Au Cours Du XXe siècle, le nombre de Bibles distribuées chaque année a augmenté de manière spectaculaire. Près de treize millions de Bibles ou d'éditions partielles de la Bible étaient diffusées dans le monde en 1900. Pour 1989, la Société biblique américaine indique le chiffre de trois cent millions, et l'on s'attend encore à une augmentation conséquente d'ici la fin du siècle. La propagation de la Parole de Dieu connaît ainsi un progrès remarquable, mais ce progrès s'accompagne d'un recul marqué de l'obéissance aux Dix Commandements, qui constituent une des clefs de voûte de la Bible (Exode). La hausse de la criminalité, la licence sexuelle et la malhonnêteté si largement répandue sont autant de manifestations de ce recul.
Peut-on faire quelque chose pour contrecarrer cette mentalité destructrice qui mine l'essence même de la vie des individus et de la collectivité ? Quelle place accordons-nous aux Dix Commandements dans notre propre vie ? Sont-ils pour nous un texte écrit sur deux tables de pierre, il y a des milliers d'années, au sommet d'une montagne isolée du Proche-Orient ? Sont-ce des règles conventionnelles qui sont devenues, depuis, le fondement de l'éthique juive et chrétienne et de la civilisation occidentale ? C'est ainsi que beaucoup les considèrent, mais n'existe-t-il pas une façon plus élevée, plus spirituelle de mettre en pratique ces commandements dans notre vie quotidienne ? Peuvent-ils servir de base effective à notre prière ?
Cette prière pourrait, par exemple, commencer par déclarer la totalité et l'unité de Dieu, Son pouvoir et Sa présence, qui excluent tout ce qui pourrait les contredire. C'est là le tout premier commandement de notre prière, et Mary Baker Eddy lui donne la priorité absolue lorsqu'elle indique, dans Science et Santé, que le Premier Commandement est son verset préférée. Elle avait déjà écrit plus haut dans le même ouvrage: « Le point de départ de la Science divine est que Dieu, l'Esprit, est Tout-en-tout, et qu'il n'y a pas d'autre puissance ni d'autre Entendement — que Dieu est Amour, et par conséquent Il est Principe divin. »
Ayant pénétré notre conscience de cette compréhension de la totalité et de la suprématie de Dieu en tant qu'Esprit pur, nous pouvons poursuivre en comprenant qu'aucune contrefaçon matérielle — rien qui doive être honoré ou craint, rien qui puisse être pécheur ou malade — ne peut se graver dans cette conscience. « Tu ne te feras point d'image taillée... » Nous vivons plus que jamais dans un monde visuel qui présente de nombreuses images de maladies, de désastres, de discordances. Qu'il est donc important de veiller à ce qu'aucune de ces images négatives, qui présentent une vision matérielle et non pas spirituelle de l'origine de l'homme, ne se grave dans notre pensée ! Dieu, la source suprême et unique du bien, rayonne l'image de ce qu'Il est — perfection, pureté, plénitude — et cette image est l'homme et l'univers.
Quand nous partons de cette base, nous savons que, puisque la Vérité divine est une loi constante et universelle, la Parole de Dieu ne peut être prononcée en vain. Le livre d'Ésaïe l'a exprimé clairement, il y a des siècles, en rapportant ces paroles de Dieu: « Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. »
L'énoncé de la vérité, lorsqu'il est compris, a le pouvoir de guérir, de sauver et de rétablir l'harmonie; il ne retourne pas sans avoir atteint son but, qui est de guérir. La vérité, affirmée et comprise, a un effet immédiat, comparable à celui du souffle du vent: chaque petite feuille, chaque rameau frémit sous sa caresse. Ces paroles: « Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain » représentent bien une injonction, celle du Troisième Commandement, mais nous pouvons aussi les considérer comme un encouragement: elles nous assurent avec douceur que nous ne pouvons pas déclarer la vérité de l'être sans résultat. Si nous désirons être régénérés, obéir à Dieu, chaque vérité que nous affirmons dans nos prières et que nous démontrons dans notre vie contribue à la dissipation des brumes du sens matériel et à la révélation de la réalité spirituelle toujours présente.
