Ce que nous percevons actuellement du moi humain est en réalité une perspective limitée, ce que l'on voit des premières hauteurs tandis que la conscience s'élève graduellement vers la reconnaissance complète de notre perfection présente et éternelle à l'image de l'Esprit.
Ce que nous appelons l'humain n'est ni totalement mortel ni totalement divin. A la page 115 de Science et Santé, Mary Baker Eddy décrit les états de pensée ou qualités de transition qui, des perspectives de basse altitude (la façon de nous voir comme partiellement bons et partiellement mauvais), mènent à des perceptions toujours plus claires et plus élevées de notre identité réelle et non contaminée: les fils et les filles spirituels de Dieu.
Ce qui est exigé de nous, c'est de nous dépouiller de nos défauts, ou croyances, et de conserver et cultiver le bien — les qualités de Dieu. Est-il possible de se débarrasser de défauts qui engendrent le malheur ? Certes ! bien que parfois, cela exige de la patience. Il faut peut-être s'attacher fermement au bien tandis que s'effectue une croissance sans heurt induite par l'Esprit. Comme l'indique la parabole de Christ Jésus à propos de l'ivraie et du froment Voir Matth. 13:24–30., il faut souvent laisser le bien et le mal pousser côte à côte, jusqu'à ce que le progrès moral nous amène à la moisson. Le mal est alors reconnu comme tel et peut être détruit. Mais on ne peut ni forcer ni accélérer le processus de maturation. Les tentatives volontaires et angoissées d'amener le changement n'ont guère d'effet.
Dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, Mary Baker Eddy donne le conseil suivant: « Nous devons renoncer de bonne grâce à ce qui nous est refusé, et presser le pas avec ce que nous sommes, car nous ne pouvons faire plus que nous ne sommes ni comprendre ce qui n'est pas encore arrivé à maturité en nous. Faire du bien à tous parce que nous aimons tout le monde, et mettre au service de Dieu l'unique talent que nous avons tous, est le seul moyen dont nous puissions faire fructifier ce talent et la meilleure façon de réduire au silence le profond mécontentement que nous causent nos imperfections. » Miscellany, p. 195.
De même que nous pouvons résister à l'envie d'essayer prématurément de déraciner l'ivraie du mal dans le caractère, de même nous pouvons résister à la tentation d'abandonner la place. Même si le bien est à peine perceptible dans notre conscience, nous ne devrions jamais désespérer de nous-même. Nous ne devrions jamais cesser nos efforts pour nous réformer simplement parce que nous estimons que nous ne méritons pas d'être sauvés. Nous pouvons toujours découvrir quelque bien dans la pensée, le cultiver avec persistance et attendre avec confiance l'heure de la moisson. « Impossible, dites-vous, il n'y a pas d'espoir de salut pour les gens comme moi ! »
Saul, ce persécuteur zélé des premiers temps de l'Église chrétienne, fut racheté, bien qu'au début, même les disciples à Jérusalem aient refusé de croire qu'il avait été converti. Cette transformation ne se fit pas en un instant, bien sûr. Après sa rencontre vivifiante avec le Christ sur le chemin de Damas, Paul (comme on l'appela par la suite) passa de nombreuses années en Arabie, en Cilicie et en Syrie — années dont nous n'avons pratiquement aucune trace. Sans aucun doute, pendant cette période relativement calme, alors qu'il apprenait, enseignait et suivait la voie du Christ, son caractère fut refaçonné. Ce n'est qu'après cela qu'il entreprit ses longs voyages missionnaires, portant témoignage avec une saisissante conviction, dans les synagogues d'Asie mineure et étendant jusqu'à l'Europe son extraordinaire ministère parmi les païens.
La rédemption de Paul n'était certainement pas un simple changement de l'opinion qu'il avait de lui-même en tant que mortel. Il s'était déjà grandement égaré en se conduisant selon la croyance matérielle et les normes personnelles du vrai et du faux. Mais sa vision du Christ, la Vérité, lui ouvrit une perspective de pensée et d'action aux normes absolument nouvelles et immuables, une vision de l'état parfait de l'homme qui éleva son but au-dessus des idéaux personnels du bien et du mal. Un zèle religieux plein de suffisance céda à une perception nouvelle de l'amour de Dieu pour l'homme.
Le caractère de Paul ne fut pas non plus refaçonné par pure détermination. En dépit de l'énergie humaine illimitée dont Paul faisait preuve habituellement, sa transformation s'accomplit grâce au pouvoir de Dieu, le bien, auquel il céda de bonne volonté. Le but, la force agissante, en fait, la base même de la réforme sont de source divine. Nous lisons dans Miscellany: « Nous ne pouvons pas nous recréer, mais nous pouvons tirer le meilleur parti de ce que Dieu a créé. » Ibid., p. 288.
