« Justifier [des propos mensongers au service d'un “noble” but] reviendrait à dire que de tels propos appartiennent à la catégorie des “mensonges utiles” dont parle Platon... Estimer que la fin justifie les moyens, ou, pour reprendre l’ancienne formulation des casuistes, considérer qu’une intention légitime justifie tout ce qui concourt à sa réalisation, voilà qui est typiquement moderne. Mais ce n’est pas juste.
« Il est certain que les moyens mis en œuvre pour parvenir à quelque fin ont une valeur morale qui leur est propre. Il est certain que je ne respecte pas l’image de Dieu en mon prochain si je conspire pour le berner. Il est certain qu’en faisant de la publicité mensongère pour faire connaître un produit à des gens qui attendent de moi la vérité équivaudrait, même à petite échelle, à faire le mal en espérant qu’il en résulte du bien, procédé condamné par Dieu. Il est certain que le diable est le père des mensonges pieux aussi bien que des mensonges nuisibles. Il est certain que le vieux dicton “qui vole un œuf, vole un bœuf” a raison.
« Samuel Johnson, ce géant du XVIIIe siècle pétri de bon sens chrétien, a dit: “Habituez continuellement vos enfants à ceci: si quelque chose se déroule devant une fenêtre et qu’ils disent, en racontant les faits, que cela s’est produit devant une autre fenêtre, ne le laissez pas passer, mais reprenez-les immédiatement; vous ne savez pas où s’arrêtera le non-respect de la vérité.” L’empressement des chrétiens d’aujourd’hui à recourir à des exagérations et à des mensonges laisse à penser que certains d’entre nous n’ont pas été éduqués selon ce sage principe du respect scrupuleux des faits...
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