Ce titre pourrait sembler dépourvu du sérieux que devrait avoir une telle question concernant le plus grand ennemi de notre paix et de notre bien-être; toutefois, il fait ressortir le fait que bien des gens entretiennent, la peur chronique de quelque chose de spécifique qui se cache dans le secret de leur mentalité. Que ce soit la peur de la maladie, de l'hérédité, des ressources insuffisantes, de la perte d'une situation ou du manque d'avancement dans celle-ci, ou encore la peur de commérages inconsidérés ou de désaccords dans les relations humaines, n'importe quelle peur, latente ou manifeste, projette une ombre sur le bonheur et l'enthousiasme.
La Science Chrétienne montre tout à fait clairement que la crainte, si elle n'est pas surmontée, peut non seulement se trouver à l'origine de désordres physiques mais encore, par ses insinuations, nous faire douter de nous-mêmes et provoquer en nous la dépression et la confusion; elle peut aussi nous priver de joie et faire obstacle au libre exercice de nos talents: et néanmoins, dans la vérité, la crainte ne peut jamais être justifiée le moins du monde. La peur n'a pas de pouvoir sur nous sauf celui que lui accorde notre ignorance spirituelle. Sous quelque forme qu'elle se présente, la peur n'est qu'une ombre que l'entendement humain crée en propre et qui, telle une ombre, disparaît lorsque la lumière du Christ, la Vérité, vient l'illuminer.
Qu'est-ce, alors, que la crainte ? C'est une réaction devant une menace. Et qu'est-ce qui produit la menace ? A la base, c'est la croyance mortelle que le mal est une réalité de la vie. Par conséquent, pour détruire la peur, il est nécessaire de comprendre que le mal, quelles que soient sa forme ou ses menaces chroniques ou aiguës, est positivement irréel. Il n'a ni intelligence ni pouvoir qui lui soit propre et, de ce fait, il n'a ni place ni influence dans la réalité spirituelle de la vie.
Il n'est pas difficile de voir que, fondamentalement, la peur du mal fait partie de ce faux sens mortel qui croit à la réalité matérielle; ce sens qui affirme que la matière est la source de la santé, le possesseur de l'entendement et de l'intelligence, et, qu'ainsi il a le pouvoir d'intervenir, d'une manière ou de l'autre, dans la vie humaine et dans le bonheur et le progrès qu'elle renferme. En résumé, toute crainte vient de l'acceptation aveugle du sens totalement faux qui prétend que le bien, ainsi que le mal, est matériel et que le mal s'oppose à lui; que le bien est limité et incertain en qualité, en quantité et en action. La crainte est, par conséquent, un reniement inconscient de l'unique réalité ou totalité du bien; c'est ignorer la nature spirituelle du bien et l'activité ininterrompue et sagace de son pouvoir en notre faveur, pouvoir à quoi rien de réel ne peut s'opposer.
Ignorer cette vérité fondamentale, c'est être dans un faux état de conscience appelé en Science Chrétienne: entendement mortel. Parce qu'il est l'opposé de la Vérité, l'entendement mortel est complètement faux et par conséquent irréel, bien qu'il ignore sa propre fausseté et qu'il prétende être la vérité ou le penser véritable. Lorsque l'entendement mortel est vu dans cette lumière, et que nous lui résistons activement, ses menaces de mal sont réduites au silence. Il n'y a nulle cause de crainte en dehors du royaume du rêve que constitue la perception des sens trompeurs et abusés. Toute crainte n'est donc autre qu'une partie de ce rêve. L'existence véritable est la réalité et non pas un rêve. Par conséquent, l'existence véritable est exempte de toute peur.
Dans la réalité de son être, l'homme n'est pas une personne matérielle mais une conscience individuelle, une idée spirituelle; il est le reflet de Dieu, l'Entendement divin, qui le protège, le guide et le soutient. Comprendre cette vérité et l'accepter pleinement pour nous-mêmes, nous permet de prouver qu'aucun risque, aucun danger ne menace notre vie, notre santé, nos affaires, notre bonheur et notre complet succès. En tant que reflets de Dieu nous avons le pouvoir de connaître ceci et nous n'avons donc pas besoin d'avoir peur.
