Jésus marcha sur les eaux. Selon saint Marc, c'était la quatrième veille de la nuit, et les disciples « avaient beaucoup de peine à ramer, parce que le vent leur était contraire. » Lorsqu'ils virent Jésus marchant sur la mer, ils eurent peur et jetèrent des cris; mais « aussitôt il leur parla et leur dit: Rassurez-vous; c'est moi, n'ayez point de peur! Alors il monta auprès d'eux dans la barque, et le vent s'apaisa » (Marc 6:48, 50, 51).
« C'est moi. » Jésus s'identifiait lui-même non pas en tant que corps matériel ou personnalité physique, mais comme identité spirituelle individuelle créée à la ressemblance de Dieu, du seul Moi ou Ego. Notre Leader, Mary Baker Eddy, confirme la chose lorsqu'elle mentionne dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 27) un autre cas où Jésus, sachant qu'il était la manifestation de Dieu, s'identifiait avec l'Esprit: « Jésus prouva que la Vie est Dieu par sa réapparition après le crucifiement en parfait accord avec son affirmation scientifique: “Détruisez ce temple [corps], et en trois jours [Moi, Esprit] je le relèverai." C'est comme s'il avait dit: Le Moi — la Vie, la substance et l'intelligence de l'univers — n'est pas dans la matière et il ne peut être détruit. »
Comme les premiers disciples, nous avons peut-être quelquefois travaillé vainement dans les ténèbres, quant tout semblait nous être contraire parce que nous avions perdu de vue notre identité spirituelle, notre filialité divine. Puis, cessant de peiner, nous pûmes entendre la voix du Christ, de la Vérité parlant à notre cœur attentif: « Rassurez-vous; c'est moi, n'ayez point de peur! » La tempête avait pris fin; réveillés spirituellement nous trouvions le réconfort, l'aide, la guérison. De nouveau nous pouvions entrevoir notre identité spirituelle, notre réflexion du divin Principe; nous pouvions comprendre que c'est la seule identité possible.
La Science Chrétienne fait voir que Jésus le Christ s'identifiait scientifiquement comme étant l'homme spirituel et parfait, la ressemblance de Dieu; qu'en outre chacun de nous doit tôt ou tard apprendre à suivre cet exemple par la compréhension spirituelle, à reconnaître que l'homme véritable est toujours parfait et qu'il n'y en a point d'autre. Mrs. Eddy nous aide à saisir cette vérité lorsqu'elle écrit (Science et Santé, p. 249): « Vous dites: “J'ai rêvé la nuit passée.“ Quelle méprise! Le Moi, c'est l'Esprit. Dieu ne dort jamais, et Sa ressemblance ne rêve jamais. Les mortels font le songe adamique. »
Croyez-vous que vos semblables et vous-même êtes aujourd'hui des mortels, espérant qu'un jour ou l'autre tous parviendront à l'immortalité? S'il en est ainsi, sur ce point fondamental vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'enseignent le Christ Jésus et la Science Chrétienne. Le fait fondamental de toute existence véritable, c'est la perfection spirituelle. Jésus déclara que Dieu est Esprit, qu'Il est notre Père, notre créateur, et que tout ce qui est né de l'Esprit doit être spirituel maintenant même. Si l'on admet à tort la perfection future et l'imperfection présente, on ouvre la porte à l'erreur qui dès lors impose aux mortels crédules ses prétentions de péché et de maladie. La Science Chrétienne affirme que le mortel et l'immortel ne se combinent pas chez l'homme, mais que celui-ci est exclusivement immortel.
Sans aucun doute Jésus voyait chacun de cette manière, selon le vrai sens spirituel, et nous devons apprendre à faire comme lui; car le point de vue chrétiennement scientifique est indispensable pour ceux qui veulent guérir malades et pécheurs. Ici la Science Chrétienne est absolue. S'en tenir à l'apparence mortelle, c'est accepter un faux témoignage. Quand on étudie la Science, il faut percer du regard ce qui est humainement personnel pour s'attacher à l'individualité spirituelle. Il ne faut pas croire que les caractéristiques mortelles, l'égotisme, la cupidité, la convoitise, la crainte, la superstition fassent partie de l'homme; il faut reconnaître au contraire en chacun l'expression des attributs divins — l'amour, la paix, le pouvoir, la sagesse et l'harmonie. Spontanément nous aimons et respectons ces qualités permanentes qui constituent la véritable individualité de l'homme.
