Lorsque j'étais adolescent, l'École du Dimanche de la Science Chrétienne a apporté un changement considérable dans ma vie. Cela ne s'est pas fait tout seul. J'aimais les amis que j'avais dans mon ancienne église, j'éprouvais un grand respect pour les pasteurs, et les rencontres amicales qui faisaient partie des activités de cette église me plaisaient bien. Cependant, la Science Chrétienne a suscité en moi un vif désir de spiritualité. Quand j'y repense, je suis stupéfait de constater combien a été profonde l'influence exercée sur moi par cette Science.
L'heure passée chaque semaine à l'École du Dimanche a ajouté à ma vie une extraordinaire dimension morale et spirituelle. Me retrouver avec d'autres pour examiner les profondes leçons spirituelles que renferme la Bible me touchait beaucoup, même si, en surface, j'avais sans doute l'air aussi peu motivé que les autres élèves. Grâce à ma lecture approfondie du livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé de Mary Baker Eddy, j'étais en train de découvrir que le christianisme dont faisait état le Nouveau Testament, avec toutes ses œuvres de guérison, pouvait bel et bien correspondre à une réalité toujours présente à mon époque.
Je me suis souvent demandé si ceux qui n'ont connu que l'École du Dimanche de la Science Chrétienne, depuis leur plus jeune àge, étaient vraiment conscients du privilège qu'ils avaient. Car c'était un enseignement plein de force, révolutionnaire et authentiquement chrétien.
Je ne pense pas que mes moniteurs se soient bien rendu compte de ce que représentait pour moi cette heure, chaque semaine. Mais je sais par expérience, ayant moi-même maintenant enseigné de nombreuses années à l'École du Dimanche, qu'ils ont dû être dans une certaine mesure des visionnaires spirituels.
Ce n'étaient nullement des visionnaires au sens d'idéalistes enfermés dans leur tour d'ivoire ou de défenseurs passionnés d'une cause qui leur eût été personnelle. Ils étaient des visionnaires dans le sens où ils ont favorisé le développement de cette sensibilité spirituelle qui existe en chacun, au plus profond de l'être, y compris chez les jeunes. Car, malgré toute la sophistication et tout le matérialisme qui tiennent une place si importante dans notre civilisation, il existe chez les humains un besoin spirituel profond de savoir qu'ils ont vraiment de la valeur et qu'ils sont aimés de Dieu. Cet élan peut être masqué par toutes sortes de choses, mais il ne saurait disparaître, car son origine est spirituelle et éternelle.
Mary Baker Eddy fut assurément une visionnaire spirituelle. Elle perçut le lien constant qui unit l'homme à Dieu. Et si les sens matériels prétendent en général que la spiritualité est délaissée — sinon hors de question pour réussir dans le monde — les visionnaires spirituels ne perdent nullement de vue le vrai sens de la vie, qui est d'exprimer Dieu.
N'était-ce pas là, du moins en partie, ce à quoi Christ Jésus s'efforçait d'éveiller ses disciples, lorsqu'il leur a dit de ne pas retenir les enfants qui voulaient venir à lui ? « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. » Marc 10:14. En vérité, il appréciait et encourageait la vraie spiritualité qui se nourrit d'elle-même en tout être — jeune ou vieux.
Une attention aussi pleine de sagesse, quoique souvent peu perceptible extérieurement, c'est l'étincelle qui pousse à l'action les chercheurs spirituels, lesquels se préparent à voir le monde se transformer par la révélation de la totalité de Dieu et du reflet par l'homme de cette nature divine. Il ne s'agit pas, aujourd'hui, d'une révolution qui viserait à renverser directement des gouvernements ou des empires, pas plus que cela n'était le but de Christ Jésus et de ses disciples. Mais il s'agit d'une révolution spirituelle qui peut, par exemple, se produire autour d'une table où sont réunis une poignée d'élèves, chacun d'eux s'éveillant à la réalité de son identité spirituelle véritable, reflet de Dieu, la Vie et l'Amour divins.
Pour les Scientistes Chrétiens adultes, le passage suivant de Science et Santé invite à vivre conformément à un fait spirituel puissant: « Les enfants sont plus dociles que les adultes, et apprennent plus volontiers à aimer les vérités simples qui les rendront heureux et bons.
« Jésus aimait les petits enfants parce qu'ils sont libres à l'égard du mal et réceptifs au bien. Tandis que l'âge mûr hésite entre deux opinions ou lutte contre les fausses croyances, la jeunesse fait facilement des progrès rapides vers la Vérité. » Science et Santé, p. 236.
Les jeunes passent souvent par de rudes épreuves. Il est des moments où nous nous demandons peut-être si les enfants du temps de Jésus n'étaient pas par nature différents de ceux d'aujourd'hui; il peut nous arriver aussi d'attacher une restriction à notre acceptation du passage déjà cité de Science et Santé, en supposant qu'il concerne seulement les « jeunes » enfants. Cependant, si nous nous éveillons à cette spiritualité profonde, inaccessible à tout compromis, qui réside quelque part en nous, nous nous apercevrons qu“elle est là, bien vivante, chez les jeunes.
Les enfants ne déguisent pas leurs sentiments. Ils sont en général sensibles, sans détour et sincères. Des visionnaires spirituels percevront dans de telles qualités la promesse de la spiritualité et ils feront tout en leur pouvoir pour la comprendre et l'encourager. Ils veilleront à son épanouissement, en eux-mêmes et chez les élèves dont ils ont la charge. C'est la forme d'éducation qui est susceptible de changer réellement le monde.
