« Dorénavant nous ne connaissons plus personne selon la chair » (II Cor. 5:16). Sans doute l'apôtre Paul faisait-il allusion à la nature spirituelle de l'homme, et cherchait-il à faire ressortir combien il importe de n'admettre aucune autre nature comme réelle.
Mais si pour la chrétienté en général l'importance de cette parole ne fait guère de doute, connaître quelqu'un autrement que « selon la chair » n'est pas une pratique courante. En apparence, le moyen d'y parvenir est ou bien complètement inconnu ou bien classé parmi les méthodes que peu de personnes acceptent.
Les enseignements du Christ Jésus sont cependant catégoriques à ce sujet. Il est impossible par exemple que son affirmation: « Avant qu'Abraham fût, je suis, » soit applicable à sa personne physique telle que pouvaient l'apercevoir ses auditeurs. Il nous faut donc croire qu'il se connaissait lui-même comme expression de l'Esprit ou de Dieu, à l'image duquel la Bible dit que l'homme a été créé — vérité que la chair ignore complètement.
Nous ne perdrions certes pas notre temps si nous cherchions à nous connaître nous-mêmes à la manière de Jésus le Christ. Au fait cela nous amènerait infailliblement à une nouvelle vie — une conscience nouvelle — riche en belles expériences et confirmant cette parole du grand Prophète galiléen: « Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais. » Mais ce ne sera jamais le cas tant que nous ne pourrons nous élever au-dessus des dispositions troublées, anxieuses, découragées, envieuses ou pleines de haine qui sont dues à ce que nous ne nous connaissons que « selon la chair. »
En revanche, nous pouvons être certains que la voix du ciel qu'entendit Jésus près du Jourdain et qui disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection, » nous concerne nous aussi dans la mesure où au cours de notre étude, de nos méditations, de nos travaux quotidiens, nous pouvons entrevoir l'homme véritable, entièrement spirituel et non pas « selon la chair. »
« Connais-toi toi-même, et Dieu te donnera la sagesse qu'il te faudra pour remporter une victoire sur le mal, et Il t'en fournira l'occasion. » Ce conseil de notre chère Leader, Mary Baker Eddy, dans son livre de texte Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 571), devrait jouer dans notre vie un rôle semblable à celui d'un phare pour les bateaux naviguant de nuit.
Il n'était pas rare autrefois que je fusse dans une grande perplexité quant à l'utilité et au but final de l'existence matérielle et de l'être humain. Aujourd'hui, grâce à la clarté jetée sur ces sujets par l'enseignement de la Science Chrétienne, je comprends dans une certaine mesure mon identité véritable comme réflexion de Dieu, de la Vie divine, que n'obscurcissent point les ombres d'un passé malheureux ou d'un avenir redoutable.
Le récit qu'on va lire servira d'illustration à ce qui précède. Tout récemment, ayant subi diverses contrariétés, j'eus devant moi des perspectives tout autres que réjouissantes. Plus je réfléchissais à mon problème, plus mes tracas prenaient de consistance et augmentaient en nombre au lieu de disparaître. Mais quand mes pensées se tournèrent vers la Science Chrétienne qui nous élève, je pus voir l'homme sous l'apparence d'un rayon lumineux, éclairant les ténèbres de la nuit et les transformant en un spectacle d'une beauté enchanteresse. Je compris que l'être de l'homme, représenté par le rayon de lumière, n'avait rien de commun avec les sombres et pénibles scènes de l'existence mortelle.
Inutile de dire que cette vue nouvelle de l'homme me fit grand bien. Je fus soulagé, fortifié. Calme et plein d'assurance, je pus voir que mes angoisses précédentes n'étaient aucunement fondées sur Dieu, le divin Principe. En outre, j'eus la preuve que par la vraie connaissance de soi-même, chacun peut faire siennes ces paroles de Paul: « C'est pourquoi nous ne perdons pas courage; mais si notre homme extérieur se détruit, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car notre légère affliction du moment présent produit pour nous le poids éternel d'une gloire sans mesure et sans limite, parce que nous ne portons pas nos regards sur les choses visibles, mais sur les invisibles; car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles. »
A cette heure-ci de l'histoire du monde, on ne peut nier qu'il serait hautement désirable pour toute l'humanité que chacun acquière la conscience spirituelle due à ce que l'on voit l'homme et l'univers tels que Dieu les a créés — spirituels et parfaits. Mais faut-il pour cela une longue attente, et la chose n'est-elle possible que dans un avenir lointain? Je crois qu'il n'y a pas de meilleure réponse à cette question que ces lignes de Mrs. Eddy (Science et Santé, pp. 573, 574): « Prenez courage, ô vous qui souffrez, car cette réalité de l'être apparaîtra assurément un jour et de quelque manière. Il n'y aura plus d'afflictions, et toutes larmes seront essuyées. Lorsque vous lirez ceci, souvenez-vous des paroles de Jésus: ‟Le royaume de Dieu est au-dedans de vous.” Il est donc possible d'avoir cette conscience spirituelle dès maintenant. »