Jésus, quand il fit sortir Lazare du sépulcre, n'était point trompé par le témoignage des sens physiques déclarant que Lazare était mort. Il savait que le seul, le véritable être de son ami n'était jamais mort. De même, quand il dit à celui qui avait la main desséchée: « Étends ta main, » le Maître voyait l'homme indestructible qui ne saurait être infirme, affaibli, dégradé. Dans le cas contraire, il n'aurait pu guérir le patient, autrement dit le réveiller et lui faire reconnaître son individualité véritable. Ce qui se passa lors de la transfiguration fournit encore un exemple de perception spirituelle: sur la montagne, Jésus ainsi que Pierre Jacques et Jean, vit par le sens spirituel Moïse et Élie avec lesquels le Maître s'entretenait. Cela prouve que l'homme réel, le seul qui soit, ne meurt jamais, ne peut sortir de l'omniprésence, mais est toujours à l'heure même en présence de l'Entendement.
Ici l'on pourrait demander, non sans raison: Comment trouverai-je cette individualité véritable, la mienne et celle d'autrui? Lorsque l'existence mortelle ne satisfait plus et qu'on s'en détourne pour chercher de tout son cœur le royaume des cieux, l'on commence à découvrir ce que l'on est vraiment. L'on dépouille le vieux moi, la personnalité, pour trouver et revêtir le nouveau moi — l'individualité spirituelle, l'Ego-homme. L'on y parvient grâce à l'étude, à la consécration, à la prière, à la en pratique de la Science Chrétienne; il faut constamment abandonner la matière, la pensée mortelle et leur substituer les choses de l'Esprit, c'est-à-dire la conscience spirituelle. Nous apprenons par la Science Chrétienne à nous identifier spirituellement plutôt que matériellement.
A la page 475 de Science et Santé, notre Leader explique ce qu'est l'homme et le décrit notamment en ces termes: « L'identité consciente de l'être telle qu'elle se révèle dans la Science, dans laquelle l'homme est le reflet de Dieu, ou Entendement, et par conséquent est éternel. » Nous pouvons affirmer avec conviction, dans le calme de notre conscience: « Je suis homme, » tout en travaillant chaque jour à dissiper le concept double et purement humain de l'homme qui serait une créature à la fois spirituelle et matérielle. Au matin dès qu'on est réveillé, l'on peut, par l'étude et la méditation, refaire connaissance avec son vrai statut spirituel; ici la Leçon-Sermon qu'indique le Livret Trimestriel de la Science Chrétienne est d'un grand secours. Pendant la journée l'on verra se manifester toujours mieux l'individualité véritable, la sienne et celle de son prochain, et le moi demeurera dans le Père. Ayant cette claire conscience spirituelle, l'on se nourrit des idées vivifiantes, toniques substantielles que Dieu, l'Entendement divin, répand toujours en abondance sur Ses enfants. Peut-on se lasser, perdre courage ou se sentir solitaire en compagnie des anges? La maladie les accidents, le péché, la mort ne se trouvent point dans l'Entendement; or les Écritures déclarent que nous avons la vie en Dieu, l'Entendement divin. Quand de fausses suggestions semblent obscurcir la radieuse lumière de la compréhension spirituelle, assurons-nous que Dieu est présent et que les rêves du sens matériel ne touchent pas l'homme.
A travers les ténèbres de la pensée mortelle, si nous travaillons, veillons et prions avec ferveur, notre conscience éclairée pourra voir l'Ego-homme, le Christ, marchant sur les flots de l'erreur et disant: « Rassurez-vous; c'est moi, n'ayez point de peur! » Accueillons dans notre cœur cette vision nouvelle qui fera taire les orges des sens, et il se fera un grand calme. Nous comprendrons alors que les paroles: « C'est moi » s'appliquent notamment à l'homme individuel.