Chacun pourrait-il avoir son propre code moral, bâti au gré des opinions personnelles, des circonstances et de l’éducation ? S’il en est ainsi, les fondements sur lesquels nous construisons la morale sont peu solides.
Un code moral fondé sur des sables mouvants ne peut jamais être idéal. Seule une base scientifique peut donner une norme pratique et réelle à la morale.
Les Dix Commandements de Moïse et le Sermon sur la Montagne de Jésus sont généralement considérés comme la base du code chrétien de morale. Si les Commandements et le Sermon étaient entièrement acceptés conformément à une compréhension éclairée de leur signification, il n’y aurait pas lieu d’y ajouter quoi que ce soit. Mais différentes opinions humaines, la théologie scolastique et les philosophies ont jusqu’à un certain point obscurci cette question, ce qui fit naître des conceptions plus ou moins distantes de leur base scientifique. Il en est trop souvent résulté un simple code moral traditionnel et superficiel, en contraste avec une morale scientifique qui seule peut apporter une règle de conduite cohérente.
Alors que les concepts de la morale traditionnelle admettent la croyance que nous sommes des êtres humains faillibles, soumis à des lois matérielles impliquant que le bien et le mal, variables et relatifs, se mélangent, la morale scientifique — basée sur le Principe divin — confirme l’ordre fondamental du Sermon sur la Montagne: « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Matth. 5:48; Les normes morales qui en découlent sont toujours à notre portée, pratiquement utilisables.
Une morale scientifique en accord avec la loi de Dieu doit nécessairement apporter à chacun la santé et l’harmonie à mesure qu’il acquiert le sens de perfection. Si ce que nous appelons la morale ne contribue pas à ce résultat, il est peut-être nécessaire que nous révisions nos concepts.
Une idée juste, dont la Vérité est la source, réalisée et mise en pratique, est bonne pour les autres comme pour nous, de même qu’une erreur tend à nuire aux uns comme aux autres. La notion fallacieuse que faire aux autres ce qui est juste peut nous conduire à perdre quelque chose nous-mêmes, que ce soit santé, bonheur, ou une juste rémunération pour notre travail, est erronée.
Un don consenti selon une juste compréhension de la Vérité enrichit et protège aussi bien celui qui donne que celui qui reçoit. Notre don, s’il est basé sur la compréhension des exigences de l’Amour divin, doit nous apporter de la joie et un sens accru de générosité et d’abondance. Des actes de miséricorde contribuent à notre paix et à notre bonheur. L’ardeur à mettre en pratique la prière scientifique en faveur d’autrui accélérera notre marche en avant sur le chemin de la nouvelle naissance, telle que Jésus l’a décrite. Nous recevons toujours plus que nous ne donnons lorsque nous exprimons les qualités chrétiennes de l’être véritable, comme le faisait notre Maître.
Au contraire, un acte motivé par le sens personnel de justification de soi tendrait à amoindrir les rémunérations spirituelles de celui qui donne comme de celui qui reçoit.
Le sacrifice réel exigé de nous consiste en l’abandon de valeurs transitoires, si chéries soient-elles, pour choisir une voie plus conforme à la réalité pratique, aux faits enseignés par la Science Chrétienne. Même une décision pénible ou douloureuse du point de vue humain, si elle est prise correctement, aura pour résultat des occasions de croissance spirituelle. Mais sacrifier son idéal de Vérité aux exigences tyranniques d’un tiers est un péché qui ne peut que multiplier les problèmes et augmenter leur acuité. Donc pour juger du degré de moralité de certaines pensées, nous pouvons établir le critère suivant: « Ai-je ma part de bénédictions spirituelles que ces pensées dispensent ? » Si elles sont stériles spirituellement pour nous, elles le seront certainement aussi pour les autres.
Dons de nombreux cas, les codes de morale sont d’accord en ce qui concerne ce qui est bien et ce qui est mal. Cependant, quelques préceptes purement humains sont sujets à caution; il importe de les juger avec lucidité afin de n’être pas surpris dans notre bonne foi. Certains de ces préceptes se sont démontrés, à l’usage, stériles pour les autres et dangereux pour qui les observe. Bien des maladies sont apparemment causées par une moralité douteuse, qui peut être avantageusement remplacée par les qualités spirituelles que présente avec abondance l’enseignement chrétien.
Par exemple, le désir humain d’éviter d’agir incorrectement peut créer des doutes et devenir simplement un obstacle à l’action juste. La sagesse que Dieu nous donne nous conduit à choisir ce qui est le plus juste, ou le moindre mal; ne rien faire serait pire. Il vaut mieux demander humblement et ardemment à Dieu d’être guidé, et agir selon la réponse spirituelle reçue. La réponse vient toujours quand la question est posée sans idées préconçues et avec un sincère désir d’être guidé — c’est-à-dire en demandant des idées spirituelles et non des avantages matériels.
