Dans le Second livre des Rois, il est rapporté que le serviteur du prophète Élisée, en sortant un matin, constata que le roi de Syrie avait envoyé des chevaux et des chariots, de nuit, pour encercler la ville. Il prit peur et dit à son maître: « Ah ! mon seigneur, comment ferons-nous ? » Cette nouvelle alarmante n’impressionna pas Élisée; il déclara avec conviction: « Ne crains point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux. » Puis il pria afin que les yeux du serviteur s’ouvrent. « Et l’Éternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée. » Voir II Rois 6:8–17.
Que s’était-il passé ? La scène avait-elle changé matériellement, ou bien est-ce la vision qu’en avait le serviteur qui avait changé ? Grâce à la prière d’Élisée, le jeune homme fut en mesure de voir les choses du point de vue du prophète: avec l’assurance que la protection et la force les environnaient, assurance provenant de la reconnaissance du fait que Dieu est tout, et qu’il est proche.
Est-ce que nous jetons sur notre ville un regard effrayé ? Est-ce que nous la voyons hérissée de dangers — vice, immoralité, crime — au milieu desquels, apeurés et découragés, nous nous demandons comment nous, ou d’autres, allons bien pouvoir survivre ? Alors, tout comme dans le cas du serviteur d’Élisée, nos yeux doivent être ouverts. Nous avons besoin d’une prière et d’une vision comme celles d’Élisée qui reconnaissent que la vérité de l’être, telle qu’elle est révélée dans la Science Chrétienne, est plus puissante et plus réelle que l’étalage de mortalité et de matérialité qui nous entoure apparemment. Dans un paragraphe en regard de la remarque marginale « Vision naissante », Mary Baker Eddy nous dit: « Dépouiller la pensée des faux appuis et des manifestations matérielles afin que les faits spirituels de l’être apparaissent, telle est la grande réalisation grâce à laquelle nous ferons disparaître le faux pour faire place au vrai. » Science et Santé, p. 428.
De ma maison, j’aperçois la ville, de l’autre côté du port, et je perçois, pour ainsi dire, les palpitations régulières, le rythme de son cœur. Souvent le soir, avant de me coucher, je sors sur la terrasse pour mettre la ville « au lit » par la prière: pour la « border » avec la reconnaissance de la bonté toujours présente de Dieu qui la protège, la guide et la gouverne. Souvent, je pense à ces paroles que l’on trouve dans l’Hymnaire de la Science Chrétienne:
Et Dieu, qui dans l’ombre veille,
Protège tous Ses enfants.Hymnaire, n° 258.
ou bien à la pensée pleine de compassion d’un autre cantique:
Jadis le Christ, aux cœurs souffrants,
Donnait le réconfort
Et son amour compatissant
Rendait le faible fort.Ibid., n° 96.
Je reconnais que ce même Christ accomplit les rondes en compagnie de ceux qui sont chargés de protéger la ville. Comme j’avais un jour mentionné cette habitude de mettre ainsi la ville au lit à une autre Scientiste Chrétienne, elle m’appela le lendemain matin pour me dire qu’elle avait été tellement touchée par cette idée qu’elle s’était réveillée en souhaitant le bonjour à son village de retraités, c’est-à-dire en priant pour ce village où elle vit; elle me dit que cela lui avait donné le sentiment d’être utile.
Bien des gens dans notre société aujourd’hui consacrent leur vie, ou une grande partie de leur temps et de leurs ressources à de bonnes œuvres et à des actions sociales. Mary Baker Eddy soutenait activement et par de larges donations de nombreuses et nobles causes. Mais elle donnait aussi plus que cela. Il est une chose qui exige plus que les bonnes œuvres qui se voient, aussi remarquables soient-elles, c’est le bienfair que personne ne voit et qui n’est donc pas toujours reconnu, mais néanmoins ressenti: l’action régénératrice de la prière. Par quel autre moyen, sinon la prière, les Scientistes Chrétiens pourront-ils accomplir ce que prédit Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « ... Ceux qui discernent la Science Chrétienne mettront un frein au crime. Ils aideront à expulser l’erreur. Ils maintiendront la loi et l’ordre et attendront joyeusement la certitude de la perfection ultime » Science et Santé, p. 97. ?
