En 1980, au cours de l’hiver, mon frère cadet s’est suicidé. Ce fut un choc terrible pour mes parents et pour moi. Tous les quatre, nous avions toujours formé une famille unie. Nous savions que mon frère traversait une période très difficile et son profond désespoir nous donnait bien des inquiétudes, mais nous avions présumé, à tort, qu’une personne aussi entourée de l’amour de sa famille et de ses amis ne pouvait commettre un tel acte.
Moins d’une heure après avoir appris la nouvelle, j’appelai un praticien de la Science Chrétienne. Je n’oublierai jamais l’autorité avec laquelle il me parla immédiatement au téléphone. Avec bonté, mais aussi avec fermeté, il m’aida à reconnaître que mon frère était un avec son Père-Mère Dieu, exactement comme il l’avait toujours été.
Cette pensée me donna beaucoup de force durant les quelques heures qui suivirent, alors que je rejoignais la maison par avion et faisais de mon mieux pour soutenir mes parents. Tard dans la nuit, cependant, lorsque tout le monde fut couché, je me rappelle que je ne pouvais m’endormir en pensant que la vie ne valait plus la peine d’être vécue dorénavant pour nous trois, puisque nous ne pourrions plus retrouver ni bonheur ni paix véritables.
Les jours suivants, je restai en contact avec le praticien dont la force et le calme spirituels m’étaient d’une aide précieuse. A ce moment-là, je ressentais le besoin de ses prières, mais, le lendemain des funérailles, je l’appelai pour lui dire que je me sentais prête à prier toute seule. Il m’encouragea à faire et me rappela, comme il me l’avait déjà indiqué à plusieurs reprises, que je pouvais compter sur une guérison complète, sans être marquée sur le plan affectif.
Après avoir raccroché, je commençai à réfléchir à la véritable identité de mon frère, à son être spirituel réel. Comme j’y pensais avec plus de ferveur, une paix merveilleuse m’envahit soudain. J’avais entrevu le fait réel que chacun de nous est une idée spirituelle bienaimée et je fus délivrée de la crainte que j’avais pour mon frère. Après cette révélation, je n’ai plus jamais douté que sa vie était éternelle et que Dieu l’entourait tendrement de Son amour et de Sa sollicitude.
Mais il restait cependant à prouver que cet amour et cette sollicitude se manifestaient dans la vie de mes parents et dans la mienne. Je devais, le même jour, retourner dans la ville où je vivais pour reprendre mon travail, mais il m’était dur de quitter mes parents, alors qu'ils paraissaient avoir tellement besoin d’amour et de réconfort.
Cependant, comme nous l’apprenons, les bénédictions de l’Amour divin viennent souvent par des voies que nous ne saurions imaginer. Quelques mois plus tôt, un jeune couple était venu habiter la maison voisine de celle de mes parents. Les relations entre les deux maisons étaient cordiales, mais, étant donné les différences d’âge et de style de vie, il ne s’était pas créé de liens réels. Maintenant, ces jeunes gens se sentaient poussés à se rapprocher de mes parents et il se forma une merveilleuse amitié. Ce couple apporta, dans la vie de mes parents, la chaleur et la vitalité dont ils avaient besoin à ce moment-là. Au cours des années qui suivirent, cette amitié ne cessa de grandir et de bénir les deux familles.
Ma vie personnelle fut aussi merveilleusement guidée. Dans les mois qui suivirent le décès de mon frère, je pus poursuivre normalement mon travail, mais en menant une vie tranquille. Je me sentais souvent troublée et je me posais certaines questions. Cela m’incita donc à une étude plus approfondie et plus suivie de la Science Chrétienne. Ce fut une période de grande croissance spirituelle.
Un mercredi soir, à L’Église Mère, j’attendais le début de la réunion de témoignage. Soudain, je me sentis submergée par le chagrin; je crus qu’il me faudrait quitter l’église. Cependant, je désirais à tout prix entendre la lecture et les témoignages qui, je le savais, m’apporteraient la guérison. Alors, au lieu de sortir, je pris un Hymnaire de la Science Chrétienne. Il s’ouvrit au cantique 135 et j’en lus les premières lignes:
Seigneur, ô Dieu de Vie,
Je ne connais que Toi,
Dont l’amour vivifie
Tous mes frères et moi.
En lisant, je pensais: « Oui, je sais. Je comprends que la vie de mon frère est éternelle et je suis très reconnaissante de cette compréhension. Mais pour nous ? Nous devons vivre sans lui, avec de douloureux souvenirs. » Aussitôt mon regard tomba sur les premières lignes de la seconde strophe:
Nul tourment ne m’égare:
De quoi aurais-je peur,
Quand rien ne me sépare
D’avec Toi, mon Seigneur ?
Je compris que c’était la réponse. Les qualités de bonté et de joie sont aussi éternelles que la vie de l’homme. Ceux qui continuent à vivre sur terre ne peuvent pas être plus séparés de l’amour de Dieu que ceux qui la quittent. Le chagrin avait disparu et, lorsque je quittai l’église, je me sentis libérée et revigorée.
La guérison complète vint progressivement, mais sûrement. Je me suis souvent rappelé l’assurance du praticien qu’il ne subsisterait pas de marque affective, puisque Dieu n’en connaissait aucune. Mon frère et moi, nous avions toujours été très proches et je continue à ressentir cet amour et cette intimité. Je suis certaine que Dieu l’entoure de Son amour et je pense à lui sans souffrir. Au contraire, ce dont je me souviens le mieux quand j’évoque les moments passés ensemble, c’est de son merveilleux sens de l’humour, et il est très rare que je pense à lui sans rire ou sourire.
Pendant les premiers mois qui ont suivi cet événement, j’ai acquis une confiance plus radicale en Dieu. Cette confiance m’a bénie d’innombrables façons, ouvrant ma pensée et ma vie à des sujets d’intérêt et à des activités qui m’ont apporté un bonheur plus élevé et plus complet. De nombreux défauts ont aussi été corrigés. Une tendance à manger de façon déraisonnable a été éliminée presque sans effort et j’ai acquis un concept plus large de l’amour, qui a augmenté la diversité de mes amitiés.
Dans notre famille, nous avons pu voir s’accomplir de grands progrès et nous avons reçu un flot incroyable de bénédictions. Le verset suivant de la Bible est devenu l’un de mes versets favoris, car il décrit si bien ce que j’ai vécu (Ésaïe 35:1): « Le désert et le pays aride se réjouiront; la solitude s’égaiera, et fleurira comme un narcisse. »
Glen Ridge (New Jersey), U.S.A.
