Lorsque Christ Jésus déclara « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » Jean 4:24., il proposait un enseignement destiné à transformer non seulement le concept traditionnel du Créateur de l’homme, mais aussi le concept de l’être de l’homme.
Mieux que quiconque, Jésus savait que toute identité, née de l’unique Esprit, n’est pas matérielle, mais spirituelle. Il enseignait, et surtout confirmait par des guérisons, que « c’est l’esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien » Jean 6:63.. Il dit à ses disciples de ne pas s’inquiéter des choses matérielles de la vie et du corps. Voir Matth. 6:25.
Penser que nous sommes essentiellement des êtres physiques, plutôt que spirituels, c’est rejeter le vrai culte de l’Esprit divin comme seul créateur de l’homme. Comment honorer pleinement notre Créateur en tant qu’Esprit incorporel, si nous laissons notre attachement à la chair, le fait de nous en rapporter aux sens matériels pour définir le statut de la vie, gouverner l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, tout en pensant être créés par Dieu ?
L’apôtre Paul dit que l’affection de l’esprit est notre lien actuel avec Dieu, l’Esprit infini. Voir Rom. 8:1, 2, 6. en pratique, ce sont les objets de notre pensée, et non les conditions apparentes de notre vie, qui nous amènent à reconnaître et à prouver notre unité avec Dieu. Dans la mesure où nous pensons à la chair (et où nous nous associons à ses prétendus plaisirs, douleurs et limitations), la chair est en nous, et dans cette mesure-là, nous sommes dans la chair.
Être obsédé par le corps physique, tâter son pouls, faire des radios de ses viscères, satisfaire ses appétits, peser sa corpulence, consigner son âge, s’alarmer des rides causées par les soucis ne nous apporte rien sur le plan spirituel ! Il n’y a aucun profit spirituel à tirer de telles préoccupations, il y a même une perte à subir: la perte temporaire de notre compréhension de Dieu, l’Esprit incorporel, et de l’homme, l’exacte ressemblance de l’Esprit.
Le scepticisme du monde tourne inévitablement en ridicule la vérité concernant la spiritualité de l’homme, parce que le monde craint ce qu’il ne peut percevoir. Pour les sens matériels, l’existence de l’homme en dehors de la chair est aussi incompréhensible qu’imperceptible. Le matérialisme dépeint l’homme spirituel comme un spectre, intangible et insubstantiel. Mais il n’y a rien d’effrayant à savoir que notre identité véritable est spirituelle. Cela ne relève pas non plus d’un autre monde. Pour le sens spirituel, l’identité de l’homme est dès maintenant tout aussi tangible — infiniment plus, en réalité — que le corps physique semble l’être pour les sens matériels.
Mais si l’homme n’est pas constitué de chair, de quoi est donc fait notre être spirituel ?
La Bible affirme que c’est en Dieu que « nous avons la vie, le mouvement, et l’être » Actes 17:28.. Il est notre Vie même. L’Ame, avec toute sa santé et sa sainteté, sa joie et sa générosité, est notre seul état véritable. L’Amour divin, avec sa beauté et sa paix, pénètre tout notre être réel. L’Entendement, avec sa sagesse et ses capacités infinies, est la vraie substance de notre intelligence, de notre faculté de voir, d’entendre et de sentir. Le Principe, avec ses lois d’action et de fonctionnement parfaits, environne et gouverne notre identité.
Expression concrète de Dieu, existant en Lui, l’homme participe de la nature divine, de tous les attributs de l’Esprit incorporel. Cela signifie, en particulier, que vous et moi, nous ne sommes pas formés d’éléments matériels, mais spirituels. Les qualités et les idées de l’Esprit constituent notre être réel. C’est ce que Mary Baker Eddy explique, lorsqu’elle écrit dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé: « L’homme est idée, l’image, de l’Amour; il n’est pas physique. Il est l’idée composée de Dieu, incluant toutes les idées justes... ce qui n’a pas une seule qualité qui ne dérive de la Divinité... » Science et Santé, p. 475. On y trouve aussi ceci: « La joie exempte de péché — la parfaite harmonie et l’immortalité de la Vie, possédant la beauté et la bonté divines illimitées, sans aucune douleur ni aucun plaisir corporels — constitue le seul homme véritable et indestructible, dont l’être est spirituel. » Ibid., p. 76.
La joie, l’harmonie, l’immortalité, la beauté figurent donc parmi les éléments spirituels de notre être véritable. Ce sont ces attributs de Dieu qui nous constituent, et nous les exprimons mentalement, non matériellement. Exprimer la bonté de Dieu, c’est l’individualiser, l’inclure par réflexion, non par absorption ni par division. Chaque qualité de Dieu, telle que l’amour, l’intelligence, l’intégrité, la joie, est infiniment une dans l’être.
