L'esprit du christianisme anime ceux qui abordent chaque problème dans l'intention de guérir et de sauver les victimes de l'erreur plutôt qu'en cherchant à condamner ou à punir. A maintes reprises, Jésus le Christ nous donna l'exemple de cette attitude; ce fut spécialement le cas lorsque avec vigueur il réprouva Jacques et Jean qui proposaient de faire descendre le feu du ciel pour consumer des Samaritains refusant d'accueillir le Maître dans leur village. Il dit (Luc 9: 55,56): « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés. Le Fils de l'homme est venu non pour perdre les âmes, mais pour les sauver. »
En face d'un affront, l'attitude instinctive des mortels est en général la rancune. Or voici comment parle notre Leader, Mary Baker Eddy, avec une tendresse bien faite pour nous persuader: « Rien ne devrait nous offenser sinon nos propres erreurs. Celui qui, de propos délibéré, cherche à nuire aux autres, devrait être pour nous un objet de pitié plutôt que de ressentiment » (Miscellaneous Writings, p. 224). La Science Chrétienne révèle les grandes vérités curatives qui nous élèvent plus haut que la mesquinerie des représailles personnelles jusqu'à l'atmosphère céleste où l'on comprend que Dieu est Tout et que Ses enfants demeurent dans l'éternelle harmonie. La Science Chrétienne nous donne le profond désir de prouver cela. Inspiré par elle, le disciple se consacre à détruire les illusions des faux sens matériels pour mettre en lumière les faits de la vraie vie dans l'Esprit. Son désir de châtier l'injustice humaine est réduit au silence, car il voudrait avant tout démontrer la miséricorde de l'Amour divin qui efface une injustice plus grande encore — l'illusion d'après quoi l'homme serait un mortel pécheur, victime d'impulsions mentales perverses que lui-même ne comprend guère.
Quiconque refuse de se blesser parce que le prochain manque d'égards ou que ses intentions paraissent malveillantes, aide souvent à éteindre ce qui risquait de devenir une conflagration mentale; en tout cas il ne verse pas de l'huile sur le feu des discordes humaines.
Mrs. Eddy suivait sans réserve les préceptes du Maître concernant le pardon des offenses; aussi pouvait-elle dire aux Scientistes Chrétiens (ibid., p. 11): « Il nous faut aimer nos ennemis dans toutes les manifestations qui nous font aimer nos amis; nous devons même essayer de ne pas mettre à nu leurs défauts, et de leur faire du bien toutes les fois que l'occasion s'en présente. » Garder dans l'esprit les fautes regrettables que d'autres ont commises mais qu'ils ont ensuite sincèrement tâché d'effacer par la Science Chrétienne, ce n'est point obéir au précieux conseil de notre Leader; c'est plutôt mésestimer la Science Chrétienne et son pouvoir transformateur. Cette attitude ne tend point à guérir. Par son influence elle maintiendrait dans l'étau de la croyance erronée celui que l'on condamne. C'était peut-être à cela que notre Maître faisait allusion lorsqu'il disait (Matth. 18:18): « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. »
La Science Chrétienne ne nous engage jamais à négliger l'erreur ou à l'excuser d'une manière quelconque, mais elle nous apprend à la guérir selon des méthodes chrétiennes. Cette Science révèle Dieu en tant que Principe créateur d'un univers spirituel parafait — univers comprenant l'homme créé à la ressemblance de Dieu, soumis à Sa volonté, manifestant Sa pureté et Sa perfection. En bonne logique elle nie la réalité et même l'existence du mal qui contredirait ces vérités absolues.
Pour guérir un mal quelconque, il faut que les faits spirituels positifs remplissent la conscience, car c'est dans la conscience qu'apparaît l'idée juste. Or comment peut-elle paraître si l'on s'attache à un concept mortel erroné, qu'on l'intensifie en y croyant soi-même, qu'on le multiplie en convainquant d'autres percevoir qu'il existe? Chacun devrait faire librement sa propre démonstration, c'est-à-dire percevoir l'homme tel que Dieu l'a créé; nul ne devrait sous l'empire d'une influence personnelle, adopter les fausses conceptions des humains qui n'obéissent pas aux instructions de la Science. Mrs. Eddy fait preuve d'une compassion protectrice et d'un esprit chrétien lorsqu'elle nous conseille de ne point mettre à nu les défauts de nos soi-disant ennemis. Cela révèle la grandeur de son caractère et son aptitude à conduire le mouvement de la Science Chrétienne.
La manière dont nous abordons, pour les guérir, les problèmes individuels doit être employée aussi à l'égard des problèmes dont la portée est mondiale. Sans doute faut-il discerner les causes de l'inharmonie afin de pouvoir les corriger d'une manière intelligente; mais nous ne saurions perdre de vue le fait que dans l'univers tout individu est en réalité spirituel et que le royaume de Dieu est intact, harmonieux. Les forces du mal qui poussent à l'égoïsme, au crime, à la guerre, sont hypothétiques, et chacun de nous peut s'éveiller du songe dans lequel ces forces paraissent agir. Voilà comment nous pouvons le mieux continuer à guérir le genre humain de ses conflits raciaux, nationaux ou idéologiques.
Toutes les mesures justes et constructives en vue d'établir l'entente parmi les hommes prouvent que la Vérité agit sur ce que l'on appelle la conscience humaine. A mesure que les Scientistes Chrétiens voient plus clairement la réalité, l'influence du bien scientifique s'accroîtra et neutralisera la prétendue force des méthodes et des ambitions matérialistes.
Concernant les pasteurs qui dans sa jeunesse l'instruisirent sous le rapport de la religion, Mrs. Eddy déclare (Message to The Mother Church for 1901, p. 32): « Il semblait que Dieu ait abrité dans leur cœur le monde entier; ils étaient prêts à tout sacrifier pour Lui. » Voilà certes une norme élevée que nous sommes tenus de suivre! Ayant bien appris les leçons de l'amour, notre Leader nous a fait voir comment, par la Vérité, l'on abrite le monde dans son cœur; comment la certitude que l'homme est spirituel, parfait, peut s'étendre à tout le genre humain. Si l'Amour est notre mobile, nous aborderons les problèmes du monde d'une manière convaincante et curative. Le songe mortel où se produit la lutte pour la justice et la liberté prendra fin; le royaume de Dieu, créé et gouverné par l'Amour, se révélera comme étant la seule demeure permanente de l'homme.