Un trait répandu dans la pensée et la vie humaines est cette tendance qu’ont certains à se prendre volontiers pour le « soleil », alors que d’autres assument un rôle de « satellite ».
Lorsqu’on pense à un soleil et à ses satellites, généralement l’image qui vient à l’esprit est celle d’une étoile semblable à notre soleil, avec des corps célestes plus petits gravitant autour, comme notre terre. Mais en plus de cette signification en astronomie, un satellite peut aussi être une « personne ou nation qui vit sous l’étroite dépendance d’une autre et gravite autour d’elle ». Il s’agit là de types de relations qui risquent tout naturellement d’être marquées par la dominance — voire la domination — du « soleil » sur le « satellite ».
Dans le même ordre d’idées, il nous arrive souvent de ressentir une attirance envers une forte personnalité, un ami intime ou peut-être un praticien de la Science Chrétienne dont la compréhension de Dieu est si remarquable que nous en sommes venus à dépendre de lui. Mais en nous reposant outre mesure sur une personne, nous courons le danger de faire d’elle, plutôt que de Dieu, le centre de notre pensée. Nous risquons à notre insu de lui faire jouer le rôle de soleil, ou d’assumer celui de satellite, ou vice-versa, sans reconnaître là un trait de l’entendement humain, à savoir sa propension à assigner aux uns et aux autres certaines caractéristiques types.
Ainsi il peut nous arriver de dire, à propos d’un praticien ou d’un professeur de Science Chrétienne dévoué: « C’est formidable pour moi de lui demander de l’aide. J’ai toujours un bon résultat. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. » Ou encore, si quelqu’un s’adresse à nous pour avoir de l’aide en Science Chrétienne, nous lui conseillons aussitôt de s’adresser à quelqu’un de « plus expérimenté » ou qui a « une meilleure compréhension » sans même envisager un seul instant la possibilité de répondre nous-mêmes à cette demande.
Il va de soi que nous apprécions hautement les prières de tous les travailleurs sincères de la Science Chrétienne; nous devons en effet avoir de la reconnaissance pour un soutien apporté avec amour, pour un mot d’encouragement exprimé avec tendresse, voire même pour une franche remontrance. Mais ce serait une faute sérieuse que de vouloir substituer à notre propre progrès spirituel l’avance acquise par un autre.
Mary Baker Eddy écrit: « Après le cours, celui qui réussit le mieux dans l’étude approfondie de la Science Chrétienne est celui qui compte le plus sur lui-même et sur Dieu. » Et elle ajoute à la page suivante: « Un élève fidèle peut même parfois ressentir le besoin d’être aidé physiquement et, à l’occasion, recevoir cette aide d’autrui, mais moins cela est nécessaire, mieux cela vaut pour l’élève. » Écrits divers, p. 87.
C’est le seul Entendement divin qui a fait l’homme, et nous sommes à même, grâce au Christ et à la Science Chrétienne, de prouver ce fait en des termes qui répondent à nos besoins propres. Notre divin Père-Mère a déjà prévu les qualités d’intelligence et de pénétration susceptibles d’apporter une réponse à nos questions. Mais il faut que nous prêtions attention à Sa voix et qu’ensuite nous obéissions aux indications reçues.
Paul écrivit aux Galates, indiquant la confiance qu’il avait placée dès le début dans sa mission inspirée par Dieu: « Lorsqu’il plut à [Dieu]... de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang, et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi. Gal. 1:15—17. Et dans une autre de ses épîtres, il donna ce conseil: « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement... car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » Phil. 2:12, 13.
Cela ne saurait en aucun cas signifier que les étudiants de la Science Chrétienne ne devraient pas s’entraider ! Le point qu’il importe à chacun de nous de voir, c’est que seuls, Dieu et Son Christ, Son idée vraie, peuvent nous sauver du péché, de la maladie et de la mort, c’est-à-dire de croire que ces erreurs sont douées de réalité ou de pouvoir. Ce n’est jamais à travers une personnalité, qu’il s’agisse de la nôtre ou de celle de quelqu’un d’autre, que nous recevons le salut. Le Sauveur, c’est le Christ, la Vérité. Notre Leader, Mary Baker Eddy, pose la question: « “ Qu'êtes-vous allés voir ?” Une personne, ou un Principe ? De la réponse à cette question dépend la nature, bonne ou mauvaise, de votre choix en tant que disciple. The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 117.
L’une des premières leçons que nous apprenons en Science Chrétienne, c’est que l’homme réel ne saurait être séparé de Dieu. Dieu étant bon, et ce bien étant l’Entendement divin ou Amour infini, il s’ensuit que l’homme n’est jamais séparé de l’Amour, la Vie de tout être. Pour chacun de nous, c’est dans l'unicité indissoluble et immuable avec notre source divine que réside la réponse à nos besoins. Nous nous adressons dans une prière silencieuse à cet Entendement, ce Principe, en reconnaissant que nous sommes inséparables du bien et en niant toute allégation d’éventuelle incompétence ou déficience dans un domaine quelconque.