Avec la compréhension de notre être véritable fermement établie dans notre conscience, nous pouvons prouver que nos activités ne sont jamais entravées ni même touchées par la crainte, car elles sont indépendantes de tout ce qui n'est pas Dieu, le bien infini. Nous pouvons prouver que le reflet ou l'enfant de Dieu n'est jamais menacé. Aussi n'a-t-il pas à craindre l'enfance vulnérable, l'adolescence troublée, ni la débilité de la vieillesse, ni pauvreté, ni faiblesse, ni danger, ni frustration; il vit sans menaces, sans peur. Nous sommes, en vérité, sous la seule juridiction de la loi de Dieu, de l'Amour divin, tout agissant, qui nous protège et nous soutient sans cesse, et qui est la Vie et l'Ame de tous.
Dans Science et Santé, notre Leader, Mrs. Eddy, résume comme suit: « L'Entendement divin qui fit l'homme maintient Sa propre image et ressemblance. » Science et Santé, p. 151; Et plus loin, elle continue: « Tout ce qui existe réellement est l'Entendement divin et son idée, et dans cet Entendement l'être intégral est révélé harmonieux et éternel. Le chemin étroit et resserré, c'est de voir et reconnaître ce fait, céder à cette puissance, et suivre les intuitions de la vérité. »
Nous devons aussi être vigilants envers certaines formes de peur non reconnues comme telles, d'une façon générale. Il n'y a certainement pas de démarcation très nette entre la haine et la crainte, car ne haïssons-nous pas ce que nous craignons, et ne craignons-nous pas ce que nous haïssons ? Et l'amour, l'opposé de la haine, n'est-il pas le remède contre la peur ?
L'avidité est la peur, la peur de n'avoir jamais assez; la peur de devoir prendre à un autre ce que l'on est si décidé à acquérir. La jalousie est une forme de peur, la peur qu'un autre soit aimé davantage que nous ne le sommes ou qu'il avance plus rapidement que nous ne le faisons. Christ Jésus a enseigné qu'elles sont absolument sans cause les menaces avouées ou déguisées du sens matériel concernant le manque de ressources, l'impuissance devant les difficultés, la frustration sous toutes ses formes; et il a détourné l'attention de ses auditeurs des anxiétés et des craintes de l'existence humaine, pour la diriger vers l'amour de Dieu qui pourvoit à tout. Il savait qu'être conscient de cet amour et avoir foi en son pouvoir permettrait de détruire toute crainte: crainte de manquer, d'avoir à lutter matériellement, d'être frustré ou de voir notre ambition contrecarrée. De quelle compréhension et de quelle inlassable compassion le Maître n'a-t-il pas fait preuve à l'égard des faiblesses humaines ! Et combien douce et ferme à notre oreille est l'assurance de ses paroles: « Ne cherchez pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez, et ne soyez pas inquiets. Car toutes ces choses, ce sont les païens du monde qui les recherchent... Cherchez plutôt le royaume de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume. » Luc 12:29–32;
Lorsque nous réaliserons que nous sommes en fait le reflet de Dieu, coexistant avec Lui, nous serons capables de détruire pour nous-mêmes prétendues menaces du mal, et nous serons alors conscients de l'unique réalité, du tout-pouvoir et de la toute-présence du bien comme étant la seule influence dans notre vie. Pourquoi serions-nous prisonnier du sens matériel, puisque nous pouvons réaliser que nous sommes, dès à présent, l'expression consciente et libre de l'être de Dieu, jamais menacée, donc jamais effrayée ? Nous connaîtrons alors l'espérance du bien seul, et nous vivrons dans l'assurance et la joie de son présent accomplissement.
Voici la promesse ancestrale que Michée fit aux enfants d'Israël, promesse que la Science Chrétienne accomplit dans la vie de ceux qui la mettent en pratique: « Ils habiteront chacun sous sa vigne et sous son figuier, et il n'y aura personne pour les troubler; car la bouche de l'Éternel des armées a parlé. » Michée 4:4.