Les gens utilisent souvent l'expression « Bonne chance ! » Notre succès ou notre échec peuvent-ils dépendre de la chance ? Au niveau de la pensée et de l'expérience humaines, cela peut parfois sembler être le cas. Mais lorsque nous élevons notre vue au-dessus de ce qui se passe autour de nous, et que nous réfléchissons sur la réalité spirituelle, base de toutes choses, nous trouvons un seul pouvoir qui gouverne, dirige et détermine le résultat de notre activité — le pouvoir du bien, contre lequel il n'y a pas de force adverse.
La Science Chrétienne nous enseigne le caractère pratique de tout ce que nous apprenons sur Dieu et Ses idées. Les vérités spirituelles ne sont pas nôtres simplement pour que nous les aimions mais pour que nous les prouvions. Le terrain d'essai est la conscience humaine, où les lois de Dieu, reconnues, règnent suprêmes sur les prétendues lois et limitations matérielles. L'efficacité de ces lois maintient l'ordre, et elles gouvernent notre activité même dans le prétendu domaine humain.
« Il accomplira donc ses desseins à mon égard. » Job 23:14; En tant que musicienne, je me suis appuyée sur ce passage biblique pour acquérir une perception plus claire de mes capacités. En considérant son message, nous pouvons voir que Dieu est la seule source des capacités et de l'activité. Ce que fait l'homme est l'expression de capacités divinement héritées — qui lui appartiennent par réflexion, donc sans effort, et qui sont infinies et éternelles. L'aptitude de l'homme à exprimer la créativité infinie de Dieu est un aspect naturel de son être. La réflexion et l'expression, étant entièrement spirituelles, sont indépendantes des circonstances et des conditions matérielles. Dans la mesure où nous comprenons ces vérités spirituelles, nous pouvons mener à bien le développement harmonieux des concepts secondaires — la coordination physique, les frais d'études, la marche du temps et le développement du talent.
A l'époque où je jouais dans l'orchestre symphonique de ma localité, il m'était arrivé d'avoir des difficultés avec des passages de musique, mais un travail assidu m'avait toujours permis de les exécuter convenablement à temps pour le concert. Une fois, cependant, ce fut différent. J'avais beau répéter, je n'arrivais pas à jouer les passages difficiles au rythme voulu. Le premier des deux concerts arriva, et à ma confusion, mes doigts ne se déplaçaient pas assez rapidement pour jouer toutes les notes. Un sentiment croissant d'impuissance provoqua d'autres fautes.
Le lendemain matin, ma première pensée fut de répéter encore dans l'espoir de perfectionner mon interprétation à temps pour le deuxième concert ce soir-là. Mais en me souvenant des nombreuses heures déjà passées en répétition, je me rendis compte que deux heures de plus ne feraient pas une grande différence. Alors il me vint à l'esprit que l'aspect le plus important de la préparation, l'aspect spirituel, avait été négligé. J'eus soudainement le vif désir de connaître la loi spirituelle qui gouvernait la situation — une loi plus haute que celle que la matière pouvait offrir, une loi qui ne pouvait pas faillir. Avec ce désir vint un flot d'inspiration qui remplaça les ténèbres de la crainte, de l'impuissance et de l'échec.
La révélation que Moïse reçut de la nature de Dieu en tant que Je suis celui qui suis, prit un nouveau sens pour moi. L'homme n'a pas à essayer d'être quelque chose ou de faire quelque chose. Il est déjà l'expression active de la totalité de Dieu, qui inclut Sa capacité parfaite. Tout ce que l'homme peut jamais faire ou être est ce que Dieu sait qu'il fait et qu'il est. Cette connaissance constitue l'aptitude et l'activité réfléchies par l'homme. Comprendre ces vérités a un effet libérateur.
