innocence intacte de l'homme.
Le livre d'étude de la Science Chrétienne renferme un énoncé qui est tout à fait saisissant pour ce concept mortel conditionné de l'entendement et du corps. Parlant du Scientiste Chrétien, Science et Santé explique: « Pour lui, la maladie n'est pas moins une tentation que le péché, et il les guérit tous deux en comprenant le pouvoir que Dieu exerce sur eux. Le Scientiste Chrétien sait que ce sont là des erreurs de croyance que la Vérité peut détruire et qu'elle détruira. » Ibid., p. 450.
Voilà un message profond. Mais ce qu'il fait ressortir de plus important, à mes yeux, c'est que nous devons nous montrer conséquents dans notre attitude face à la mortalité. Après tout, c'est la croyance à un entendement distinct de Dieu qui exige un corps matériel limité pour exprimer cet entendement, qui soutient que c'est la matière qui nous donne une présence, l'intelligence et le pouvoir d'agir. Ainsi, nous ne pouvons pas promouvoir la guérison du corps en sacrifiant seulement la moitié de la croyance à la vie mortelle sur l'autel de l'Amour. Ce que nous sommes disposés à placer dans « le sein de Moïse », pour en percevoir l'irréalité, révèle la profondeur et l'impartialité de notre amour pour l'humanité, et détermine en fin de compte notre aptitude à guérir de façon conséquente. Être disposé à voir que le péché ne fait pas partie de l'homme, à aimer sans réserves, donne de l'intégrité à notre amour et le façonne d'un seul tenant, selon le dessein du Principe. C'est là la totalité de notre sacrifice sur l'autel de l'Amour, lorsque nous sommes disposés à nous incliner complètement devant ce que Dieu sait de l'homme.
Le péché et la maladie sont l'un et l'autre des formes d'asservissement à des croyances. Ils sont tous deux des types de pensée hypnotisée. Ils représentent tous deux une croyance à une volonté en dehors de Dieu — à une volonté définie comme impuissante devant la maladie mais pleinement responsable face au péché. Pourtant, c'est toujours une erreur de croire que le mal puisse s'expliquer, que la volonté humaine sache ce qu'elle fait, ou qu'elle représente la véritable conscience. La volonté de Dieu, l'action absolue ou loi du bien, est la seule et unique volonté, et seule cette volonté inclut une pure logique divine et sait ce qu'elle fait. Pour moi, c'est là ce qui explique l'application universelle des paroles de guérison, tellement émouvantes et puissantes, que Jésus prononça sur la croix: « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » Luc 23:34.
La Science de l'être réel est présente, et les enfants d'Israël, mentalement et physiquement, sont de nouveau menés hors d'Égypte, libérés de l'asservissement à tout ce faux rêve mortel de l'existence. Nous sommes ici pour répondre comme jamais auparavant « à la voix du dernier signe » Voir Ex. 4:8., à la voix de la guérison spirituelle.