Comme il en est au ciel, de même doit-il en être sur la terre. Mary Baker Eddy écrit, en parlant de Dieu: « Prier, c’est utiliser l’amour dont Il nous aime. » Non et Qui, p. 39. Il en va de même pour chaque qualité divine que nous exprimons en menant une vie de prière. Par exemple, nous utilisons la force que l’Esprit nous confère chaque fois que nous résistons à la crainte, à la douleur ou au péché et que nous surmontons ces maux. De la même façon, nous utilisons aussi la santé par laquelle la Vie nous maintient et l’abondance que l’Ame nous fournit. Nous utilisons encore l’intégrité à laquelle la Vérité nous incite et l’ordre par lequel le Principe nous gouverne. Lorsque nous écrivons une lettre affectueuse, que nous élaborons un projet utile, que nous prions pour la guérison, nous utilisons l’intelligence avec laquelle Dieu nous connaît.
Ces qualités divines que Dieu nous communique, Il les perpétue en nous. Elles constituent la façon dont nous sommes créés et maintenus en tant qu’image ou idée de Dieu. Nous lisons dans le livre d’étude: « ... Dieu, l’Ame de l’homme et de toute existence, étant perpétuel dans l’individualité, l’harmonie et l’immortalité qui Lui sont propres, communique ces qualités à l’homme et les perpétue en lui par l’Entendement, non par la matière. » Science et Santé, p. 280.
Notre être immortel n’est pas semblable à un objet mécanique fait de plusieurs parties. L’homme inclut tous les attributs de la nature divine, de façon indivisible. L’identité spirituelle ne ressemble en rien à l’organisation physique. Les fonctions et les organes du corps sont les contrefaçons, jamais les contreparties, des qualités divines perpétuées en l’homme. Contrairement à la métaphore habituelle, l’organe de chair qu’on appelle le cœur n’a rien de commun avec la qualité spirituelle nommée l’amour. L’Esprit a créé chacun de nous à sa ressemblance indivisible; les parties du corps présentent une image inversée de cette création.
Pour pouvoir bien saisir ce qui constitue notre être véritable, nous devons démentir ce qui tend à contredire la nature spirituelle de l’homme. Dans le langage de l’Esprit, homme incorporel ne peut signifier rien d’autre que homme inorganique. Les vains efforts que peuvent faire les mortels pour se représenter que les parties du corps correspondent à des attributs divins, ou pour décrire les idées spirituelles comme équivalent à des objets matériels, rendraient l’Esprit anthropomorphe et l’homme spirituel organique et structurel.
Ce ne sera jamais en acceptant soit un Dieu humanisé, soit un physique spiritualisé que nous trouverons le royaume des cieux audedans de nous. Chacune de ces attitudes est une déformation grossière de la vérité de l’être. Au lieu d’identifier l’être de l’homme, comme le fait le matérialiste, à l’estomac, aux poumons, aux pieds, aux genoux ou à toute autre partie du corps, le métaphysicien définit la nature divine que la création de Dieu représente totalement. Il n’essaie pas de faire entrer l’être spirituel de l’homme dans un moule physique.
La race d’Adam, par contre, à l’instar de son ancêtre mythologique, aime beaucoup donner des noms et définir toute chose de façon matérielle, assigner par ignorance des fonctions et des qualités précises au corps physique. Par exemple, les mortels associent l’intelligence au cerveau, la vue aux yeux, le son aux oreilles, le mouvement aux bras et aux jambes. Mais ces classifications mortelles sont des erreurs de croyance et non des faits scientifiques sur notre être véritable. Il n’existe pas de contrefaçon d’une vérité spirituelle.
N’était-ce le nom qu’Adam, ou l’erreur, donne à toute chose, les mortels (au sein du rêve adamique d’une vie dans la matière) pourraient tout aussi bien entendre par le nez et respirer par les oreilles. C’est la croyance universelle, mais fausse, que la matière entend et respire d’une certaine façon prescrite et circonscrite, et non l’action supposée d’organes appelés oreilles et nez, qui semble justifier l’appellation fictive des choses par Adam.
Une lecture inspirée des Écritures montre que les qualités de l’Esprit, qui constituent l’homme à jamais, ne peuvent être attachées ni associées à la chair. Le prophète déclare: « Cessez de vous confier en l’homme, dans les narines duquel il n’y a qu’un souffle: car de quelle valeur est-il ? » Ésaïe 2:22. Saint Paul renverse à tout jamais la croyance que le souffle et les narines ont quoi que ce soit de commun. Il élève notre compréhension et nous amène à percevoir le vrai sens des choses dans son environnement véritable, en dehors d’un cadre mortel erroné. Dans le livre des Actes, l’apôtre dit que c’est Dieu « ... qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses » Actes 17:25..
