L'histoire de l'enfant prodigue est quelquefois appelée « la perle des paraboles, » probablement à cause des remarquables leçons spirituelles que l'on y trouve. Si l'on examine ce que Jésus tâchait d'inculquer à ses auditeurs, deux points méritent, à la lumière de la Science Chrétienne, une attention toute spéciale.
Le premier, c'est qu'évidemment le frère du prodigue, qui se conformait sans doute aux normes humaines de la bonté et de la moralité, avait grand besoin de rédemption, car il tombait dans un insidieux péché de l'entendement mortel. Quoique le père lui eût longtemps prodigué son amour et ses largesses, le fils aîne manifesta le pharisaïsme, le désir de se justifier, de se mettre en avant; il aurait voulu refuser à son jeune frère l'amour et les bénédictions que lui procuraient naturellement son repentir, son changement de pensées et de conduite.
Le second point concerne la réponse du père aux plaintes envieuses du fils aîné; les Scientistes Chrétiens trouvent là un précieux concept, spirituellement scientifique, car la Bible rapporte cette parole pleine d'amour (Luc 15:31): « Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. » Dans ce verset si simple, le Maître nous donne une règle spirituelle qui, comprise et pratiquée, révélerait et démontrerait le royaume des cieux dans notre conscience à tous; elle effacerait à jamais l'amère croyance d'envie, ainsi que la haine qu'elle produit souvent. L'apôtre Jacques nous dit (3:16, 17): « Partout où il y a ce zèle et cet esprit de dispute, il y a du désordre et toute espèce de mal. Mais la sagesse qui vient d'en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité et d'hypocrisie. »
La Science Chrétienne déclare que Dieu, l'Amour divin, est infini, universel. Ainsi l'homme, expression de la nature divine, reflète et manifeste à l'infini la substance de l'Amour. « L'Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations, » affirme notre Leader, Mary Baker Eddy, à la page 13 du livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures. La Science Chrétienne découvre à la conscience humaine l'origine fondamentale de la guerre, de la discorde et des conflits soit entre les individus soit entre les peuples. Ici l'on demandera peut-être: « Quelle est donc la cause ou la base des luttes et des contestations mondiales, des rivalités, d'une folle ambition, de la soif du pouvoir, des cruautés que l'homme exerce contre l'homme? » N'est-ce pas l'envie, le serpent de la haine et de la jalousie?
Ce passage des Écritures est aujourd'hui fort à propos (Jacques 4:1, 2): « D'où viennent les luttes et d'où viennent les querelles parmi vous? N'est-ce pas de vos passions, qui combattent dans vos membres? Vous convoitez, et vous n'obtenez pas; vous êtes meurtriers et jaloux; vous ne pouvez parvenir à rien; vous avez des querelles et des luttes; vous n'obtenez pas, parce que vous ne demandez pas. » Concernant la même croyance erronée, notre Leader écrivait dans son Message to The Mother Church for 1902 (pp. 3, 4): « Il n'est pas nécessaire que le pouvoir aboutisse à l'oppression; en vérité, l'unique puissance réelle, c'est le droit; vouloir servir Dieu, venir en aide à la race humaine, telle est la seule ambition légitime. L'envie constitue l'ambiance de l'enfer. Selon les saintes Écritures, le premier mensonge et le saut dans la perdition commencèrent par “Croyez en moi.” La concurrence commerciale, la duplicité dans les assemblées ou les conseils, le déshonneur parmi les nations, la malhonnêteté dans les trusts, commencent par “Qui sera le plus grand?” »
Les enseignements de la Science Chrétienne opèrent aujourd'hui pour chasser de la conscience humaine le concept pervers et faux dont l'amertume pénètre jusqu'au cœur même de l'humanité. En Science Chrétienne, nous voyons que l'envie se base sur la crainte, sur la croyance que notre prochain possède un avantage, une bonne chose dont nous serions privés et que nous désirons fort. La Science Chrétienne révèle que l'envie est une crainte sans fondement, une illusion ayant sa source dans un penser fini. Si l'on pense d'une manière bornée, il en résultera des limitations; mais l'abondance infinie de Dieu est-elle vraiment refusée à qui que ce soit? Un bien quelconque peut-il manquer à l'homme? A la lumière de la Science Chrétienne nous voyons que l'homme, image ou reflet de Dieu, est l'expression du bien sans limite, la manifestation progressive de la substance et de l'abondance.
A mesure qu'il reconnaît le véritable être de l'homme et s'identifie avec lui, le disciple peut démontrer que chaque idée de l'Entendement accomplit sans rivalité ni lutte la mission que Dieu lui destine. Dans l'unicité et la totalité de l'Amour, chacune trouve, selon le plan divin, son travail normal, riche en joie.
Croître dans la compréhension de la Science Chrétienne, apprendre à penser du point de vue de l'infini qui se déroule à jamais, c'est voir que l'envie n'a pas la moindre base scientifique. Sachant que le bien est sans bornes, incommensurable, l'on s'aperçoit que les occasions, le talent, le succès, les aptitudes, les ressources sont l'héritage infini de tous les hommes. Paul reconnaissait le merveilleux exemple donné par Jésus le Christ, capable d'exprimer les aptitudes infinies de l'être; aussi l'apôtre déclarait-il (Col. 2:9, 10): « En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Et vous, vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute souveraineté et de toute puissance. »
Ainsi toutes les idées de Dieu dans l'être universel sont complètes, parfaites, donc heureuses parce qu'elles expriment et reflètent Dieu. Loin d'agir en rivales, d'un commun accord elle manifestent l'harmonie et la paix de l'Amour. Dans son livre de texte, Mrs. Eddy déclare (p. 518): « L'Amour donne à la moindre idée spirituelle la force, l'immortalité et la bonté qui brillent à travers tout comme la fleur qui se révèle déjà dans le bouton. Toutes les expressions variées de Dieu réfléchissent la santé, la sainteté, l'immortalité — la Vie, la Vérité et l'Amour infinis. » Il n'y a point de place pour l'envie dans l'être infini de l'Amour.
