A Cambridge, près de Boston, sur la berge du fleuve sinueux, le Charles River, se dressent les bâtiments majestueux du Massachusetts Institute of Technology. On peut lire, vigoureusement gravés sur les murs des bâtiments, les noms de ceux qui ont apporté une contribution substantielle aux progrès de l'humanité: Newton, Aristote, Wren, Gutenberg, et bien d'autres. De prime abord, il peut sembler décourageant de comparer nos réalisations aux leurs; mais n'est-il pas rassurant de savoir que nous reflétons le même Entendement divin, infini, que ces grands hommes ? Leur aptitude à libérer leurs semblables de l'ignorance et des limitations nous révèle les possibilités inhérentes à notre être qui reflète l'Entendement créateur.
Un Scientiste Chrétien qui exerce un art trouvera grand avantage à approfondir sa compréhension du synonyme divin, l'Entendement. L'Entendement divin, la Cause première, est le créateur, l'acteur, l'auteur, l'architecte, que personne ne peut égaler. Il s'ensuit que la meilleure chose qu'un Scientiste Chrétien puisse faire pour lui-même, chaque jour, c'est de se réserver un moment de tranquillité pour écouter attentivement l'Entendement et pour déclarer son identité véritable d'enfant spirituel, complet, de l'Entendement infini. C'est une façon de demeurer « sous l'abri du Très-Haut » et de reposer « à l'ombre du Tout-Puissant » Ps. 91:1..
(Reconnaissons, pour commencer, que chacun de nous est, dans une certaine mesure, un artiste. Un repas préparé avec amour peut être une œuvre d'art; il en va de même pour un dessus de lit exécuté en patchwork, un meuble fait à la main, un jardin soigneusement entretenu. L'expression artistique découle tout naturellement du fait que nous reflétons l'Entendement infini. Que nous soyons frais émoulus de l'université ou que nous estimions qu'il est trop tard pour essayer quelque chose de nouveau, cela n'a aucune importance. Nous pouvons commencer là où nous en sommes. Et nous pouvons tous jouer un rôle essentiel: apprécier l'art.)
Un article de Mary Baker Eddy au sujet de son poème illustré Christ and Christmas [Le Christ et Noël] nous apporte la preuve convaincante qu'il est sage de suivre les directives de l'Entendement. Voici ce qu'explique Mary Baker Eddy: « J'insistais pour que le serpent fût placé derrière la femme dans l'illustration intitulée Seeking and Finding [Cherchant et Trouvant]. L'artiste, à son chevalet, s'opposait, comme il le faisait souvent, à ma façon d'exprimer l'Ame au moyen du pinceau; mais, comme d'habitude, il céda finalement. Quelques jours après, on me montra le passage suivant tiré de la traduction de Rotherham du Nouveau Testament — je ne l'avais jamais vu auparavant: “Et le serpent lança de sa gueule, derrière la femme, de l'eau comme un fleuve, afin que le fleuve l'entraînât dans les eaux.” Apoc. 12:15. Mary Baker Eddy employait la version King James de la Bible, dans laquelle on lit: « Et le serpent, de sa bouche, lança de l'eau comme un flot vers la femme, afin de l'entraîner dans le flot. » » L'article se poursuit par cette déclaration puissante: « Ni finesse, ni point de vue, ni perspective matériels ne guident l'Entendement infini et la vision spirituelle qui devrait guider et guide effectivement Ses enfants. » Écrits divers, p. 373.
J'ai eu l'occasion d'apprendre ce qu'est cet abandon de la perspective matérielle. A certaine époque, je me suis beaucoup intéressé à l'organisation scientifique du travail et j'ai suivi des cours sur ce sujet. Des idées très utiles nous ont été données, mais je me suis vite rendu compte qu'en fait, la meilleure façon de s'organiser — en fonction d'un temps limité ou de toute autre limitation — c'est d'accepter sincèrement le fait spirituel que l'homme est gouverné par le Principe divin. Tout ce qui existe réellement est gouverné par le Principe divin. Ce gouvernement est universel, c'est le seul gouvernement véritable. Dans l'existence quotidienne, il dissipe l'impression hypnotique d'être sous pression ou surchargé. La volonté de Dieu pour l'homme comporte l'ordre, l'harmonie, la maîtrise; cette vérité se manifeste visiblement dans la réalisation de nos projets artistiques.
Un autre synonyme de Dieu auquel peut s'identifier l'artiste, c'est l'Ame. Dans les œuvres de Mary Baker Eddy, l'Ame est associée à la joie, à la beauté, à l'harmonie, à la pureté, à l'immortalité, au rayonnement. Aucune limite n'est imposée au bon, au beau et au bien qui nous parviennent parce que nous reflétons l'Ame. La compréhension de ce fait entraîne des résultats pratiques dans notre vie, résultats qui sont liés à la joie de l'Ame.
