Le bébé essaya d'atteindre la balle rose toute brillante posée par terre, devant lui. Comme il n'arrivait pas à la saisir, il se mit à genoux et continua ses efforts. Lentement, il se tira en direction de la balle. Il finit par la toucher du bout des doigts, mais ne réussit qu'à la repousser encore plus loin. De nouveau, il se tira sur le sol, éloignant de nouveau la balle de lui. Il leva la tête vers sa mère, implorant son aide du regard; elle se contenta de sourire, lui assurant qu'il s'en tirait très bien, et il retourna à sa quête. Il continua ses efforts et saisit la balle triomphalement.
Le bébé croyait sans doute qu'il ne faisait qu'essayer de saisir un objet brillant, mais sa mère savait qu'en fait, il était en train d'apprendre à marcher à quatre pattes. Parce qu'elle comprenait qu'il agissait d'une leçon plus importante, elle ne se faisait pas de souci au jet de ce qui semblait être un gros effort; elle ne se sentait pas non us obligée d'intervenir pour donner la balle à l'enfant.
Nous aussi parfois, nous nous trouvons engagés dans une lutte en vue d'obtenir l'objet de nos désirs — qu'il s'agisse de l'admission à une certaine école, d'un emploi, d'une promotion ou d'une maison. Nous accomplissons toutes les démarches nécessaires pour atteindre ce but: nous travaillons dur, nous passons des concours, nous sollicitons des entrevues, nous contactons certaines personnes. Pourtant, le but reste parfois hors d'atteinte. Peut-être faut-il alors regarder bien en face ce qui se passe spirituellement et nous demander en quels termes nous mesurons nos progrès. Est-ce que nous nous voyons occupés à des activités qui ne mènent à rien ? Est-ce que nous estimons nos progrès en fonction d'idées préconçues sur la manière dont notre situation devrait évoluer ? Si nous répondons « oui » à ces questions, il faut alors que nous fassions une pause afin de comprendre la manière dont Dieu voit l'homme, et quel est Son véritable dessein concernant l'homme.
En Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce), nous savons que Dieu est l'Esprit infini, ce qui nous assure que la vision de l'homme qu'a Dieu est totalement spirituelle. En fait, l'homme est l'expression illimitée de Dieu, il est donc parfait, ici même et dès maintenant. Il n'est pas un mortel incomplet, insatisfait, aux prises avec toute une haie d'obstacles dont il doit triompher avant d'atteindre sa perfection. Comme l'explique Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science Chrétienne, dans son livre Science et Santé avec la Clef des Écritures, « Dieu exprime en l'homme l'idée infinie qui se développe à jamais, et qui, partant d'une base illimitée, s'élargit et s'élève de plus en plus » Science et Santé, p. 258.. En comprenant cela, nous savons que nos progrès ne se mesurent pas à nos succès matériels, mais plutôt à notre croissance spirituelle.
Qu'est-ce que le fait de saisir toutes ces idées signifie pour ce qui est de notre situation présente ? Cela ne signifie pas que la lutte pour assimiler le caractère divin cessera soudainement. Mais cela implique un changement dans notre manière de concevoir la situation et en même temps dans la nature de notre lutte.
C'est d'un effort sérieux et candide que nous avons besoin. Avec tous ses efforts, le bébé ne fait que poursuivre un apprentissage naturel qui constitue une étape normale de son développement humain. Il |n'est pas moins enfant de Dieu parce qu'il ne sait pas encore marcher quatre pattes. En fait, spirituellement, il est tout aussi parfait que sa mère, son père ou son frère. Sa perfection est la réalité spirituelle de a relation à Dieu, et ne dépend pas de son développement matériel.
Si nous envisageons notre existence comme un éveil progressif à ce que Dieu sait déjà de nous, nous verrons que lutter pour nous élever spirituellement et faire des progrès spirituels est tout aussi naturel et inévitable pour nous que le sont les progrès quotidiens pour l'enfant. Dans cette optique, nous pouvons abandonner toute crainte d'échec ou tout souci concernant l'avenir. Ce faisant, nous éliminons toute pensée agitée qui ne fait que bloquer ces idées spirituelles dont nous avons justement besoin pour améliorer notre situation présente.
Parce que nous savons que Dieu est un Père-Mère aimant, nous savons aussi qu'Il ne nous abandonne pas à la frustration. Mary Baker Eddy nous assure dans Écrits divers: « Dieu vous donne Ses idées spirituelles, et à leur tour, celles-ci pourvoient à vos besoins quotidiens. Ne demandez jamais pour demain: il suffit que l'Amour divin soit un secours toujours présent; et si vous attendez, sans jamais douter, vous aurez à chaque instant tout ce dont vous avez besoin. » Écrits divers, p. 307.