De même, bien qu’une incitation soit nécessaire à l’action humaine, c’est une erreur de croire que notre propre volonté et notre jugement personnel soient des éléments légitimes de réussite. Ces forces motrices tendent à nous mesmériser nous-mêmes aussi bien que les autres. La méthode correcte est d’utiliser le pouvoir pratique que confère l’humble et sincère obéissance à Dieu. Cette obéissance est une source de puissance véritable. L’incitation scientifique n’est pas la volonté personnelle mais l’autorité individuelle conférée par Dieu et mise à notre disposition par notre obéissance à Sa volonté.
L’anxiété au sujet des responsabilités personnelles, des devoirs ou des obligations peut devenir intolérable sans être utile à qui que ce soit. Mais il est possible de se débarrasser des responsabilités mentales en introduisant la foi, la joie, la patience et la certitude de la protection divine — ces éléments pratiques nous guident et nous protègent contre le mal et la tension.
Le faux concept de la pitié tend à accepter, par faiblesse, la puissance du mal et parfois même y inclut des éléments égocentriques. Ce concept stérile doit être remplacé par l’amour rendu pratique quelle qu’en soit la forme active. Conçue spirituellement, la pitié est la véritable compassion qu’exerçait Jésus. La puissance de cette compassion est apte à opérer des merveilles.
Bien des personnes recouvrent la santé en remplaçant simplement des fausses croyances telles que l’incertitude, la volonté humaine, le sens personnel, l’anxiété, la fausse pitié, la fausse responsabilité, que la théologie scolastique persiste à appeler morale, par des concepts scientifiques qui conduisent à corriger la pensée et l’action. Lorsque nous prions pour être guidés, les qualités telles que la foi, la patience, la joie, la compassion, la gratitude envers Dieu et la certitude de la sollicitude divine déclencheront une telle puissance pour le bien de tous, que les obligations imposées par les coutumes humaines, la volonté de l’entendement mortel ou les tiers seront oubliées.
En purifiant de la sorte nos pensées quant au bien et au mal, nous ferons de grands pas en avant vers le bonheur, la santé et la prospérité et, mieux encore, nous pourrons aider davantage notre prochain avec de meilleurs résultats pratiques. Ces résultats ne seront plus la conséquence de simples opinions, mais l’effet d’une pensée scientifique. Nous obtiendrons alors une vraie morale — le résultat des idées issues du Principe divin, l’Amour, que nos prières nous conduisent à discerner et à comprendre.
Une telle discipline nous contraint à une stricte honnêteté vis-à-vis de nous-mêmes. Elle demande des mobiles basés avec consistance sur le sommaire de la loi de Christ Jésus: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force » et: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Marc 12:30, 31; Vivre selon cette loi spirituelle qui, par les capacités qu’elle confère, nous éloigne chaque jour des croyances mortelles limitées, nous conduit à prendre conscience toujours plus clairement qu’être le reflet de Dieu n’est pas une simple théorie, mais notre état pratique réel, dès maintenant et pour toujours.
Avec cette compréhension nouvelle, nos pensées seront suffisamment éclairées pour nous permettre d’accepter la déclaration de Mrs. Eddy, que le bien est tout. « Nous perdons la haute signification de l’omnipotence, écrit-elle, lorsque, après avoir admis que Dieu, le bien, est omniprésent et qu’Il possède tout pouvoir, nous croyons toujours qu’il existe une autre puissance nommée le mal. » Science et Santé, p. 469; Quant au mal, voici ce qu’elle en dit: « Le mal est une négation parce qu’il est l’absence de la vérité. Il n’est rien parce qu’il est l’absence de quelque chose. Il est irréel parce qu’il présuppose l’absence de Dieu, l’omnipotent et l’omniprésent. » ibid., p. 186;
Une telle réalisation scientifique bannit les idées préconçues qui prétendraient donner à la morale une teinte maussade et austère. Tous ceux qui ont eu le privilège d’une prière exaucée, même ceux qui ont eu une seule guérison due à un juste discernement de la Vérité, savent bien combien cette compréhension apporte de joies et de satisfactions; celles-ci sont bien supérieures à celles que le monde présente.
L’affirmation de Paul nous donne un modèle de morale scientifique basée sur le Principe divin: « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance; la loi n’est pas contre ces choses. » Gal. 5:22, 23.