C'était mon premier mois de stage dans l'enseignement et on m'avait donné un groupe d'adolescents dont les notes avaient toujours été très médiocres. L'école les avait jugés incapables de jamais faire mieux et, par conséquent, on exigeait très peu d'eux.
« Oh, ne vous en faites pas », me dit un élève. « Ce n'est pas la peine de vous donner tant de mal. On ne peut pas y arriver de toute façon. Tout le monde sait que nous sommes trop bêtes. »
« Tout le monde sauf moi, répondis-je, et je refuse d'y croire ! »
Sur le coup, j'avais intuitivement rejeté le préjugé, mais je me rendis compte plus tard qu'en l'occurence, il me faudrait plus que de la compassion humaine.
En tant qu'étudiante de la Science Chrétienne, je comprenais que Dieu était la source de toute intelligence, qu'il était le seul Entendement infini, reflété par chacun de Ses enfants sans exception. Je savais aussi que, puisque Dieu, l'Entendement, est la source de toute bonté, Il donne à tous également et sans mesure; le grand amour de Dieu pour Ses enfants est équitable et complet, non pas fugitif et insuffisant.
Je savais que mon enthousiasme débordant ne suffirait pas à la tâche. Ce qui était nécessaire, c'était une compréhension spirituelle éclairée du fait que l'homme créé par Dieu, Son image et Sa ressemblance, n'est jamais limité, jamais réduit en esclavage par une croyance, une opinion quelconque. Cela n'avait vraiment pas d'importance que l'étiquette attachée à ces élèves porte le nom de « troubles d'apprentissage ». Ce qui importait, c'était que Dieu, notre Père-Mère, ne catalogue pas, qu'il ne prescrit pas de limites.
Christ Jésus n'acceptait pas les épithètes débilitants attachés aux personnes. Au lieu d'admettre les qualificatifs de lépreux, de paralytique, d'épileptique, il guérit les personnes souffrant de ces troubles. Lorsque des gens venus en foule écouter le Maître toute une journée se trouvèrent affamés, Jésus n'accepta pas comme définitive l'affirmation de ses disciples, estimant qu'ils avaient bien trop peu de provisions pour nourrir tout le monde. Au lieu de cela, il « prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il les bénit. Puis, il les rompit, et les donna aux disciples, afin qu'ils les distribuassent à la foule. » Luc 9:16. Non seulement la multitude fut nourrie, mais il resta douze paniers pleins de morceaux. Jésus réfuta la notion de pénurie. Comprendre que Dieu prodigue le bien à l'infini nous donne la possibilité de prouver que la pénurie ne se justifie pas.
Dans le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé, Mary Baker Eddy déclare: « L'Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations. C'est la fontaine jaillissante qui crie: "O vous tous qui êtes altérés, venez à la source des eaux !" » Science et Santé, p. 13.
Cet Amour impartial, universel, ce Dieu parfait et toujours présent, cet Entendement infini, qui crée continuellement, constitue, pour nous tous, une présence immédiate. « Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse » Ps. 46:2., non seulement plus tard, mais dès maintenant, ici même. Il est tout à fait capable de nous guérir de la crainte, d'un sentiment d'incompétence, ou de la maladie.
Je savais que mes élèves pouvaient être réceptifs à l'esprit généreux du Christ, l'esprit de Vérité, qui ne classe jamais personne comme incapable, qui ne reconnaît pas de cas désespéré. Et je savais que je pouvais m'attendre à voir se manifester en eux la vivacité d'esprit et l'intelligence. Ce n'était pas simplement prendre ses désirs pour des réalités, mais c'était comprendre le droit que Dieu donne aux élèves d'exprimer la plénitude de l'Entendement illimité en leur qualité d'enfants de Dieu.
Ce fut une bonne classe. A la fin du trimestre, même le professeur qui supervisait mon travail se montra très surpris par les résultats. Trois de mes élèves reçurent des notes qui les firent sortir de la voie de garage où ils étaient relégués depuis des années, pour aller dans une classe plus stimulante.
La guérison chrétienne, fondée sur la compréhension des libéralités impartiales de Dieu, sur la certitude que l'homme reflète la nature divine, nous permet d'ôter les étiquettes limitatives et d'aller de l'avant.
