Extrait du Boston Globe, 9 octobre 1988
[Pour répondre à une demande d’interview émanant du Globe, un homme, dont la femme et les enfants avaient été assassinés un an auparavant, a envoyé une lettre à ce journal, une lettre sur l’amour. Nous vous en soumettons quelques extraits.]
« Je n’aurais jamais pu survivre à la douleur et je ne saurais continuer à exister maintenant, sans l’amour dont j’ai été entouré et qui ne cesse pas de me soutenir.
« Cet amour a été, pour moi, la lumière qui luit dans les ténèbres. Mes amis et les membres de ma famille ont fait en sorte que je trouve toujours un endroit pour dormir, un foyer pour prendre mes repas, une épaule sur laquelle pleurer... l’occasion de m’épancher, une petite carte pour dire: “Nous pensons à toi avec toute notre affection”. Ils ont veillé à ce que je sois protégé des intrusions des journalistes. Cela n’a pas duré seulement quelques semaines, mais des mois et des mois jusqu’à aujourd’hui. J’ai ressenti l’affectueuse sollicitude des membres de mon église, de ma localité et de tous ceux qui partagent la même foi.
« Une église m’a envoyé un bouquet de roses blanches, et chaque fleur représentait une famille qui avait promis de prier pour moi. Des inconnus m’ont fait parvenir des cartes, des livres et des publications qu’ils pensaient susceptibles de m’aider (et cela a souvent été le cas). J’ai particulièrement été touché par les lettres que m’écrivaient ceux dont on avait aussi assassiné les proches. Je sais maintenant ce qu’ont connu tant d’autres qui sont passés par la violence, la guerre, la famine et la peste. Il n’y a pas de rétribution dans ce monde et la vie est injuste. Mais il y a l’amour et, en définitive, c’est tout ce que nous possédons. ..
« J’ai la ferme conviction que notre société est responsable d’une bonne partie de la violence qu’il nous faut affronter. Les informations, le cinéma, la télévision et la littérature sont constamment obsédés par les crimes... Nous partageons tous cette responsabilité chaque fois que nous allons voir un film ou que nous regardons une émission de télévision où sévit la violence, chaque fois que nous achetons un journal parce que les gros titres parlent de violence. On ne peut pas faire comme si rien ne se produisait, mais on ne doit pas non plus se laisser obséder.
« Quand il m’a fallu exprimer mes sentiments les plus profonds sur la vie et la mort de Priscilla, d’Abby et de Billy, voici ce que j’ai choisi de faire inscrire sur la tombe: “La lumière a brillé dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas été les plus fortes” (Jean 1:5, traduit de l’anglais); “L’amour ne périt jamais” (I Cor. 13:8, version synodale). »
Reproduit avec l’autorisation d’Andrew Gustafson.
Éternel ! tu me sondes
et tu me connais...
Où irais-je loin de ton esprit,
et où fuirais-je loin de ta face ?
Si je monte aux cieux, tu y es ;
si je me couche au séjour des morts, t’y voilà.
Si je prends les ailes de l’aurore,
et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer,
là aussi ta main me conduira,
et ta droite me saisira.
Psaume 139:1, 7–10