Ayant pris conscience du fait spirituel que Dieu est tout, que l'homme est Son image et Sa ressemblance, et que la Parole est puissante, nous pouvons aborder la notion de temps et affirmer que chaque jour est un jour de sabbat, plus encore, que chaque instant de chaque jour est un instant de sabbat, appartenant en totalité à l'Amour divin. En réalité, nous vivons dans l'éternité; les horloges et les calendriers ont été inventés par l'homme et définissent l'espace temporel qui sépare les événements matériels. Dans la conscience divine, l'Entendement, Dieu, il n'existe que l'éternel maintenant. C'est pourquoi chaque instant peut être un instant de sabbat harmonieux qui existe pour que nous puissions adorer Dieu, Le louer et témoigner de Son être. Lorsque nous nous rendons compte que « voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut » (II Corinthiens), nous pouvons vivre littéralement dans ce « maintenant ». Le temps ne guérit pas et la conscience de la perfection toujours présente montre que le temps n'est pas un remède. Dans le jour joyeux de Dieu, il n'y a pas de dur labeur, pas de contraintes, pas de tensions: il n'y a que la satisfaction, la domination et l'épanouissement divins. « Ce jour est le jour du Seigneur ! / Sans crainte en Sa présence, / Que vos voix s'élèvent en chœur / Pour chanter Sa grandeur » (Hymnaire de la Science Chrétienne).
En laissant notre prière se développer selon les principes exposés ci-dessus, nous honorons vraiment notre Père et Mère, Dieu, et faisons ainsi reposer toutes nos relations sur des fondations solides. Puisque nous sommes tous les enfants d'un seul Père, le fait spirituel est que nous sommes tous de la même famille, pleins d'attention les uns pour les autres, unis par le lien de la vraie spiritualité. Ainsi l'harmonie réelle et les relations heureuses apparaissent lorsque nous comprenons le lien fondamental qui nous unit à notre Père-Mère Dieu plein d'amour. L'obéissance aux exigences morales et spirituelles de la loi divine fortifie et épanouit nos jours et nos affections. La sollicitude sincère que nous manifestons envers notre prochain reflète l'amour et la tendresse que nous témoigne notre Père-Mère. Aucune croyance erronée relative à l'hérédité, aux conflits de personnalités, aux frictions au sein de la famille ne peut subsister sous le rayonnement de cet amour guérisseur. Qu'il est rassurant de savoir que nos contacts avec les autres peuvent exprimer la tendresse, la compréhension et la compassion que l'on trouve dans le lien originel qui nous unit tendrement à notre Père-Mère Dieu !
Notre pensée ayant maintenant des bases solides, nous sommes bien équipés pour aller de l'avant et affronter les prétentions du magnétisme animal — le mal — auxquelles il est fait allusion dans les trois commandements suivants: « Tu ne tueras point. Tu ne commettras point d'adultère. Tu ne déroberas point. »
Ne pas tuer. L'entendement mortel, ou croyance dans le mal, voudrait nous faire trouver excusable de tuer dans certaines circonstances; il tente de nous endurcir grâce aux scènes de violence rapportées par les médias ou décrites dans certains films; il tente d'effacer notre tendance spirituelle naturelle à aimer et à secourir les autres habitants de la planète et de nous rendre insensibles aux souffrances de notre prochain. Le matérialisme, ou l'entendement mortel, prétend être capable de détruire notre joie, de nous priver de vie et d'activité, de détruire notre inspiration et de renverser nos idéals les plus élevés. De toute évidence, le message fondamental de ce commandement nous interdit d'ôter la vie à autrui. Et, lorsque nous nous rendons compte, grâce à la Science Chrétienne, que l'homme, le reflet de la Vie, ne peut ni tuer ni être tué parce que la Vie est divine et éternelle, nous acquérons la domination sur la tentation de désobéir.
Ne point commettre d'adultère. Le matérialisme hurle ou murmure que l'homme est charnel, incomplet, sensuel, et qu'il peut trouver joie et satisfaction en se livrant, mentalement ou physiquement, à des actes immoraux. L'adultère a de nombreuses facettes, certaines visibles, d'autres cachées. Il faut tout autant se garder de l'habitude mentale de s'abandonner à des rêveries ou à des fantasmes sensuels que de la désobéissance flagrante au commandement. Toute pensée adultère vient de l'erreur fondamentale exposée dans le second récit de la Genèse, erreur qu'Adam et Ève acceptèrent lorsqu'ils crurent la suggestion du serpent leur affirmant qu'ils étaient incomplets.
Sur un autre plan, le matérialisme voudrait nous amener à « adultérer » la vérité en croyant au bien et au mal, à avilir notre idéal, à corrompre notre vie et à contaminer notre innocence innée, cette innocence conférée par Dieu à l'homme dans le premier chapitre de la Genèse, innocence que n'ont pas ternie les mensonges du serpent.