Il se peut parfois que nous tombions mentalement dans des pièges destinés à ralentir nos progrès. Deux de ces pièges les plus courants sont d'une part la croyance à une histoire humaine et d'autre part, la croyance à un ego indépendant de Dieu. Les croyances à l'âge, à certains schémas psychologiques de développement, à des phases par lesquelles il faut passer, ce sont là des éléments de cette prétendue histoire humaine. Les arguments sont à peu près les suivants: J'ai vingt-cinq ans (ou quarante-cinq, ou soixante-cinq), et je devrais déjà avoir atteint tel ou tel résultat. Ou bien: J'ai vingt-cinq ans (ou quarante-cinq, ou soixante-cinq), c'est pour cela que je passe par cette phase, tout le monde y passe à mon âge. Ou bien encore: J'ai toujours eu tel ou tel problème, depuis mon enfance. Ou même: Je suis comme je suis à cause de ce qui m'est arrivé quand j'étais enfant. Chacun de ces arguments tend à justifier et à codifier les limitations.
L'étude de la Bible met en lumière des idées révélatrices permettant de réfuter ces arguments, surtout si l'on scrute profondément les progrès spirituels accomplis par l'humanité dans sa compréhension de Dieu. Quand il fut révélé à Moïse qu'il était celui qui devait mener hors d'Égypte les enfants d'Israël, ses protestations ressemblaient à tous les arguments examinés plus haut. Il déclara qu'il n'était pas un orateur éloquent, que, de plus, il ne l'avait jamais été. « L'Éternel lui dit: Qui a fait la bouche de l'homme ?... N'est-ce pas moi, l'Éternel ? Va donc, je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu auras à dire. » Ex. 4:11. 12. Même alors, Moïse n'était pas convaincu de ses talents humains, mais il sut faire confiance à Dieu; et la Bible nous dit qu'à l'âge de quatre-vingts ans, il mena les Israélites non seulement hors d'Égypte, mais dans un long voyage à travers le désert, entreprise qui aurait été une épreuve pour n'importe quel homme ayant la moitié de son âge. A ses côtés se trouvait son frère Aaron, de trois ans son aîné.
D'autre part Christ Jésus, le Messie, ne douta jamais de la source de ses talents; à l'âge de douze ans, il savait s'entretenir intelligemment avec les érudits et les docteurs du temple. A ce moment-là déjà, il comprenait que son œuvre n'était pas destinée à assurer sa propre gloire: il s'occupait « des affaires de [son] Père » Luc 2:49.. Jésus ne revendiquait aucun ego indépendant de Dieu, le Père; il ne cherchait jamais à se faire valoir. Dans ses œuvres de guérison, il n'examinait jamais le passé physique, sociologique ou psychologique des patients. Il ne prenait pas non plus en considération l'âge des boiteux, des aveugles ou des malades qu'il guérissait. Jésus voyait la vraie ressemblance de Dieu en lui-même et chez les autres, cette vérité actualisée se manifestait dans les guérisons.
En prenant Jésus comme notre Modèle, nous pouvons, quelle que soit notre activité humaine, diriger tous nos efforts vers la croissance et la perception spirituelles. Si nous sommes étudiants, les études que nous poursuivons peuvent être une occasion de refléter l'Entendement dans le déroulement de nos idées, le Principe, dans l'organisation du savoir, l'Amour, dans le développement de la perspicacité. Si nous sommes dans les affaires, nous pouvons démontrer, dans notre travail, l'économie divine, qui ne laisse aucun besoin insatisfait, où l'offre et la demande, régies par le Principe, sont toujours en parfait équilibre. En tant qu'artiste, nous pouvons apprendre graduellement que l'identité de l'homme est le reflet de l'Ame et de l'Esprit, et nous pouvons exprimer des idées claires et originales qui seront communiquées et appréciées.
Quand nous nous voyons tels que notre Père-Mère Dieu nous connaît, nous cessons de nous impatienter au sujet de ce qui semble être des épreuves. Nous éliminons la nécessité de passer par des étapes définies psychologiquement, dans notre histoire humaine; au lieu de cela, nous voyons la loi du progrès spirituel, qui se manifeste également comme progrès dans notre existence humaine. En guérissant des difficultés qui nous sont assignées à l'âge de ving-cinq ans, nous renversons aussi les lois et les prévisions mortelles qui nous limiteraient à l'âge de soixante-cinq ans. Plus nous nous voyons faits à la ressemblance de Dieu, plus nous comprenons que nous sommes engagés, dès maintenant et pour toujours, dans l'action incessante de vivre spirituellement.
Conduis-moi dans ta vérité, et instruis-moi ;
car tu es le Dieu de mon salut,
tu es toujours mon espérance.
Psaume 25:5