Un prodige dans ce monde est une personne qui ne s’apitoie pas du tout sur elle-même — quelqu’un qui ne passe pas son temps à se lamenter sur des injustices, des privations apparentes et d’autres circonstances pénibles de la vie humaine; quelqu’un qui tire le meilleur parti des situations défavorables et qui, de bonne grâce, fait le nécessaire pour être indépendant et satisfait, ne recherchant pas la sympathie des autres.
L’apitoiement sur soi est un voleur. S’il est autorisé à prendre pied dans notre esprit, il nous frustre de la joie et de la satisfaction qui sont naturellement nôtres en tant qu’enfants de Dieu — tout au moins il nous les déroberait si une telle chose était possible. Mais en fait cela ne l’est pas. La Bible nous dit: « Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. » Jacques 1:17;
Les dons abondants de substance, de bonheur et de plénitude spirituels viennent de Dieu, l’Esprit. Toutes les créations de Dieu les reflètent et ils ne peuvent jamais être enlevés à quiconque. Le bien infini appartient à chacun de nous éternellement. En vérité, aucune circonstance humaine, aussi désastreuse qu’elle puisse paraître, ne peut nous priver d’un seul élément du bien. Accepter la suggestion que l’apitoiement sur soi est justifié à cause d’une perte apparente et s’y complaire, c’est se condamner injustement à une souffrance inutile. On peut même aussi infliger cette souffrance à d’autres, étant donné que la nature de la pitié de soi est d’encourager et d’attirer la pitié des autres, en se nourrissant de leur commisération et de leur compassion.
Aucune personne ne devrait se laisser abuser au point de s’apitoyer sur elle-même, car en agissant ainsi elle concourt à la mystification qui lui est imposée par une fausse croyance mortelle. De même aucune personne ne devrait — tout en exprimant une tendre compassion envers celui qui semble être en peine — se laisser faussement induire à le prendre en pitié parce qu’il semble privé de quelque chose. La Science Chrétienne soutient notre compréhension de la bonté invariable de Dieu envers tous Ses enfants et notre plénitude invariable qui en est la conséquence. Mrs. Eddy écrit dans Science et Santé: « L’homme et la femme en tant que coexistants et éternels avec Dieu réfléchissent à jamais, en qualité glorifiée, l’infini Père-Mère Dieu. » Science et Santé, p. 516; Et ailleurs, dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, elle dit: « La doctrine de la Science Chrétienne est celle-ci: l’Amour divin ne peut être privé de sa manifestation, de son objet; la joie ne peut être changée en tristesse, car la tristesse n’est pas maîtresse de la joie; le bien ne peut jamais produire le mal; la matière ne saurait jamais produire l’entendement, ni la vie aboutir à la mort. » ibid., p. 304; Donc, comment peut-on, devant une telle évidence de notre plénitude éternelle, se fourvoyer au point de céder à l’apitoiement sur soi au sujet de quelque perte ou privation imaginaire ?
Christ Jésus donna l’exemple parfait de l’abandon de la pitié de soi devant les faits de la plénitude et de la satisfaction de l’être, y compris dans les conditions d’injustice et de persécution physique les plus angoissantes. Sans se plaindre, il endura la honte de la crucifixion sachant que l’amour de son Père n’était jamais défaillant et que son intégralité et son harmonie à l’image de la Vie éternelle seraient finalement prouvées d’une manière plus merveilleuse que le sens humain ne pouvait l’imaginer.
Nous pouvons suivre son exemple — pour notre propre bien nous devrions le faire — et rejeter la tentation de nous apitoyer sur nous lorsque les conditions humaines semblent rudes. Semble-t-il que nous soyons surmenés, traités injustement, privés de quelque chose de bon à cause des péchés des autres ? « Le dernier ennemi » nous a-t-il laissés sans la compagnie et le soutien d’un être aimant ? Ou quelque calamité causée par la guerre ou la nature a-t-elle dévasté notre foyer ou nos affaires, nous laissant dans le dénuement ? S’il en est ainsi, ce n’est pas le moment de nous laisser aller à l’apitoiement sur soi, aussi justifié que ce sentiment semble être au sens mortel. C’est plutôt le moment de nous élever à un niveau plus haut de foi dans la loi de l’harmonie de Dieu que nous ne l’avons jamais fait auparavant, et de gratitude pour son épanchement invariable de bienfaits. En nous abandonnant à l’apitoiement sur soi nous ne faisons que retarder la démonstration finale de la plénitude spirituelle à laquelle nous devons finalement parvenir. Mais en prenant fermement et joyeusement position pour la vérité de l’être continuellement harmonieux, nous nous aidons nous-mêmes et nous aidons les autres à vaincre les fausses croyances de manque et de perte et nous mettons en lumière une vision meilleure de la beauté et de l’intégralité de la réalité spirituelle.
Dans Science et Santé, Mrs. Eddy se réfère à un passage du livre de l’Apocalypse où il est question de l’ « un des sept anges qui tenaient les sept coupes remplies des sept derniers fléaux », et qui disait: « Viens, je te montrerai l’épouse, la femme de l’agneau » Apoc. 21:9;. Elle écrit: « L’Amour peut faire de la circonstance même, que, dans votre souffrance, vous appelez un châtiment et une affliction, un ange que vous avez reçu pour hôte sans le savoir. » Science et Santé, p. 574.
Aucune condition humaine aussi belle et bonne qu’elle puisse paraître ne pourra jamais faire plus que d’être l’ombre de la beauté et de l’harmonie de l’Être divin. A mesure que la pensée s’élèvera dans la compréhension de la réalité spirituelle, l’existence humaine devra toujours céder la place à des vues plus élevées jusqu’à ce que la matière disparaisse et que la réalité soit vue dans la pleine lumière de la Vérité.
Vous trouvez-vous en présence d’une calamité apparente ? Cela peut être la circonstance même qui va vous faire voir la beauté sublime de votre être véritable, spirituel, complet, en tant qu’idée de l’Amour divin. Ne laissez pas l’apitoiement sur soi assombrir votre vision de la révélation de l’ange et vous priver par là de la bénédiction — même pour un jour. La plénitude éternelle est la loi de Dieu pour tous.
Pourquoi t’abats-tu, mon âme...?
Espère en Dieu, car je le louerai encore ;
il est mon salut
et mon Dieu.
Psaume 43:5