Quand j'étais au lycée, je devins de plus en plus liée avec un jeune homme qui était très opposé à la Science Chrétienne. Bien que j'aie été élevée en Science Chrétienne et que j'aie toujours fréquenté l'École du Dimanche, je n'avais jamais senti le besoin d'utiliser ce que j'avais appris. Il était rare que j'aie des problèmes, et, si une difficulté se présentait, elle était éliminée rapidement et sans histoire par les prières de mes chers parents.
Quand j'allai à l'université (la même université que celle de ce jeune homme), ce dernier me pressa de questions et d'arguments destinés tout spécialement à me détourner de ma « religion héritée ». Je n'avais ni les réponses ni même le désir de résister à la suggestion qui voulait me faire rejeter cette religion qui revendique la perfection de l'homme dans ce qui semble être un monde imparfait. Il me défendit d'aller à l'École du Dimanche en me menaçant: « C'est soit ton église, soit moi, mais les deux, c'est impossible. » Il ne me sembla pas du tout difficile de prendre une décision sur-le-champ, et vous pouvez probablement deviner quel fut mon choix: une vie mondaine bien remplie, qui ne manquerait pas de conduire à un mariage avec le garçon le plus beau de l'université et le plus à la page, plutôt qu'une occupation prude du dimanche matin, qui viendrait en aide à des personnes solitaires, malheureuses et malades. Du moins, c'est ainsi que je me représentais la chose.
Chaque fois qu'au cours de cette première année d'université je rentrais à la maison pour les vacances et allais à l'École du Dimanche où je prenais part aux discussions et répondais aux questions comme je l'avais toujours fait, je n'avais que de légers remords. Le sentiment d'hypocrisie disparaissait aussitôt que je me trouvais de nouveau avec mon ami. Il avait une telle influence sur toutes mes pensées qu'il semblait que je n'avais pas besoin de penser par moi-même — presque comme si j'étais hypnotisée ! S'il y avait un problème, il le résolvait, et nous habitions rien que nous deux dans un merveilleux pays de chimères. Je pensais que je n'avais vraiment pas besoin de la Science Chrétienne, parce que je ne l'avais pas utilisée ni vécue, et cependant tout allait très bien. Je n'étais jamais malade ni découragée, et mes notes étaient satisfaisantes. Mon ami me donnait bonheur et sécurité, et c'est tout ce qui comptait.
Le moment décisif arriva pendant l'été qui suivit ma première année d'université. Je fus invitée à la Réunion biennale universitaire des Organisations de la Science Chrétienne dans les universités qui a lieu à Boston et, tout d'abord, je n'avais pas envie d'y aller. Puis, pour une raison quelconque, je décidai de m'y rendre. Je ne savais pas pourquoi je prenais cette décision surprenante, étant donné que c'était pratiquement la première que j'avais prise moi-même depuis presque toute une année. Plus tard, je fus surprise de la puissance qu'avait la voix de la Vérité à laquelle j'obéis malgré une des menaces de mon ami qui me dit que, si je traversais la moitié du pays pour aller à une réunion religieuse, je ne le verrais jamais plus.
La toute première nuit que je passai à Boston, à la veille des réunions, je découvris ce que j'y étais venue chercher. Je partageais une petite chambre d'hôtel avec quatre membres d'une importante organisation universitaire d'un autre état et c'est ainsi que je fis la connaissance d'une jeune fille qui avait un problème assez grave. Elle souffrait d'une telle irritation à l'œil que cela l'aveuglait et elle pleurait de douleur. J'étais là et écoutais ses camarades de l'organisation l'aider en Science Chrétienne. Elles lui parlèrent et énoncèrent des vérités comme je ne l'avais vu faire que par des Scientistes Chrétiens expérimentés. Une jeune Scientiste Chrétienne cita la définition suivante que Mrs. Eddy donne dans le Glossaire de Science et Santé: «Les Yeux. Discernement spirituel, — non matériel, mais mental. » Science et Santé, p. 586; Elles lui parlèrent de la vue spirituelle et de sa manifestation dans l'homme, puis, à tour de rôle, elles lui firent la lecture jusque très tard dans la nuit. Une des jeunes filles appela sa mère, une Scientiste Chrétienne expérimentée, pour lui demander de l'aide. Le lendemain matin, la jeune fille en question se trouvait beaucoup mieux et elle put saluer le soleil avec joie. Elle fut bientôt complètement guérie et put prendre part avec joie aux activités du reste de la semaine.
Cette expérience me donna la preuve que la Science Chrétienne est vraiment efficace pour quiconque l'applique, même pour une étudiante comme moi-même. La Science Chrétienne devint soudain un élément vital et nécessaire de ma vie, quelque chose que je voulais vraiment apprendre à vivre et à partager avec d'autres personnes de la même manière que je l'avais vu faire cette nuit-là à Boston. Les réunions me montrèrent que la meilleure façon de partager avec mes camarades et de vraiment suivre l'injonction de Jésus, « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux, » Matth. 5:16. était de devenir membre d'une organisation universitaire de la Science Chrétienne. Il n'y avait point d'organisation à l'université où j'étudiais, et seuls un ou deux autres étudiants avaient signalé en s'inscrivant que la Science Chrétienne était leur religion.
J'étais décidée à établir une organisation, même si j'étais toute seule. Quand je repris mes cours cet automne-là, je rencontrai une autre jeune fille qui revenait de la Biennale avec la même inspiration et la même détermination. Ensemble nous commençâmes à tenir des réunions au Foyer des étudiants et nous en parlâmes dans toute l'université. En une année, notre groupe non officiel composé de quatre membres devint une organisation inscrite dans The Christian Science Journal. Quatre ans plus tard, l'organisation comptait seize membres.
Ce travail ne fut pas entravé par le jeune homme cité plus haut, car il fut appelé sous les drapeaux. Je poursuivis tranquillement mon activité à l'organisation, allai régulièrement à l'église et continuai à étudier et à mettre en pratique la Science Chrétienne. Je n'en fis jamais mention dans mes lettres pendant qu'il était à l'armée. Mais, comme mon entourage, il remarqua que ma manière de penser et mon sentiment des valeurs avaient changé. Ma camarade de chambre me demanda ce qui m'arrivait, voyant que je montrais tant de zèle à me lever chaque matin pour lire « ces petits livres qui étaient restés tout poussiéreux sur le rayon l'année dernière ». Il y eut également d'autres marques de changement qui amenèrent une séparation normale entre le jeune homme et moi. Il n'y eut aucune amertume de part et d'autre, bien que nous fussions sortis ensemble pendant sept ans.
Le sentiment de liberté que je ressentais était merveilleux. Je n'avais aucune sensation de perte, de vide ou de solitude comme des amis l'avaient prédit. Dieu m'avait vraiment sortie de cette situation sans douleur et d'une manière harmonieuse. Je sentis que j'avais été préservée d'un mariage qui n'aurait pas pu durer. Je suis humblement reconnaissante d'avoir été réveillée à une vie beaucoup plus libre et beaucoup plus riche — une vie qui reflète l'unique Vie immuable et éternelle.