Pendant une période où j'étais déjà très occupé, il m'avait été demandé un travail supplémentaire pour la musique de l'église. Je me sentais accablé par cette tâche, jusqu'au jour où j'ai relu la parabole des noces du fils du roi. Voir Matth. 22:1–14. Dans cette parabole, Christ Jésus nous dit qu'à son entrée dans la salle, le roi vit un homme qui ne portait pas d'habit de noce. Comme cet homme ne pouvait lui en donner la raison, le roi ordonna à ses serviteurs de lui attacher les pieds et les mains, et de le jeter « dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents ».
Il y avait là un message à mon intention: en effectuant ce travail, je devais porter le vêtement de la joie et de la louange, sinon, même dans cette situation, je pouvais mériter la réprimande sévère de notre Maître. J'ai aussi été aidé par ce verset des Psaumes: « L'Éternel est ma force et mon bouclier; en lui mon cœur se confie, et je suis secouru; j'ai de l'allégresse dans le cœur, et je le loue par mes chants. » Ps. 28:7. Toute impression de surmenage a disparu et j'ai ressenti la liberté des enfants de l'Ame.
Lorsque nous pratiquons un art — quel qu'il soit — nous pouvons déposer nos fardeaux terrestres: manque de confiance en soi, suffisance, anciens ressentiments, et toutes les autres impuretés. Alors, la pureté de l'Ame brille à travers notre œuvre. Remarquons ce que disait John Rubinstein à propos de son père, le pianiste Artur Rubinstein: « ... lorsqu'il jouait, il avait quelque chose de plus: une sorte de pureté... Au piano, son être était absolument sans mélange, et cette pureté se communiquait directement de son esprit et de son cœur à sa musique et, de la musique, tout droit à ceux qui l'écoutaient. » Carol Montparker: « John Rubinstein: Life with Father » [John Rubinstein: La vie avec mon père], Clavier, Janvier 1987, p. 13.
L'entendement mortel, ou erreur, arbore de multiples masques: temporisation, crainte, sybaritisme, ennui, épuisement, ainsi que tous les clichés qui représentent l'artiste comme hypersensible, tourmenté et prenant tout au tragique. Nous pouvons lever ce masque de l'erreur en cédant, dans nos activités quotidiennes, aux impulsions de l'Entendement et de l'Ame. Le fait est que nous reflétons l'énergie divine, qui est illimitée. Notre identité véritable est parfaite et complète, « cachée avec Christ en Dieu » Col. 3:3. de toute éternité. Il n'existe pas de grande muraille du mal à travers laquelle nous devions nous tailler péniblement un chemin. Il nous suffit de prendre conscience de notre individualité spirituelle et de savoir que Dieu est avec nous, à chaque pas, sur notre chemin du sens à l'Ame. Mary Baker Eddy écrit: « L'Entendement infini crée et gouverne tout, de la molécule mentale à l'infinité. Ce Principe divin de tout exprime la Science et l'art à travers toute Sa création, et l'immortalité de l'homme et de l'univers. » Science et Santé, p. 507.
L'avenir nous comblera de moments très intéressants, à mesure que tomberont les barrières qui se dressent entre les arts — et entre les arts et les sciences de la nature. Nous efforçant d'être de bons Scientistes Chrétiens, nous serons conduits à exprimer le discernement, le dévouement, la spontanéité, l'inspiration, l'intégrité, l'originalité. Nous nous ouvrirons à de nouvelles idées et à de nouveaux concepts. Des talents cachés pourront se faire jour. Nous trouverons le courage d'entreprendre des choses qui semblaient impossibles. Nous verrons nettement que la beauté et l'intelligence ne sont pas dans la matière, mais dans l'Ame et dans l'Entendement. Nous devrions pouvoir dire, par exemple: « Je suis un Scientiste Chrétien qui fait de la sculpture », et non: « Je suis un sculpteur qui étudie aussi la Science Chrétienne ».
La Science Chrétienne n'élimine pas la nécessité de travailler dur, je suis désolé, mais c'est comme ça ! Cependant, le travail de la Science aiguisera notre discernement et précisera nos objectifs. Chaque fois que nous aurons fait un effort personnel pour parvenir à un niveau supérieur, ce niveau peut devenir, dès lors, notre seuil inférieur. Les progrès s'effectuent soit pas à pas, soit par bonds. Dans un cas comme dans l'autre, les qualités que Dieu nous confère transformeront nos réalisations; il y brillera quelque chose de noble, de spirituel. Quelle que soit la tâche que nous ayons à accomplir, nous pouvons toujours nous tourner vers Dieu et vers notre compréhension de Sa création parfaite. Dieu nous nourrit et nous chérit tendrement. Il nous prépare la voie. Il nous donne la force d'accomplir Son dessein, et c'est à Lui que nous devons toute louange et toute gloire.