D'un point de vue spirituel, ce commandement nous assure avec amour que, puisque toute la création de Dieu est bonne, il n'existe en réalité aucun mal pour suggérer un dualisme quelconque; que l'homme créé par Dieu, constamment pourvu de tout ce dont il a besoin par l'Amour divin, est en sécurité, satisfait, complet et comblé. Démontrer ce fait dans la vie quotidienne exige peut-être une sérieuse discipline personnelle, mais la loi de Dieu soutient à fond les efforts que nous faisons pour bien nous conduire.
Ne pas voler. Puisque l'entendement mortel fonde son idée de substance uniquement sur la matière, il prétend que, dans notre univers limité, le vol est inévitable, qu'il est acceptable dans certaines circonstances et caractéristique de l'homme mortel incomplet. C'est là un mensonge, un élément du second récit de la Genèse, qui présente l'homme incomplet et insatisfait. Cette conception mortelle de la vie est pleine de limites et si l'on y adhère, on peut être tenté de voler, que ce soit en pratiquant le vol à l'étalage, en rapportant chez soi des objets du bureau ou en trichant sur ses impôts. Ce commandement nous recommande avant tout de ne pas accepter la conception limitée du bien que Dieu a en réserve pour nous.
Le matérialisme prétend aussi pouvoir nous dérober notre sens spirituel, nous dépouiller de notre efficacité et nous faire perdre notre temps à des frivolités. Encore une fois, si nous considérons la signification la plus élevée du commandement, nous avons la douce assurance que, puisque la Vie et la substance sont infinies, l'homme créé par Dieu n'a ni le désir ni la possibilité de voler ou d'être dépouillé, car, en tant que reflet de son Père-Mère Dieu, il possède à jamais toutes les idées justes.
Chaque suggestion de tuer, de voler ou de commettre un adultère est une tentative faite par l'entendement charnel pour nous induire à croire qu'il y a vie dans la matière. Une fois compris, « l'exposé scientifique de l'être », que l'on trouve dans Science et Santé, annule les attraits de la croyance qu'il puisse exister plaisir ou douleur dans la matière, attraits susceptibles de nous inciter à tuer, à commettre un adultère ou à voler. Nous y lisons: « Il n'y a ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance dans la matière. Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout... »
Après avoir rejeté avec fermeté les prétentions hypnotiques de la croyance que la vie est matérielle en les remplaçant par l'acceptation consciente de la suprématie de Dieu, nous constatons que la seule manifestation qui soit est la manifestation de la présence de Dieu et de Sa création. Le Neuvième Commandement nous dit: « Tu ne porteras point de faux témoignage... » Nous avons vraiment là un fait éternel de l'être: il est impossible à l'homme créé à l'image et à la ressemblance du seul Dieu, qui est totalement bon, d'être autre chose qu'un témoin et une preuve de la perfection divine. Si nous voulons obéir à ce commandement, nous ne pouvons tolérer de mensonge d'aucune sorte. Allant encore plus loin, nous voyons, à la lumière de la Science, que nous ne pouvons nous permettre d'attester ou de manifester aucune imperfection, aucune discordance, que ce soit verbalement, visuellement ou mentalement. Jean rapporte que Christ Jésus a dit à Pilate: « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » C'est là la véritable vocation de chacun d'entre nous.
La guérison instantanée se produit lorsque apparaît le témoignage authentique. Science et Santé l'explique ainsi: « Si l'Esprit ou le pouvoir de l'Amour divin rend témoignage à la vérité, c'est là l'ultime condition, le moyen scientifique, et la guérison est instantanée. »
Enfin, notre prière, ou traitement par la Science Chrétienne, reçoit sa dernière touche lorsque nous reconnaissons la satisfaction, la perfection et l'intégrité merveilleusement impliquées par ces mots: « Tu ne convoiteras point... » Il n'est rien que l'homme spirituel — vous et moi dans notre véritable identité — puisse désirer, rien dont il puisse avoir besoin, dans ce concept de l'être qui inclut tout. Dieu et l'homme ne font qu'un. Ils sont inséparables et complets. La satisfaction de soi ne traduit pas cet état d'esprit, lequel s'exprime plutôt par l'autorité qui nous vient lorsque nous savons qui nous sommes réellement, quels sont nos droits divins et ce que nous possédons déjà en tant qu'enfant bien-aimé de Dieu.
Si nous prenons les Dix Commandements, que nous en fassions la base de notre prière et que nous les appliquions à notre vie quotidienne dans leur sens le plus élevé, nous les ferons revivre. Ces commandements, lorsqu'ils sont gravés sur la tablette de notre existence, sont aussi puissants maintenant qu'ils l'étaient sur le mont Sinaï.
