L'estime de soi-même peut se prendre dans deux acceptions différentes: respect de soi ou suffisance. Dans le premier cas, il s'agit d'une chose louable; dans le second, d'une faiblesse au-dessus de laquelle il faut s'élever. En nous révélant une individualité digne de respect, la Science Chrétienne nous donne une bonne raison pour la véritable estime de nous-même. Cette individualité est la ressemblance de Dieu, l'homme réel; elle est donc spirituelle, constante, obéissant à son Créateur et gouverneur. Le vrai moi n'est conscient que du bien; indemne de souillure, de péché, il est incapable de faiblesse ou de bassesse. Sa loi est la perfection spirituelle. Étant l'expression même de Dieu, né de Lui, le moi véritable manifeste les qualités de ce qui est divin — l'amour, la pureté, la santé, la joie, la véracité, l'intelligence et toutes les autres qualités mentales estimables.
Savoir que l'on est cet homme-là, puis par une conduite juste vivre d'accord avec cette identification, est chose fondamentale pour la pratique de la Science Chrétienne. Nul ne peut se guérir des erreurs mortelles s'il croit qu'elles font vraiment partie de sa nature. A la page 242 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, par Mary Baker Eddy, nous trouvons ce passage très apprécié et souvent cité, qui traite de l'identification correcte: « Démontrer la spiritualité ne devient possible que si vous vous déclarez immortelle, en comprenant que vous l'êtes. » Au même paragraphe l'auteur ajoute encore: « A moins de percevoir pleinement que vous êtes l'enfant de Dieu, donc parfaite, vous n'avez ni Principe à démontrer ni règle pour cette démonstration. »
Malgré ces préceptes scientifiques, l'on est parfois tenté d'admettre que l'on est un mortel malade, découragé, pécheur ou peu intelligent. Voilà ce qui arrive quand nous nous laissons envahir par des dispositions morbides, sans joie; quand nous permettons que l'irritation et la crainte remplissent notre conscience; quand nous accueillons dans la pensée des croyances négatives contredisant les vérités de la Science Chrétienne; quand nos actes sont faussés par des mobiles ou des préjugés personnels. Ces conditions mentales effacent notre identification véritable; elles empêchent la démonstration de la réalité qui repose sur l'estime scientifique de soi-même.
Certaines personnes trouvent présomptueux de revendiquer leur identité spirituelle, quoique l'Écriture dise positivement que l'homme est l'image de Dieu, et nous propose comme exemple Jésus le Christ qui démontra pleinement ce fait. Elles refusent donc l'estime de soi-même que la Bible offre à tous. Elles sont encore influencées par de fausses croyances théologiques qui mettent obstacle à la démonstration de la liberté spirituelle en soutenant que l'homme est un mortel capable de pécher ou d'être malade. Pour elles, il semble difficile de se mettre à la portée des bénédictions divines.
Dans cette situation pénible, elles devraient résolument s'élever contre la fausse théologie et saisir la vraie nature de l'homme, révélée en Science Chrétienne. A cette fin, l'on doit toujours considérer le moi mortel et ses erreurs comme des suggestions agressives en dehors de l'être, non comme des réalités. Mais il n'en faut pas conclure que l'on puisse fermer les yeux sur la personnalité physique et les pensées mauvaises. La Science Chrétienne exige la guérison de toutes les fautes afin que soit mis en lumière l'idéal de Dieu. Elle montre les pas qu'il faut faire sur la voie rédemptrice de l'obéissance morale et spirituelle pour rendre possible la démonstration de l'homme parfait.
La véritable estime de soi exige un penser parfaitement équilibré: il faut reconnaître la perfection absolue, et donner la preuve de tout ce que l'on professe. Quand le disciple entrevoit la perfection de l'homme révélée en Science, il peut discerner les erreurs subtiles qui voudraient s'introduire dans sa pensée — pharisaïsme, intérêt personnel, mollesse, désir de se justifier — et leur fermer la porte. Plus la norme du moi s'élève et se purifie, plus nous deviennent intolérables les mauvaises pensées qui voudraient avilir cette norme, et plus vite nous sommes sauvés du péché ou de ses suites. Mrs. Eddy déclare (ibid., p. 161): « Quand on obtient la connaissance de soi-même, l'empire sur soi-même, le royaume des cieux en soi, — dans sa propre conscience, — on est sauvé par le Christ, la Vérité. »
Tant que semble persister l'état humain, la connaissance de soi-même aura deux aspects — connaissance de l'homme réel toujours plus profonde à mesure que l'on avance spirituellement, et perception salutaire des erreurs mortelles prétendant exister, ce qui conduit au repentir indispensable et à la résistance vis-à-vis de l'erreur.
La connaissance et l'estime de soi-même sur le plan scientifique, sont notamment caractérisées par cette attitude: le disciple respecte sa démonstration de la Science Chrétienne et n'attribue qu'à Dieu le bien qu'il accomplit. La suffisance revendiquerait un mérite personnel quant aux réalisations obtenues; mais la prière du Christ Jésus renferme cette humble parole (Matth. 6:13): « C'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire » — déclaration proscrivant la suffisance.
Le Maître assignait une haute valeur à ses œuvres, car il savait qu'elles étaient inspirées par le Père céleste qui les amenait à leur réalisation complète. Jésus disait (Jean 5: 30): « Je ne puis rien faire de moi-même. » Paul, à la fois humble et fidèle, parlait ainsi (Phil. 4:13): « Je puis tout par Christ qui me fortifie. » Ces deux grands caractères étaient dépourvus de suffisance, mais chacun se respectait lui-même. Ils comprenaient que l'homme est le fils parfait de Dieu; leur vie était réglée en accord avec leurs convictions.
Pour mettre en lumière la véritable estime de soi-même, il importe surtout d'être humble. L'humilité nous permet de faire face aux illusions que prétendent nous imposer l'hérédité et peut-être une éducation fautive, puis de résoudre les problèmes de la vie humaine en prenant pour base l'éternelle perfection de l'homme. Mieux le disciple voit qu'il est vraiment l'expression de Dieu, riche en amour, en intelligence, en pureté, en santé, en sagesse, plus son respect de soi-même sera scientifique.
Parce que l'estime qu'il a pour lui-même repose sur les révélations de la Science divine, il s'efforcera d'aider ses frères à parvenir au même but, à s'estimer vraiment eux-mêmes. Au lieu de se livrer à la condamnation personnelle, il s'attachera au statut réel de l'homme; il contribuera à détruire les choses indignes qui veulent avilir la race humaine et prétendent mettre obstacle à la révélation de l'homme spirituel.
Pratiquons à notre égard l'estime véritable; aidons à la rétablir chez tous afin qu'ils soient revêtus de dignité spirituelle, tandis qu'ils démontrent progressivement leur perfection comme fils bien-aimés de Dieu — ce qu'ils sont en réalité.