Les feux d’artifice et l’Ouverture 1812 de Tchaïkovsky constituent une approche remarquable, mais peut-être penserez-vous comme moi qu’on n’y retrouve pas totalement l’essence de la liberté.
Le mot liberté, c’est vrai, est un mot exaltant. C’est sans doute le cri de ralliement le plus utilisé dans le monde entier au service des hommes et des causes.
Instinctivement, nous revendiquons la liberté non seulement pour nous-mêmes, mais pour tous. Nous voulons être libérés de la tyrannie extérieure, libérés du doute de soi, d’un esprit défaitiste et de tout ce qui tend à s’opposer à l’accomplissement humain.
Mais, lorsqu’on fait l’expérience de la véritable liberté, celle-ci s’avère être bien différente de l’effet créé par les instruments à percussion et les spectacles aériens. Elle révèle des profondeurs insoupçonnées.
Nous découvrons, par exemple, que le combat victorieux pour la liberté ne se ramène pas toujours à une lutte physique ni à des efforts purement personnels. Il se peut qu'on doive renoncer davantage à la volonté et à l’autoritarisme qu’à toute autre chose. Et il s’avère que la liberté ne se caractérise pas simplement par une absence de contraintes. Ceux qui sont injustement emprisonnés dans de terribles circonstances acquièrent parfois une liberté bien plus grande que tout ce qu’ils ont connu auparavant. Ils parviennent à se libérer de points de vue bornés et conventionnels et de visées égoïstes. Et ils ont ainsi plus de liberté que leurs geôliers, c’est-à-dire plus de dignité et de force.
Incarcérés ou non, bien des gens se sentent prisonniers des limites et de la routine de leur vie. Pour certains, c’est l’égotisme ou l’amour de soi qui les tient en otages. Pour d’autres, c’est une sorte de dépréciation de soi continuelle. Afin d’être vraiment libres, il nous faut évidemment dominer ce qui tend à restreindre le plus notre liberté. Et, en fin de compte, plus que les agissements d’autrui, ce sont les pensées erronées que nous entretenons qui pourraient nous priver de notre liberté. Dans la Bible, l’Ancien Testament montre ce qui constitue une force irrésistible: « Je marcherai au large, car je recherche tes ordonnances. » Et le Nouveau Testament est encore plus explicite: « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »
Il est parfois surprenant de se rendre compte à quel point nous nous préoccupons des pensées et des actes d’autrui à notre égard. Mais n'est-il pas tout à fait vrai que nous jouissons déjà de la plus grande liberté, indépendamment de ce que font les autres ? Nous possédons des qualités innées qui nous viennent de Dieu. Exprimer dans notre vie ces qualités — l’honnêteté, la bonté, l’affection, le courage moral et la douceur — c’est discerner en partie « l’Esprit du Seigneur » et la véritable liberté.
N’est-ce pas la pensée qui, fondamentalement, nous prive du sentiment d’être libre ? Ainsi, quelle place accordons-nous au mépris de soi, au doute et à la conscience continuelle de nos faiblesses ? Si la réponse est « une place considérable », nous ne faisons pas exception. Nombreux sont ceux qui ont une piètre opinion d’eux-mêmes.
Mais devrions-nous vraiment avoir une haute idée de nous-mêmes si nous ne le méritons pas ? De la réponse à cette question dépend la mesure de liberté à laquelle nous pouvons nous attendre dans la vie.
Bien sûr, personne ne doit fermer les yeux sur ce qui nécessite une transformation. Il se peut que nous devions progressivement faire face à toute une série de défauts cachés tels que la tromperie, la jalousie, l’égocentrisme, l’ambition forcenée, l’orgueil, la sensualité, etc., afin de les éliminer. Nous connaîtrons des moments où, forcés de nous examiner à la lumière crue de nos actes, nous éprouverons de la gêne. Ce processus de transformation du vieil homme en l’homme nouveau est ce qui rend le christianisme fonctionnel.
Mais c’est Dieu qui nous incite à nous corriger. Cela n’a rien à voir avec la sérénade du doute de soi et de l’autopunition dans laquelle l’entendement mortel humain se retranche et s’enferme. Cette attitude, qui ne donne rien de très fructueux, est en fait destinée à entraver toute envolée vers l’Esprit, non à la favoriser.
L’une des plus importantes questions ayant trait à la liberté est peut-être celle-ci: « Qu’est-ce que je considère mériter, et pourquoi ? » « Ai-je le sentiment de ne pas mériter grand-chose ? »
Une vieille histoire circule en Nouvelle-Angleterre à propos d’un clochard qui vient frapper à la porte de quelqu’un pour mendier. « Avez-vous du pain ? » demande-t-il.
« Oui », dit sèchement la ménagère. « Accepterez-vous du pain rassis ? »
« Oui », répond le clochard.
« Eh bien ! dans ce cas, revenez dans une semaine. Je n’ai que du pain frais pour l’instant. »
La Science Chrétienne
Christian Science (’kristienn ’saïennce) démontre que nous ne sommes pas des êtres matériels ni des pécheurs déchus qui finiront un jour par être dignes de l’amour de Dieu. D’un point de vue chrétiennement scientifique, nous en sommes dignes maintenant même, non pas à cause de ce que nous sommes humainement, mais parce qu’en réalité nous ne sommes pas ce qu’on nous a fait croire à tort que nous étions. Notre véritable individualité, par laquelle Dieu S’exprime, existe et elle est libre. Tel est le point de vue du christianisme scientifique.
Mary Baker Eddy, qui découvrit la Science Chrétienne en laquelle elle vit la continuation du christianisme pratique de Jésus au xxe siècle et dans les siècles à venir, a écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Jésus traça le chemin. » Et elle décrit ce qu’elle pense être essentiel à ce chemin: « En discernant les droits de l’homme, nous ne pouvons manquer de prévoir le sort de toute oppression. L’esclavage n’est pas l’état légitime de l’homme. Dieu créa l’homme libre. »
Étant donné que cet homme spirituel est l’image et la ressemblance de Dieu sans cesse exprimée par la grâce constante de Dieu, il nous est possible de découvrir toujours plus ce moi réel. Le Christ, la Vérité, nous permet de comprendre pourquoi nous pouvons réussir à nous défaire du sentiment de démériter et de la vie qui en résulte pour découvrir la liberté remarquable qui accompagne « l’homme nouveau ». Cet homme-là n’a pas démérité, étant donné la nature de Dieu et étant donné que ce qu’Il crée en l’homme est incontestablement bon et totalement méritant.
On pourrait peut-être dire que Jésus a déclenché le mouvement de libération le plus radical que le monde ait jamais connu. N’a-t-il pas promis que ceux qui demeureraient dans sa parole — qui vivraient ses enseignements — connaîtraient la liberté ?
Il ne parlait pas de vaincre l’armée d’occupation romaine. Et pourtant ses paroles étaient tout à fait concrètes et humaines. Nous voyons qu’il indiquait non seulement la voie qui fait sortir du péché et de la maladie, mais aussi le chemin qui libère d’une conception matérialiste et contraignante de la vie, conception très éloignée de la réalité divine.
Voilà la vraie déclaration universelle de l’indépendance de l’humanité et son mouvement de libération auquel nous devons nous consacrer entièrement. Seuls la joie spirituelle intérieure et un engagement total envers la cause de la libération ultime de l’humanité semblent en mesure de fêter la liberté.