Il arriva à un de mes amis de participer à la réfection d’une grande clinique. Il fallait effectuer d’importants travaux dans une des ailes du bâtiment où logeaient des hommes et des femmes tombés, selon toutes les apparences, dans un état de sénilité prononcée.
Tous ceux de son équipe trouvaient la situation pénible; il leur fallait faire vraiment très attention en travaillant près de ces patients. Un matin, mon ami — Scientiste Chrétien — méditait ces paroles d’un poème de Mary Baker Eddy qui figure dans l’Hymnaire de la Science Chrétienne:
Montre-moi comment, Berger,
Te suivre aujourd’hui,
Comment récolter, semer,
Nourrir Tes brebis... Hymnaire, n° 304.
Un peu plus tard, il lui fallut effectuer des réparations tout près d’un patient qui avait l’habitude de faire des remarques menaçantes et obscènes à quiconque se trouvait dans son voisinage. Ce patient le menaça de le tuer. Le Scientiste Chrétien garda le silence quelques instants; il était occupé à une réparation, agenouillé au sens propre comme au sens figuré car, en même temps, il priait. Pendant ce temps, une profonde conviction de l’intégrité et de la dignité de l’homme en tant qu’enfant de Dieu se fit jour dans sa pensée.
Se tournant vers l’homme, le Scientiste Chrétien lui parla de l’amour infaillible de Dieu. Il lui assura que tous les hommes étant frères, sous la protection de Dieu, personne ne pouvait faire de mal à autrui. Presque immédiatement, une conversation normale s’engagea et se poursuivit pendant près de quarante-cinq minutes. Ce ne fut qu’un peu plus tard, quand une infirmière passa par là, que le Scientiste Chrétien apprit que c’était la première fois qu’elle voyait ce patient se montrer calme et faire preuve de raison.
Il fut un temps où, étudiant, j’avais énormément à faire; je craignais de ne pas pouvoir venir à bout de toutes mes tâches. Je travaillais à plusieurs projets de recherche avec toute la diligence possible, mais je continuais d’être en retard. C’est alors qu’une amie, aussi une Scientiste Chrétienne, me dit combien Dieu m’aimait et m’assura que je serais capable de faire tout ce qu’Il exigerait de moi. Elle offrit de prier avec moi et pour moi. En deux ou trois jours, se dessina un tournant dans la situation; la pression qui avait été très forte s’atténua, plusieurs problèmes furent résolus et je fus en mesure de m’acquitter de mes responsabilités.
Ces exemples illustrent quelque chose de bien plus grand qu’un simple réconfort humain. Comme l’écrit Mary Baker Eddy: « La vraie prière, ce n’est pas demander l’amour à Dieu; c’est apprendre à aimer et à inclure tout le genre humain dans une même affection. Prier, c’est utiliser l’amour dont Il nous aime. La prière engendre un vif désir d’être bon et de faire le bien. » Non et Oui, p. 39.
Quelle conception profonde de la prière ! Apprendre à aimer et à « inclure tout le genre humain dans une même affection ». C’est là le secret — accessible à tous — du traitement par la Science Chrétienne. Ce n’est pas le pouvoir présumé de l’entendement humain sur les phénomènes physiques. Ce n’est pas non plus le pouvoir présumé d’un entendement humain sur un autre. Cette distinction métaphysique entre prière et volonté humaine fut l’une des choses que Mary Baker Eddy eut le plus de peine à faire comprendre à beaucoup de ses élèves et à ceux qui tentaient d’analyser le processus de guérison par la Science Chrétienne. L’entendement humain, qui croit dans la réalité et dans la puissance de la matière, s’étonne lorsque la Science Chrétienne, par la prière, guérit les malades et fait taire la discordance et l’inharmonie. Il peut même arriver qu’en pareilles circonstances, on veuille s’empresser d’apprendre le « processus » du traitement mental en Science Chrétienne. Mais la véritable puissance reconstituante de la Science Chrétienne réside dans son pouvoir mental spirituel de restituer à l’être humain une connaissance profonde des choses spirituelles de Dieu.
Ces choses de Dieu incluent l’amour et la sagesse ainsi que la capacité spirituelle de sentir la présence et le pouvoir de l’Amour divin. Ces choses spirituelles peuvent se reconnaître quand nous avons conscience de nous libérer de l’ambition du monde, de la crainte, de l’envie, d’un grand chagrin et de la croyance générale que la matière détermine les facteurs immuables de l’existence. Cette liberté se manifeste quand nos aspirations nous portent vers les choses spirituelles de Dieu plutôt que vers les choses matérielles du monde.
La Science Chrétienne est en réalité très simple. Mary Baker Eddy estimait qu’un enfant pouvait la saisir suffisamment pour guérir par son moyen. Mais elle était aussi réaliste — même si elle le devint à contrecœur — car elle en vint à voir que l’adulte n’abandonnait pas facilement sa foi en la matière, les opinions humaines et la force de volonté. Si l’on est en général vite disposé à renoncer à ce qui cause la souffrance physique, l’entendement mortel est tel que si un analgésique ou un médicament prétendu efficace contre la douleur peut calmer al sensation de souffrance, la volonté de réforme se relâche chez l’adulte.
La promesse, pourtant, c’est que le message de la grâce de Dieu — c’est-à-dire le Christ infaillible — opère dans la conscience humaine comme un agent d’échange et de transformation. Le Christ, la Vérité, transforme la nature même de la conscience humaine jusqu’à ce que l’élément charnel qui s’oppose à la spiritualité soit effectivement neutralisé et que l’homme, l’enfant de Dieu, commence à se manifester comme l’identité véritable de chacun de nous.
Voici le dessein de l’Amour divin tel qu’il apparaît dans notre pensée. Il se manifeste d’abord comme un désir du bien, parfois même apparemment sans réponse. Mais à la fin, comme le Christ, ou la Vérité, transforme à la manière du levain la masse entière de la pensée individuelle, tout ce qui est mortel et matériel, tout ce qui procède de la volonté matérielle, est réduit au silence. Une profonde foi chrétienne dans ce processus de régénération se verra alors récompensée par la guérison spirituelle ainsi que par la grâce et la miséricorde divines qui ne font jamais défaut.
Dieu vous aime d’un amour éternel, et cet amour attend que tout ce qui est mortel et matériel dans la conscience humaine soit finalement conquis par la vérité spirituelle de l’être de l’homme, qui est l’image et la ressemblance de Dieu. Attachez-vous à cette promesse. Entretenez-la dans votre vie quotidienne. Alors se lèvera l’aube du royaume de Dieu sur la terre.
