Il Est Facile de penser à ceux qu'on aime. Nous imaginons volontiers des façons de leur manifester notre amour et de nous rendre sympathiques. Mais qu'en est-il de ceux que nous n'apprécions pas, ou de ceux qui nous ont offensés ? Il peut nous sembler non seulement difficile, mais inconcevable de les aimer ou d'être aimables avec eux !
A bien y réfléchir, n'est-ce pas faire preuve de discrimination ? N'estce pas se poser en juge et choisir l'objet de notre amour si nous l'en trouvons digne ?
L'étude de la Science Chrétienne nous apprend que Dieu est l'Amour et que l'amour de l'Amour n'est pas discriminatoire, mais universel. Chacun de nous, selon sa véritable identité, est l'image et la ressemblance spirituelles de Dieu. Lorsque nous reconnaissons que nous sommes le reflet spirituel de Dieu, donc la manifestation, ou expression, de l'Amour même, nous comprenons que cet amour universel constitue aussi notre nature.
Ces faits spirituels, une fois compris, exercent une influence directe sur nos relations avec autrui. Notre amour repose sur une base toute nouvelle. Nous percevons mieux que notre rôle ne consiste pas simplement à aimer une personne, mais à exprimer l'Amour. En d'autres termes, ce n'est pas tant « qui nous aimons », mais « pourquoi nous aimons », qui devient important.
C'est là le thème essentiel traité par Christ Jésus dans la parabole du Samaritain (voir Luc 10:25–37). Un docteur de la loi, après avoir cité le verset de la loi mosaïque qui ordonne d'aimer son prochain comme soi-même, demanda à Jésus: « Et qui est mon prochain ? » Autrement dit: « Qui dois-je aimer ? » Jésus ne répondit pas directement à sa question, mais lui raconta la parabole du bon Samaritain.
Dans cette parabole, un homme fut détroussé, dépouillé de ses vêtements et grièvement blessé alors qu'il se rendait de Jérusalem à Jéricho. Trois personnes passèrent par là: un sacrificateur, un Lévite et un Samaritain.
Le sacrificateur fit comme s'il n'avait pas vu cet homme ensanglanté et sans défense, et il passa outre. Voilà un homme qui prêchait l'amour d'autrui et qui, pourtant, ne saisit pas cette occasion de vivre l'amour et d'aider quelqu'un qui se trouvait dans un besoin extrême !
Le deuxième passant fut un Lévite, un strict interprète de la loi de Moïse. Or, bien que la loi précise que l'on doit prendre soin même du bœuf de son frère ou de son ennemi, le Lévite ne secourut pas cet homme qui souffrait de graves blessures.
Le sacrificateur et le Lévite choisirent tous deux de ne pas aider. Il est intéressant de constater que même leur statut de chef spirituel ne suffit pas à les inciter à s'occuper de leur compatriote mourant.
La troisième personne à passer était un Samaritain. Il s'approcha de l'homme et sa compassion l'amena à lui porter un prompt secours, qui s'avéra efficace. Son amour universel formait un contraste frappant avec l'amour sélectif du sacrificateur et du Lévite. Le fait que Jésus ait choisi un Samaritain pour illustrer sa parabole revêt une importance particulière: les Samaritains étaient méprisés par les juifs. Étant donné l'animosité qui régnait entre les Samaritains et les juifs, le Samaritain aurait pu se sentir en droit de haïr l'homme blessé et de ne pas s'en occuper. Mais il ne se demanda pas qui pouvait bien être son prochain. Au contraire, il exprima un amour spontané, un amour motivé par la compassion et la générosité.
Cette parabole modifie notre question. Nous ne nous demandons plus « qui est mon prochain ? » mais « suis-je moi-même un bon "prochain" ? » Par cet exemple concret, Jésus indique que notre amour pour autrui ne devrait pas dépendre de la personnalité, mais il devrait être motivé par notre compréhension de l'amour universel, dont l'origine réelle est en Dieu, notre Père-Mère.
On peut toutefois se demander: « Mais qu'en est-il si je ne m'entends pas avec quelqu'un ? Comment puis-je aimer une personne qui ne me manifeste pas la moindre amabilité ? » Une Scientiste Chrétienne s'est trouvée dans cette situation.
Son patron ne lui était pas sympathique. Elle n'était pas la seule à s'en plaindre. De nombreuses collègues éprouvaient les mêmes sentiments et lui exprimaient souvent leur compassion parce qu'elle devait partager avec lui un petit bureau. Elle trouvait cet homme arrogant, malhonnête, paresseux, odieux, égoïste. Il ne l'appréciait pas non plus particulièrement ! En outre, il appartenait à une culture où l'on estimait que les femmes étaient soumises aux hommes et devaient rester à la maison.
