Un matin, alors que j'étais en train de me raser, je me livrais à des réflexions quelque peu pessimistes à mon sujet. Considérant mon visage dans le miroir, je me dis en moi-même: « Tu ferais mieux de ne pas te montrer, tu n'es vraiment pas beau du tout. » Je fus alors envahi par la conviction profonde que le jugement que je portais ainsi sur moi-même constituait une offense à Dieu.
Cela faisait quelques années déjà que j'étudiais la Science Chrétienne, la Science divine dont les explications font apparaître clairement que l'homme est en vérité l'image et la ressemblance spirituelle de son Créateur, et reflète ainsi la bonté et la beauté, qui sont les attributs de Dieu. Naturellement, cela ne signifie nullement que l'image physique que je scrutais ce matin-là dans la glace était la ressemblance de Dieu; mais je compris très nettement que les pensées négatives que j'entretenais à l'égard de moi-même étaient principalement fondées sur l'acceptation, justement, que j'étais un mortel avec un corps matériel, au lieu de reconnaître joyeusement mon identité spirituelle, au-delà de tout critère matérialiste d'appréciation.
Je me dis que dénigrer systématiquement tous les matins ce que je voyais dans le miroir revenait tout bêtement à honorer la croyance à une vie dans la matière, à une vérité dans la matière, à une intelligence dans la matière, à une substance dans la matière, ce qui est tout l'opposé des enseignements de la Science Chrétienne. Et je me rendis compte que les honneurs rendus à cette croyance m'amenaient inévitablement à transgresser le premier commandement: « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. » Ex. 20:3;
Je vis aussi clairement que je n'avais pas à me considérer comme coupable et à m'accuser d'avoir transgressé un commandement divin volontairement. J'avais jusqu'ici, je m'en rendais compte maintenant, été abusé par ce que la Science Chrétienne appelle le magnétisme animal, ou le pouvoir supposé du mal d'hypnotiser sa victime au point de lui faire endosser, en croyance, la responsabilité du péché. J'étais en réalité depuis toujours et pour toujours l'homme véritable, l'enfant parfait de Dieu, dont Mrs. Eddy écrit dans Science et Santé: « L'homme est incapable de pécher, d'être malade, et de mourir. » Science et Santé, p. 475; C'est là l'homme que Christ Jésus voyait et exemplifiait.
Je sentis une immense bouffée de joie monter en moi et je me dis que de ce point de vue vraiment métaphysique, je pouvais maintenant avoir de moi-même une estime meilleure. Je résolus en mon cœur de ne plus jamais insulter Dieu en m'insultant moi-même ou quelqu'un d'autre, de ne plus mépriser ce que je voyais chaque matin dans le miroir, de ne plus céder à l'attirance morbide du dénigrement de soi-même.
Et que croyez-vous qu'il advint ? Je n'acquis pas du tout miraculeusement un physique de jeune premier ! Mais je souffrais, à ce moment-là, d'une grosseur au bas de la joue, qui devenait de plus en plus visible. Au lendemain de cette prise de conscience de la vérité spirituelle, cette grosseur se vida complètement, sans que je ressentisse aucune souffrance. Quelques jours plus tard, elle avait complètement disparu.
S'estimer soi-même à sa juste valeur ne peut aucunement se faire sur la base de la connaissance physique de soi-même, mais sur celle de la connaissance spirituelle de soi-même. Cela s'accomplit par la compréhension que donne la Science Chrétienne. Mrs. Eddy explique: « L'homme n'est pas matière; il n'est pas composé de cerveau, de sang, d'os, et d'autres éléments matériels. Les Écritures nous apprennent que l'homme est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. La matière n'est pas cette ressemblance. La ressemblance de l'Esprit ne peut être si dissemblable à l'Esprit. L'homme est spirituel et parfait, et parce qu'il est spirituel et parfait, on doit le comprendre ainsi dans la Science Chrétienne. » ibid.