Il y a des années, alors que je débutais dans la représentation de commerce, je demandai un jour à mon patron ce qu’il pensait d’un acheteur que j’allais contacter. Ce responsable était-il « quelqu’un de correct » ? Il me répondit: « Mais certainement, tout le monde est correct. »
La réponse m’intrigua et j’y repensai souvent, car j’avais toujours senti instinctivement que l’homme avait une dimension sublime impossible à percevoir. Des qualités comme l’honnêteté, l’intuition, l’esprit de charité, l’amour et l’altruisme en constituaient pour moi des indices. Mais j’avais encore beaucoup de mal à concilier ces indices avec le tableau de la vie quotidienne, où il apparaît certes souvent que tout le monde n’est pas correct.
Des années plus tard, après avoir entrepris l’étude de la Science Chrétienne, j’appris que concevoir l’homme comme un simple mortel, c’est se faire une fausse image, susceptible de nous égarer, et que l’homme réel est spirituel, invisible aux sens matériels. Cet homme réel est l’image de Dieu ainsi que le déclare la Bible, dans la Genèse, où nous lisons: « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » Gen. 1:27. L’état naturel de l’homme est par conséquent la perfection spirituelle.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science ChrétienneChristian Science (´kristienn ´saïennce), définit l’homme comme « l’idée composée de l’Esprit infini; l’image et la ressemblance spirituelles de Dieu; la représentation complète de l’Entendement » Science et Santé, p. 591..
Les récits bibliques de l’œuvre de guérison accomplie par Christ Jésus montrent que son succès sans pareil reposait sur son aptitude à voir l’homme parfait de la création de Dieu, là même où semblait se trouver un mortel limité et imparfait. Face à la femme adultère Voir Jean 8:1–11., par exemple, Jésus, sans s’arrêter à la dure condamnation portée par les accusateurs de cette femme, vit autre chose. Il refusa de la condamner, et ses paroles « va, et ne pèche plus » l’encouragèrent à prouver sa véritable identité spirituelle et sa pureté inhérente d’enfant de Dieu.
Science et Santé donne cette explication: « Jésus voyait dans la Science l’homme parfait, qui lui apparaissait là où l’homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l’homme guérissait les malades. Ainsi Jésus enseignait que le royaume de Dieu est intact, universel, et que l’homme est pur et saint. » Science et Santé, p. 476.
Ma vue m’ayant causé des ennuis, il y a peu de temps, je fus amené à ouvrir les yeux spirituellement pour démontrer une certaine mesure de la pureté et de la perfection spirituelles de l’homme. Un matin, au réveil, je distinguais mal d’un œil et ma vision était trouble. Je n’avais rien dans l’œil et il n’y avait aucune raison apparente à ce changement; toutefois le temps n’apporta aucune amélioration. Au contraire, mon état empira au point qu’il n’était plus sage de conduire ma voiture.
Je fis alors appel à une praticienne de la Science Chrétienne et lui demandai de prier pour moi. Elle m’encouragea vivement à voir que le bien déjà créé par Dieu était partout et à percevoir correctement mon identité ainsi que celle des autres. Elle affirma que j’étais le reflet de Dieu, donc sans défaut et sans tache. Pour avoir une vue parfaite, me rappela-t-elle, il faut voir la perfection.
Comme je priais, moi aussi, selon ces idées, je me rendis compte que j’avais éprouvé du ressentiment pour un supérieur qui s’attribuait le mérite du travail que j’effectuais. Je voyais cet homme sans beaucoup d’amour. Je me rendis compte qu’il y avait quelque chose à dissoudre et à guérir par le Christ, la Vérité: il me fallait voir (et aimer) en cet homme l’enfant de Dieu et non un mortel de mauvaise foi. Comme je réfléchissais à cette situation, le couplet d’un cantique de l’Hymnaire de la Science Chrétienne me vint avec force à la pensée:
Dieu ne fit pas l’homme imparfait
Mais pareil à l’Amour;
En Son idée Il Se complaît
Et S’exprime à toujours.Hymnaire, n° 51.
Il ne me fut pas aisé de modifier cette façon incorrecte de voir mon supérieur et parfois je résistais. Mais comme je persistais à remplacer le mensonge que j’avais accepté à son sujet par ce qui est vrai de l’homme créé par Dieu, mon ressentiment disparut.
Peu de temps après, alors que je regardais une pièce de théâtre, je m’aperçus que je commençais à voir normalement et clairement. Avant la fin de la représentation, je savais que j’étais guéri. Ma joie et ma gratitude ne connurent pas de bornes. Voir spirituellement avait amené un concept renouvelé de la vision parfaite.
Le Nouveau Testament relate en ces termes la guérison de la cécité de Saul, un Saul repentant: « Au même instant, il tomba d ses yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. Il se leva, et fut baptisé. » Actes 9:18. En ce qui me concerne également, les écailles des concepts mortels, en couches incrustées, avaient été dissoutes par le Christ, la Vérité. Je fus délivré de l’esclavage que je m’étais imposé. L’humilité et l’inspiration divine m’avaient libéré.
Voir notre semblable spirituellement comme l’enfant parfait de Dieu peut présenter quelques difficultés de taille, et il faut discipliner la pensée. Mais nous savons qu’en nous attachant à ce concept scientifiquement correct, nous obéissons au Premier Commandement et cela nous donne du courage. Un effort de persévérance est parfois nécessaire, ainsi que le démontre la guérison par Christ Jésus de l’aveugle à Bethsaïda. L’homme commença par retrouver partiellement la vue, mais lorsque Jésus lui fit ouvrir une seconde fois les yeux, la Bible relate qu’ « il fut guéri, et vit tout distinctement » Marc 8:25..
Si nous allons de l’avant chaque jour, voyant en notre semblable « la représentation complète de l’Entendement » et le traitant comme tel, nous contribuerons à l’harmonie du monde. Et cela a une portée considérable pour la santé individuelle, la stabilité de la famille, l’établissement d’un gouvernement responsable et la paix du monde. Le Maître prouva à ses disciples que toute inharmonie est une imposture lorsqu’il y remédia spirituellement et guérit les aveugles. Nous pouvons commencer à suivre son exemple en témoignant chaque jour, à chaque heure, que l’homme est créé par l’Amour et en reconnaissant le lien immuable qui l’unit au Père.
Revendiquer ainsi notre véritable nature et celle des autres, c’est invoquer la loi divine, qui est infaillible. Cette claire vision est le résultat du discernement spirituel renouvelé. C’est la lumière de la Vérité qui se lève sur nous. Et elle nous assure que tous les enfants de Dieu sont bel et bien « corrects ».