Avoir seulement entrevu, même fugitivement, cette unité que nous formons avec Dieu, parce qu’un tel aperçu participe de la Vérité omnipotente, suffit bien souvent pour amener la solution humaine du problème qui se posait. Nous pouvons, par exemple, recevoir une pensée inspirée qui brise le mesmérisme de la crainte ou de la souffrance, ou bien ce sera un ami qui prononce juste le mot voulu pour laisser pénétrer la lumière de l’humilité et de l’harmonie.
En tout cas, quelle que soit la forme que revêt la vérité, il nous faut voir que la guérison découle de notre propre évolution, de notre compréhension croissante de notre relation avec Dieu. Ni les professeurs ni les praticiens ni des amis qui nous sont chers ne constituent des intermédiaires par lesquels la vérité vient à nous; ils ne sont ni des entremetteurs ni des intercesseurs, et n’ont nulle intention d’en jouer le rôle. Leur rôle, c’est de voir la vérité, c’est–à–dire voir l’homme tel que Dieu le connaît, et de nier le mensonge spécifique quel qu’il soit — maladie, solitude, chômage — qui se fait passer pour réel auprès du patient. Parce qu’ils dénient ainsi tout crédit et toute authenticité au mensonge, et comprennent clairement ce qui est à la fois spirituellement et démontrablement vrai, ils aident à faire venir la guérison.
Il n’est pas moins important pour celui qui donne de l’aide en Science Chrétienne de connaître la vraie nature de ce traitement, que pour celui qui reçoit cette aide; sinon, l’un et l’autre se chargent d’un fardeau inutile. Comme nous le dit Mary Baker Eddy, « ce n’est pas la communion entre les personnes, mais la loi divine qui communique à la terre et à l’humanité la vérité, la santé et l’harmonie » Science et Santé, p. 72..
Un jour, j’avais pris rendez–vous chez une praticienne de la Science Chrétienne, comptant tranquillement sur elle pour qu’elle m’indique ce que je devais comprendre pour qu’une certaine situation soit guérie. Quelle ne fut pas ma surprise, quand elle me demanda si en chemin j’avais prié pour cette visite, si j’avais eu à la pensée que le Christ allait nous révéler, à l’une comme à l’autre, l’idée juste qui répondrait au besoin !
Ses questions furent pour moi une révélation: pour être tout à fait honnête, je dois avouer que jamais il ne me serait venu à l’idée de prier de cette manière. Si je venais à elle, dans mon idée, c’était en fait pour qu’elle puisse faire le travail ! Cette leçon sur ma route spirituelle est restée pour moi quelque chose que je chéris encore aujourd’hui.
Il arrive, lorsque nous sommes étudiants de la Science Chrétienne depuis bon nombre d’années, que l’entendement charnel suggère que notre progrès spirituel n’est pas ce qu’il devrait être, que nous nous sommes enlisés dans une routine. La Leçon–Sermon nous semble peut–être une pure récapitulation de mots trop connus, comme un chemin si fréquemment parcouru que l’on peut y avancer les yeux fermés. (Et c’est souvent là ce que nous faisons !)
Cela pourrait être dû, au moins en partie, à ce que, inconsciemment, nous nous attendons à recevoir de quelqu’un cette inspiration qui ne peut venir que de Dieu seul. Dans ces sortes de « traversées du désert », la solution se trouve résumée dans ces paroles adressées par Dieu à Jérémie: « Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre cœur. » Jér. 29:13.
Et c’est justement là la question peut–être; il faut y donner tout son cœur, pas seulement la moitié ! En étant tout à fait honnête avec nous–même, nous pourrons même découvrir si ce qui nous retient de prier pour nous–même n’est pas simplement notre paresse mentale. Nous ferions bien aussi de nier la croyance à des traits nationaux ou à des tendances héréditaires nous portant à penser qu’il est plus facile de nous en remettre à quelqu’un d’autre pour nous dire ce que nous devrions penser et faire, plutôt que de travailler, de veiller et de prier afin d’obtenir la réponse directement de l’Entendement.
Un désir profond, venu du cœur, de comprendre et de connaître Dieu, allié à une étude et à un effort suivis mettra à notre portée toutes les leçons utiles à notre bonne santé spirituelle. Nous serons libérés de toute dépendance erronée à l’égard de la personnalité des autres, qu’il s’agisse de notre bonheur, de nos ressources ou plus généralement de tout bien dont nous pouvons avoir besoin. Lorsque nous accomplissons fidèlement la part qui nous revient, nous pouvons nous attendre à être capables de discerner et d’accueillir à bras ouverts la solution révélée par l’Entendement.
Mary Baker Eddy, dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, parle de la cité céleste, la Nouvelle Jérusalem, décrite dans l’Apocalypse. Elle dit à propos de cet état divin de conscience: « Cette cité de notre Dieu n’a besoin ni de soleil ni de satellite, car l’Amour en est la lumière, et l’Entendement divin est son propre interprète. » Science et Santé, p. 577.
Ainsi ne soyons ni un soleil ni un satellite par rapport à des personnalités humaines. Soyons plutôt des disciples du Christ qui reflètent individuellement l’illumination de l’Amour divin.
