Il y a bien des années, une personne m'avait traitée très injustement et j'en avais été profondément blessée. Je savais, tout au fond de moi, que je devais lui pardonner, mais je ne le voulais pas. Il me semblait que quiconque pouvait se conduire et parler comme elle l'avait fait ne méritait pas d'être pardonné.
Toutefois, lorsqu'on a apprécié et étudié les enseignements de Christ Jésus, ils demeurent dans la pensée et on ne peut leur tourner le dos; ils ne vous lâchent pas. La Prière du Seigneur ne cessait de me revenir à l'esprit, spécialement ce passage: « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Matth. 6:12.
Je me rappelais avoir fait des choses que j'avais regrettées par la suite. Méritais-je le pardon ? Bien sûr ! En tout cas, je le pensais ! Et pourtant, la Prière du Seigneur semblait me dire que nous ne méritons le pardon de Dieu que si « nous aussi nous pardonnons ».
Peu à peu, je vis que, puisque je devais pardonner aux autres afin de pouvoir mériter le pardon, je méritais — j'avais le droit — de pardonner ! Et puisque la bonté de Dieu pour chacun de nous est sans bornes, je comprenais que pardonner aux autres m'apporterait plus qu'un simple pardon de mes offenses: cela accélérerait également ma croissance spirituelle en fonction de la sincérité de mon pardon.
Animée par ces motifs, j'étais prête à pardonner à la personne qui avait été si injuste envers moi, et même impatiente de le faire. Pour trouver la marche à suivre, je me mis à étudier ce que la Bible et les écrits de Mary Baker Eddy ont à dire sur le pardon. Je compris peu à peu que le pardon prend place dans notre conscience. Cela nous demande de changer littéralement notre concept de celui que nous avions estimé injuste ou méchant. Nous devons remplacer cette façon de voir la personne en question par le vrai concept de l'homme, reflet spirituel et parfait de Dieu. L'homme réel, l'image véritable qu'il me fallait voir, se trouvait défini pour moi dans ce passage de Mary Baker Eddy: « Jésus dit en parlant des enfants de Dieu, non des enfants des hommes: “Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous !”; c'est-à-dire la Vérité et l'Amour règnent dans l'homme réel, ce qui montre que l'homme à l'image de Dieu n'est pas déchu, et qu'il est éternel. Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. » Science et Santé, p. 476.
Quand nous voyons l'homme comme le voyait Jésus — parfait, dans la Science — nous aimons vraiment notre prochain. Cette compréhension spirituelle apporte une grande paix. Elle réalise la promesse biblique: « A celui qui est ferme dans ses sentiments tu assures la paix, la paix, parce qu'il se confie en toi. » Ésaïe 26:3. Et nous méritons tous la paix qui provient de notre disposition à reconnaître ce qu'est l'homme spirituellement, et à faire confiance à Dieu pour qu'Il efface toute injustice de notre vie.
Dans un message à son Église en 1902, Mary Baker Eddy explique combien il est important de pardonner: « Le Scientiste Chrétien ne nourrit aucun ressentiment; il sait que cela lui nuirait plus que toute la malignité de ses ennemis. Frères, comme Jésus pardonna, vous aussi, pardonnez. Je le dis avec joie: Personne ne peut commettre à mon égard une offense que je ne puisse pardonner. L'humilité est l'armure du chrétien, sa cuirasse et son bouclier. » Message to The Mother Church for 1902, p. 19.
Le ressentiment, c'est du mécontentement ou de la colère face à un acte que nous estimons insultant. Cela peut nous conduire à ressasser inlassablement les faits, mentalement ou verbalement. Entretenir un tel ressentiment indique que nous croyons à la réalité de l'image matérielle, au lieu de comprendre la perfection spirituelle qui est la vérité. Les témoignages publiés dans les périodiques de la Science Chrétienne nous parlent de personnes qui ont été guéries de toutes sortes de difficultés physiques, morales, financières, sentimentales, etc., quand elles ont été capables de pardonner et de mieux comprendre l'homme tel que Dieu l'a créé.
Mais si nous nous laissons aller au ressentiment (en ressassant mentalement les injustices qui ont été commises à notre égard), nous nous trouvons immanquablement pris au piège de la dépression et du sentiment de frustration qu'engendrent de telles pensées. Nous méritons mieux que cela ! Nous avons droit aux véritables pensées que Dieu nous inspire à propos de chaque événement que nous vivons. Puisque notre existence traduit les pensées que nous entretenons, nous ne devrions pas être surpris de voir se reproduire dans notre vie la croyance que nous avons été traités injustement si nous gardons celle-ci à l'esprit et si nous la ruminons.
Si, au contraire, nous nous attachons à penser que Dieu, la Vérité, est absolument Tout, dans le passé, le présent et l'avenir, c'est cela que nous vivrons. Un cantique que j'aime beaucoup exprime ainsi cette idée:
Jésus, ton précepte immortel:
« Pardonne et trouve le pardon »,
Transformerait la terre en ciel
Si pleinement nous le vivions.Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 163.
Rectifier ce qu'on pense au sujet d'autrui et pardonner ne constitue pas seulement une bénédiction pour celui à qui nous avons pardonné, cela nous apporte également la paix, la guérison et le progrès spirituel. Nous méritons certainement ce bienfait. Nous méritons de pardonner !