Ce qu'Il créé, c'est l'homme, le reflet précis et complet de Luimême et de Sa propre nature. Donc, pour réformer l'être humain, nous commençons par reconnaître que la véritable identité de l'homme est l'enfant tendrement aimé de Dieu et nous nous efforçons de remplacer la croyance à chaque élément du moi mortel illusoire par la compréhension et la mise en pratique de l'identité réelle. Bien que la perfection soit notre but, nous n'allons pas nous mettre à effacer tout ce que nous étions auparavant. Nous faisons le tri des éléments de notre conscience, conservant ce qui peut être réformé, et rejetant ce qui ne peut l'être.
Dans le cas de Paul, beaucoup d'éléments pouvaient être sauvés. Il avait eu une formation rigoureuse en vue d'être rabbin. Il avait acquis pendant ces années une connaissance solide des Écritures, et développé une vive intelligence et une bonne maîtrise de la parole qui l'aidèrent à se préparer à prêcher Juifs pieux, les Grecs sophistiqués, les hommes d'État et les chefs militaires dans la langue de la vie et de l'esprit de chacun d'eux. L'expérience première de Paul le prépara à écrire aux jeunes églises chrétiennes des conseils raisonnés et clairs et à argumenter de façon convaincante sur des questions de doctrine contestées. Même ses voyages antérieurs lui furent sans aucun doute extrêmement utiles, lorsque, en qualité de chrétien, il entreprit des expéditions missionnaires dans la plupart des régions du monde connu à cette époque. Bien entendu, c'était maintenant l'esprit du Christ, la Vérité, qui motivait les actions de Paul, inspirant ses paroles et guidant ses pas.
Ces paroles d'Ésaïe décrivent la conversion de Paul: « De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, et de leurs lances des serpes. » Ésaïe 2:4. La lame qui cherchait à percer l'idée-Christ retournait maintenant la terre des cœurs humains repentants, émondait les sarments de la conscience spirituelle s'épanouissant. La mentalité qui avait imposé la répression et fait couler le sang apportait à présent la paix et le renouveau spirituel.
Il peut en être de même pour nous. Et bien que le chemin de la réforme puisse parfois sembler long et difficile, la résolution ferme, la joie, la sérénité, l'élasticité spirituelle et l'entrain accéléreront nos progrès. La repentance, le baptême et la régénération — cette triade importante — jouent également un rôle de premier plan.
Nous avons tous besoin de nous repentir, quel que soit le point spirituel que nous ayons déjà atteint. Cela signifie davantage que regretter certaines pensées et certaines actions pécheresses et refuser fermement de ne jamais s'y livrer à nouveau. Ce processus devient facilement une bataille mentale avec le péché comparable au jeu de tire à la corde; ceci nous permet de remporter de petites escarmouches par une lutte obstinée contre la tentation, mais nous perdons parfois la bataille faute de réserves spirituelles. Ce qu'il faut, c'est un changement fondamental. Nous devons changer radicalement notre façon de penser et nos attitudes et ne plus adorer la matière, mais faire confiance à l'Esprit comme seule réalité.
Nous avons aussi besoin du baptême. Et pour nous aider à reconnaître et à ressentir les flots purifiants d'amour et de vérité que Dieu déverse continuellement dans la pensée humaine, nous pouvons nous absorber chaque jour dans l'exploration rigoureuse de la Bible et des écrits de Mary Baker Eddy et nous plonger dans des périodes de calme prière et d'écoute de Dieu. La purification exige la consécration. Elle exige que nous concentrions nos énergies mentales sur les choses de l'Esprit, que nous éliminions ce qui est frivole et futile dans notre vie et que nous échangions certaines de nos activités égoïstes contre celles qui embrassent et bénissent notre famille, notre localité, notre pays et toute l'humanité.
Finalement, il nous faut la régénération. En un sens, cela veut dire nous édifier. En nous conformant dans notre tâche à un modèle spirituel impeccable, nous verrons émerger graduellement en nous, doucement, l'image de notre Père-Mère céleste, jusqu'à ce que notre perfection originelle soit démontrée. Le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé, nous assure que les efforts que nous faisons, heure après heure, seront incontestablement couronnés de succès: « Simplement demander que nous puissions aimer Dieu ne nous Le fera jamais aimer; mais le désir ardent d'être meilleurs et plus saints, exprimé par une vigilance quotidienne et par des efforts pour assimiler davantage le caractère divin, nous formera et nous façonnera à nouveau, jusqu'à ce que nous nous éveillions à Sa ressemblance. » Science et Santé, p. 4.
C'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire,
selon son bon plaisir.
Philippiens 2:13