Mais qu'en était-il de ma limitation physique dans l'exécution de la musique ? Pouvais-je comprendre et sentir cette capacité qui se manifestait librement ? Bien sûr ! En dépit des apparences, les lois de Dieu sont présentes et peuvent être discernées et appliquées dans n'importe quelle situation. Christ Jésus, notre Guide, détournait son regard d'un sens limité d'individualité physique vers la cause infinie se trouvant en son Père, Dieu. Se référant à lui, Mrs. Eddy écrit: « Il ne faisait jamais appel à la matière pour remplir les fonctions de l'Esprit, l'Amour divin. » The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 288; Nous pouvons traduire ce qui semble être une activité physique en un sens plus divin d'expression de la nature de Dieu, ce qui inclut naturellement la concorde et la perfection.
Comme l'orchestre s'assemblait sur la scène, je pris conscience que ce que j'avais compris concernant l'homme incluait tout le monde. L'identité se trouve dans l'Esprit, non dans la matière. En vérité, nous n'étions pas un groupe de personnes essayant de faire de la musique, mais nous reflétions tous harmonieusement le seul Esprit. Cela chassa le sentiment du moi mortel, de la séparation, de l'incapacité et de la compétition et plaça chaque individu là même où il est réellement, avec Dieu dans cette relation unique de la connaissance de Dieu et de l'être de l'homme.
Il semble souvent que l'égotisme, la jalousie, ou une incompatibilité entre personnalités fassent naître des conflits entre les membres d'un orchestre, d'une section ou entre deux musiciens partageant le même pupitre. Ce soir-là, j'acquis subitement un sens plus divin de ces rapports entre nous. Je vis que la seule relation qui existe est celle qui unit chaque individu à Dieu. Dieu et l'homme sont inséparables dans leur unité de l'être. Cette unité éternelle est exempte de conflit, car l'Entendement sans idée n'aurait ni expression, ni fonction, ni réalité. A mesure que mon concept changeit, je pris conscience que tout ce qui existe, c'est Dieu et Son reflet, ce qui, en fait, constitue la seule relation présente.
« La Science révèle la possibilité d'accomplir tout bien et incite les mortels à travailler pour découvrir ce que Dieu a déjà fait... » Science et Santé, p. 260;, écrit Mrs. Eddy. Le travail de Dieu est déjà complet. Je vis que l'objectif du chef d'orchestre et des musiciens est d'exprimer par la musique ce qu'ils saisissent maintenant de la beauté, de l'art, de la joie et de l'ordre de ce que Dieu a déjà fait.
Le temps est un concept mortel qui suggère toujours la limitation. La création de Dieu est instantanée, de la conception de Son idée jusqu'à son développement et à son expression. Les idées de Dieu sont éternellement complètes.
Inutile de dire que je fus inspirée et en paix pendant tout le concert. Je jouai les morceaux difficiles au rythme voulu avec les autres musiciens. Ma pensée s'éleva du sentiment d'être une créatrice à celui d'être une création, réfléchissant le seul créateur. Le résultat naturel fut la liberté. Quel soulagement de savoir qu'on ne peut vraiment rien faire de soi-même !
La compréhension de notre activité spirituelle véritable et une vision claire de ce qui se passe réellement libèrent la vraie capacité — sans aucune restriction. A mesure que nous abandonnons une base de pensée mortelle, celle-ci s'élève à la compréhension de la capacité infinie. Mrs. Eddy explique cela dans Science et Santé: « Le terme Science, bien compris, n'a trait qu'aux lois de Dieu et à Son gouvernement de l'univers, y compris l'homme. Il s'ensuit que les hommes d'affaires et les savants ont trouvé que la Science Chrétienne rehausse leur endurance et leur puissance mentale, augmente leur discernement du caractère, leur donne de la perspicacité et de la compréhensivité ainsi que la faculté de surpasser leurs aptitudes ordinaires. » ibid., p. 128.
La matière n'est pas l'agent de la créativité de l'homme. Mais l'homme est plutôt l'agent de la créativité de Dieu — l'expression continuelle et non entravée de Son être conscient de Lui-même. En vérité c'est Dieu qui met en œuvre Sa création déjà complète. Nous pouvons témoigner de la perfection de cette création et exprimer individuellement sa beauté toujours présente dans tout ce que nous faisons.