Poursuivant la logique et la vérité du prophète et de l’apôtre, nous pouvons affirmer: Cessez de croire à l’homme dont l’intelligence est dans le cerveau, dont la sensation est dans les nerfs, dont le discours est dans le larynx, dont le mouvement est dans les mains et les pieds, car de quelle valeur est-il ? C’est Dieu, l’Esprit incorporel et inorganique, qui seul donne à Sa ressemblance, l’homme, l’intelligence, la sensation, le discours, le mouvement, ainsi que la faculté d’entendre et de voir.
Le monde considère que la vue réside dans un organe visuel constitué de l’iris et de la pupille, du cristallin, d’humeurs et de muscles. L’étudiant de la Science Chrétienne apprend à se détourner de ce concept et à percevoir au contraire que, dans son sens métaphysique, le terme biblique des yeux (comme, par exemple, dans la déclaration que Dieu a les yeux « trop purs pour voir le mal » Hab. 1:13.) représente une qualité incorporelle d’un Dieu qui voit tout, qualité définie dans le livre d’étude comme « discernement spirituel — non matériel, mais mental... » Science et Santé, p. 586.
Le discernement spirituel, l’une des qualités de Dieu qui constituent l’homme, est inorganique. Alors que l’organe de chair est limité, la qualité spirituelle est infinie, indépendante de la matière; elle n’est enfermée dans aucun élément de l’anatomie humaine et n’en dépend en rien. Le discernement spirituel n’est pas une partie de l’homme qui puisse se localiser en lui ou sur lui. Le discernement est une qualité, non un caractère physique. En tant que tel, il pénètre l’être entier de l’homme, comme tous les attributs de Dieu, tels que la santé, la miséricorde, l’amour, la force.
En réalité, nul n’est privé de la vue véritable. A mesure que nous découvrirons et démontrerons la vérité de notre nature spirituelle à la ressemblance de Celui qui voit tout, nous constaterons que le discernement parfait est créé et maintenu par l’Esprit, non par la matière, et que, par conséquent, il échappe à une définition mortelle, erronée, de la vie. L’erreur de croire que la vision réside dans les limites de la matière tend à restreindre l’infini, à exposer la vue aux périls mortels des accidents, à la détérioration, à la perte. Cette erreur est l’inverse et la contrefaçon de ce qui est vrai.
Jésus corrigeait cette impression fausse en guérissant les malades. Il savait que les qualités indestructibles de l’Esprit, perpétuées en l’homme, sont inorganiques, que c’est « l’esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien ». L’effet de sa connaissance spirituelle n’était pas de faire perdre leurs yeux aux aveugles, ils retrouvaient au contraire la vue. L’effet du travail de guérison de Jésus était toujours une amélioration sur le plan humain: une main desséchée redevenait normale, les jambes impotentes retrouvaient le pouvoir de marcher, une hémorragie chronique était guérie de façon permanente. Mais dans chaque cas, la force motrice de ces rétablissements était toujours la causation spirituelle. Dans chaque cas, le Maître faisait intervenir une vue plus élevée de la nature éternellement parfaite de l’homme. De nos jours, aussi sûrement qu’au temps de Jésus, la pratique de la métaphysique chrétienne, qui affirme et met en application la vérité concernant l’être spirituel de l’homme, maintient une juste utilisation de toutes choses, à chaque stade de l’existence.
Ce qui constitue l’homme, c’est-à-dire les qualités et les idées de Dieu, n’a aucune contrepartie dans la chair. Si c’était le cas, qui pourrait dire, par exemple, à quelle partie du corps appartient la joie ? Au lobe de l’oreille ? A la rate ? Ou peut-être au coude ? La joie que Dieu nous donne à tous d’exprimer n’est pas un produit ou un morceau du corps matériel; en tant que qualité de l’Esprit omniprésent, individualisée en chacun de nous, la joie transforme cependant ce que le monde appelle le corps physique, qui n’est qu’une fausse image temporelle de notre identité spirituelle, mais sans s’y conformer le moins du monde ni s’y inscrire.
Le fait que nous voyons la joie s’exprimer extérieurement par un sourire, un pétillement du regard, par des mains qui applaudissent, une inflexion de la voix, des pieds qui tapent en cadence, souligne la vérité que la joie et toutes les autres qualités de Dieu (dont la vue, l’ouïe et le mouvement) constituent l’être intégral de l’homme, et non pas simplement une portion. La Science Chrétienne enseigne que l’homme est la pleine manifestation de l’Esprit, dont l’être, constitué par Dieu, est complet.
Mary Baker Eddy écrit: « Comprendre que l’Entendement est infini, non limité par la corporalité, qu’il n’a besoin ni de l’œil pour voir, ni de l’oreille pour entendre, ni de muscles ni d’os pour se mouvoir, c’est faire un pas vers la Science de l’Entendement par laquelle nous discernons la nature et l’existence de l’homme. » Ibid., p. 84.
C’est seulement de cette façon à la façon de l’Esprit infini, incorporel, inorganique, que nous parvenons à savoir avec certitude de quoi est fait chacun de nous, en son état d’homme créé par Dieu, éternellement un, en qualité, avec son Créateur.