Déçue par son patron, cette femme se rendit compte qu'elle réagissait en se montrant froide, égoïste, rancunière. Elle avait choisi de ne pas l'aimer. En fait, elle ne pensait pas qu'il méritait d'être aimé. Elle décida donc que la seule solution consistait à le tolérer à contrecœur. Elle finit par se résigner à son rôle de martyre et se complaire dans son malheur.
Mais, Scientiste Chrétienne, elle savait que les choses ne pouvaient continuer ainsi. Elle pria afin de mieux comprendre Dieu, l'Amour divin, et sa vraie nature d'enfant parfaite de Dieu, nature qui est la même pour chacun. Elle pria afin d'avoir l'humilité d'aimer d'un amour chrétien.
Mieux elle comprenait l'Amour divin, plus il lui semblait naturel de manifester de l'amour aux autres. Elle vit qu'il ne s'agissait pas de savoir qui est digne de notre amour, car chacun est digne de l'amour de Dieu, amour que nous exprimons en réfléchissant l'Amour. Elle comprit qu'en étant aimante, elle témoignait de la présence éternelle de l'Amour, Dieu, et qu'elle suivait le conseil que nous donne Mary Baker Eddy dans Écrits divers: « Nous devrions mesurer notre amour pour Dieu à notre amour pour l'homme; et notre concept de la Science sera mesuré à notre obéissance à Dieu — en accomplissant la loi de l'Amour, en faisant du bien à tous, en communiquant, dans la mesure où nous les reflétons, la Vérité, la Vie et l'Amour à tous ceux qui se trouvent dans le rayon de notre atmosphère de pensée. »
Elle surveilla ses pensées et ses actes. Elle cessa d'être rancunière. Elle resta vigilante et écarta de son esprit tout ce qui n'était pas vrai de l'enfant de Dieu, le reflet de l'Amour.
La guérison spirituelle implique l'élimination de nos idées fausses sur l'homme. Il ne nous appartient pas de réformer les autres, mais de modifier la conception que nous avons d'eux, afin de voir l'homme tel que Dieu l'a créé et non un représentant du genre humain, bon ou mauvais, malade ou en bonne santé, riche ou pauvre, heureux ou malheureux. Demandons-nous: « Qu'est-ce que j'accepte comme réel: l'expression aimante de Dieu, ou un mortel imparfait ? »
Lorsque Jésus dit: « Tu aimeras ton prochain comme toi- même », il ne demanda pas simplement à ses disciples d'aimer leur prochain, mais il leur indiqua aussi comment aimer. Nous devons reconnaître, comme nous le faisons pour nous-mêmes, que notre prochain est l'enfant parfait de Dieu, et non un mortel faillible.
La dame en question modifia aussi son attitude. Elle veilla à ne plus réagir au comportement de son patron, aux commentaires des autres ni aux circonstances, les réactions négatives ne contribuant en effet jamais à la guérison. Elle apprit par cœur la « Règle pour les mobiles et les actes » que l'on trouve dans le Manuel de L'Église Mère de Mary Baker Eddy. Cette règle, qui devint pour elle un guide permanent, s'énonce ainsi: « Ni l'animosité, ni un attachement purement personnel ne doivent déterminer les mobiles ou les actes des membres de L'Église Mère. Dans la Science, l'Amour divin seul gouverne l'homme; et un Scientiste Chrétien reflète les douces aménités de l'Amour, en réprouvant le péché, et en manifestant un véritable esprit de fraternité, de charité et de pardon. Les membres de cette Église doivent journellement veiller et prier pour être délivrés de tout mal, pour ne pas prophétiser, juger, condamner, conseiller, influencer ou être influencés d'une manière erronée. »
Cette personne s'efforça d'appliquer à sa vie quotidienne la compréhension spirituelle qui lui venait de son étude. Elle la vivait, la rendant ainsi pratique.
Au bout de quelques semaines, elle trouva davantage de qualités à apprécier et à respecter chez son patron. De son côté, il commença à rechercher son point de vue. L'antagonisme qui les avait séparés disparut peu à peu. Quand elle donna son congé parce qu'elle quittait la région, elle put en toute sincérité le remercier pour certaines choses précises qu'il lui avait apprises. Il reconnut que l'opinion qu'il avait eue d'elle, au début, était trop abrupte, et qu'il en était venu à l'apprécier tant pour son travail que pour son caractère. Il proposa de lui écrire une lettre de recommandation pour un futur employeur.
Chacun de nous peut choisir d'aimer d'un amour universel plutôt que sélectif. La nature humaine cherche à nous convaincre que nous devrions manifester amour et gentillesse à certaines personnes et non à d'autres. Mais c'est là un amour discriminatoire, fondé sur des opinions et des émotions personnelles.
En fait, il est tout à fait naturel que nous aimions d'un amour universel, parce que nous participons de cet amour. Nous sommes l'expression de l'Amour universel. A l'image de l'Amour infini, notre amour ne connaît pas de limites.
