Pendant un certain temps après le décès de mon mari, il était devenu très important pour moi de savoir bien à l'avance où j'allais passer Noël, car je n'avais aucun parent proche. Dès l'été et le début de l'automne, je commençais à chercher une solution, et plus la période des fêtes approchait, plus je consacrais de temps à cette recherche.
Je parvenais en général à décrocher une invitation au début du mois de décembre. Si l'on me demandait dès lors où j'allais passer Noël, il existait un endroit où je me sentais attendue et je pouvais le dire aux gens. Tout en sachant qu'il était assez ridicule de passer autant de temps à cela, il me paraissait triste d'admettre que je n'avais aucune famille à proximité avec qui célébrer un événement aussi important.
Mais une année, il me vint à l'esprit que, malgré tous ces sentiments, ce serait peut-être une bonne idée de passer Noël en ma propre compagnie. Au lieu d'aller toujours chez des amis et dans leurs familles, je pourrais demeurer seule avec mon Père-Mère Dieu. J'avais réfléchi à la question de la solitude et à tout ce que cela implique, et j'avais découvert une nouvelle façon d'envisager la situation dans un discours de Mary Baker Eddy aux membres de son Église: « Le Scientiste Chrétien est seul avec son être et avec la réalité des choses. » Message to The Mother Church for 1901, p. 20. Je savais qu'il n'était pas là question de se retirer sur soi-même, parce que, dans le même discours, elle dit à ceux qui l'écoutaient qu'ils devaient se conformer à la norme chrétienne en menant toujours plus une existence d'altruisme et d'amour.
Quelque temps auparavant, j'avais cherché le mot seul dans un dictionnaire. Une des définitions est le terme « unique ». Cela me fit penser à l'unicité de mon rôle — et de celui de chacun — en qualité d'enfant de Dieu, Son idée, Son expression indispensable. Je Lui étais donc très précieuse. Il m'aimait profondément. Et ces mots, « la réalité des choses », devaient signifier tout ce que Dieu, mon Père et Mère, me donnait, comme l'harmonie et Son tendre amour.
Comment donc pouvais-je jamais être seule, dans le sens de solitaire, avec les connotations négatives de ce terme ? Étant en vérité l'idée spirituelle de Dieu, inséparable de Lui, j'étais en compagnie de tout ce qui était beau, pur, harmonieux et paisible. J'avais eu beaucoup de preuves de la présence constante de notre Père-Mère Dieu, même s'Il est invisible aux sens matériels, et je ressentais cette présence dans la paix et le bien-être. Le Psalmiste chantait: « Où irais-je loin de ton esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche au séjour des morts, t'y voilà. Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. » Ps. 139:7–10.
Les premières fois, il me fut difficile de dire que je serais seule pour Noël, mais je savais qu'être obéissante à Dieu et remplir le rôle qu'Il a donné à chacun de Ses enfants, c'est agir dans le bon sens. Je compris que, depuis plusieurs années, je courais après les autres, cherchant peut-être à prouver ma valeur par mon association avec eux, au lieu d'être moi-même. Ceci fut une grande découverte et j'eus la conviction de faire ce qui était bien, non seulement pour moi, mais aussi pour mes amis. J'eus un sentiment de paix, une paix qui ne pouvait être troublée par ceux qui disaient qu'il serait affreux pour moi d'être seule et que c'était bien malheureux. Je savais que ces paroles étaient une preuve d'amour.
Tout cela m'apprit que la crainte d'être seule à Noël n'était que le symptôme d'un besoin beaucoup plus profond. Lorsqu'il me vint plus clairement à l'esprit que j'étais de la famille de Dieu, je commençai à perdre la crainte de ne pas avoir d'attaches. Il était et avait toujours été mon seul Père et Mère, mon époux Voir Ésaïe 54:5., et mon ami. Il était en fait mon plus proche parent. A mesure que je comprenais mieux ces faits, mes pensées s'apaisèrent et je vis comment mieux répondre à ce que Dieu voulait de moi.
Ma conscience aurait été toute occupée de moi-même et de mon malheur: je fus aussi libérée de cela. Je rejetai fermement toute tendance à ne penser qu'à moi et à ce que les autres pensaient de moi. M'apitoyer sur moi-même était une tentation, mais je refusai de me laisser influencer. Je savais que les pensées de Dieu étaient de bonnes pensées, toujours présentes. Emplissant ma conscience, elles ne laissaient aucune place à l'apitoiement. Mon cœur s'ouvrait au Christ, la Vérité rédemptrice que Jésus manifestait d'une façon si totale.
Inutile de dire que j'eus un beau Noël, tout près de Dieu et en compagnie de Ses pensées angéliques.