J’ai eu une expérience qui m’a fait prendre conscience qu’il me fallait mieux maintenir la loi et l’ordre dans ma propre conscience. Ainsi, ce qui semblait être une épreuve, une affliction, devint une bénédiction, en raison de la leçon appréciable que j’en tirai. Alors que je me trouvais loin de chez moi un matin du Nouvel An, je m’éveillai avec la pensée angélique: « Je vous remplacerai ce qu’ont dévoré les sauterelles » — qui fait écho à un verset du prophète Joël: « Je vous remplacerai les années qu’[a] dévorées la sauterelle... » Joël 2:25. Quelle bonne pensée pour commencer la nouvelle année ! Mais elle avait plus encore de signification que je ne l’imaginais, car plus tard dans la matinée, je reçus un coup de téléphone de la police de ma ville de résidence. On m’informait que notre maison avait été cambriolée et mise à sac, des objets volés, et tous les fauteuils éventrés. Le message angélique résonnait encore dans ma pensée; c’est donc la promesse de restitution et non la colère ni la consternation qui eurent le dessus et l’efficacité du message angélique s’avéra immédiate. Les intrus furent appréhendés plus tard dans la matinée, au volant d’une voiture volée, et tout ce qui avait été dérobé, non seulement chez nous mais dans douze autres maisons dévalisées pendant les fêtes, fut retrouvé par la police.
A mon retour, il ne fallut que trois heures pour remettre les choses en ordre. Les dommages causés aux fauteuils présentaient un problème plus important. Le coût de la réparation était considérable et n’était pas couvert par mon assurance. Cependant, je m’accrochai au message angélique de restitution et allai de l’avant pour les faire recapitonner. Presque au même moment, je reçus une somme d’argent inattendue qui couvrait plus qu’amplement le montant des réparations.
Ainsi, tous les besoins humains furent merveilleusement satisfaits, mais j’attendais encore la tendre leçon finale qui serait fournie, je le savais, par l’Amour divin. Elle vint plus tard, ce mois-là, dans le dernier verset des citations bibliques lues à une réunion de témoignage du mercredi soir. Le sujet en était le rétablissement et le Premier Lecteur lut, dans l’Évangile selon Marc, le récit de la guérison d’un aveugle par Christ Jésus (voir chap. 8). Le verset 25 indique que sa vue lui fut rendue et conclut: « Il vit tout homme distinctement » [d’après la version King James].
Je sautai presque de mon siège ! Voilà, c’était cela la tendre leçon: voir tout homme distinctement ! Certes, j’avais pu penser que je percevais mon prochain spirituellement, en le voyant intact dans son intégrité, et aimé de Dieu, mais j’avais aussi pensé que d’autres voyaient la société comme malade, peu digne de confiance et dangereuse. Il s’agit de voir tout être distinctement, tel qu’il est en vérité, le reflet du seul Entendement parfait.
Celui qui fait respecter la loi de la manière la plus efficace dans notre localité est le métaphysicien vigilant qui, par sa prière constante, nie la suggestion selon laquelle le mal pourrait dérober à l’homme son intégrité, lui voler son innocence, tuer sa paix et sa liberté, lui extorquer la dignité et l’honneur qui lui appartiennent par don divin. S’éveiller à la nécessité de prier, de travailler métaphysiquement pour la localité peut représenter un défi, comme je l’ai raconté ici. Mais la récompense en est une conscience spirituelle plus grande de la manière de remplir sa mission de mettre un frein à la criminalité et de maintenir « la loi et l’ordre » par la prière et la vision spirituelle.