Au cours de son pèlerinage terrestre, quand Jésus le Christ traversait le désert des croyances humaines, les fruits de l'Esprit apparaissaient sur le chemin qu'avait suivi le Maître. Il faisait connaître la beauté, le pouvoir du Christ; aussi la guérison et la régénération ne manquaient-elles pas de se produire, où qu'il allât. « Je suis la rose de Saron, le lis de la vallée, » écrivait le poète (Cant. 2:1), employant pour parler du Christ un langage symbolique. Le prophète Ésaïe à son tour s'écriait (35:1): « Le désert et le lieu aride se réjouiront, et le lieu solitaire s'égaiera, et fleurira comme une rose. »
Ainsi comme images, Ésaïe choisissait deux choses absolument dissemblables — le désert et la rose. Aujourd'hui la rose de Saron, le Christ, fleurit dans le désert des croyances mortelles. La Science Chrétienne, c'est-à-dire la Science du Christ, fait sentir dans nos vies son influence curative et transformatrice.
Combien d'entre nous se souviennent d'une époque où l'existence leur paraissait être un désert de craintes, de maux, peut-être même de désespoir! Peut-être souffrions-nous et désirions-nous avec ardeur un soulagement à nos peines; mais où que nous nous tournions, nous ne voyions qu'une terre aride. Après avoir suivi pendant quelque temps une théorie religieuse ou médicale qui semblait attrayante, nous nous trouvions dans la situation du voyageur altéré qui voit un mirage, cherche à s'en approcher, puis constate que c'est une chose irréelle, passagère.
Un jour pourtant une intuition spirituelle se fit sentir, un faible espoir entra dans notre cœur. Nous avions entendu dire qu'un de nos voisins avait été guéri par la Science Chrétienne. Timidement nous cherchâmes à nous informer, et l'on nous prêta un volume accusant un long usage — le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy.
L'étude de ce livre fut entreprise avec ardeur et dès lors un changement se produisit. A l'espérance succéda la foi; la confiance dans le bien s'affermit et les premières lueurs de compréhension spirituelle vinrent nous éclairer. La guérison en fut le résultat. La rose de Saron commençait à s'épanouir dans notre désert, le Christ développait dans notre cœur son dessein sacré.
En remontant aux premiers pas de notre évolution spirituelle, nous pouvons suivre la nouvelle naissance à laquelle rend témoignage le sens spirituel. Mrs. Eddy déclare (Science et Santé, p. 298): « Le sens spirituel qui est en contradiction avec les sens matériels, implique l'intuition, l'espérance, la foi, la compréhension, la démonstration, la réalité. » Voilà certes une échelle allant de la terre aux cieux, un glorieux rayon de lumière unissant l'homme au Père céleste. Dans son poème « Matin de Noël » (Poems, p. 29), Mrs. Eddy nous donne ces lignes riches en inspiration:
« Toi, doux rayon d'Amour vivant
Qui vaincs la mort,
Puissante Vérité, calmant
Le désaccord,
« Divine idée, ô Verbe saint,
Délivre-nous
Des rites et des credos vains,
Sois notre tout! »
Par la parabole du semeur, le Christ Jésus fit voir que le grain semé dans la bonne terre donne du fruit. Il exprima cette vérité d'une manière catégorique, sans faire aucune réserve. « Une autre partie tomba dans la bonne terre, et donna du fruit: un grain en rapporta cent, un autre soixante, et un autre trente. »
Le pécheur qui dort et rêve au plaisir dans la matière; le peureux poursuivi par des fantômes; le mortel content de soi, manquant de vigilance, ignorant l'approche d'un voleur — ces conditions mentales représentent ceux qui « se révoltèrent contre lui dans le désert et l'irritèrent dans la solitude » (Ps. 78:40). Aux humains enténébrés, le Christ doit venir. Il faut que la Vérité se développe dans leur cœur et fleurisse comme la rose. Dans Christ and Christmas, notre Leader écrit:
« La rose de Saron devra s'épanouir
Dans le coeur des humains. »
Quand le sol est bien préparé pour recevoir la semence, la présence du Christ se manifeste inévitablement par la guérison. Seuls ceux qu'aveuglent les préjugés, ceux qui s'attachent au mal, craignent d'abandonner leurs faux appuis ou refusent de démolir l'échafaudage qu'ils ont eux-mêmes érigé, ne voient pas le chemin du salut immédiat, révélé dans la Science Chrétienne. Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens l'apôtre Paul disait: « Voici maintenant le temps favorable; voici maintenant le jour du salut! »
Le pendule oscillant entre l'espoir et la crainte, le doute et la confiance, l'action et la réaction, est régularisé par l'assurance que le divin Principe est stable. La guérison se produit inévitablement lorsqu'on voit que le Christ trouve son épanouissement dans le pouvoir de la loi divine et la beauté de l'Amour divin.
Gray, le poète anglais, exprimait ses tristes pensées sur la mortalité lorsqu'il disait: « Combien de fleurs ne seront jamais vues! Leur doux parfum doit se répandre en vain. » Toutefois, la fragrance de l'Esprit ne se perd jamais. Elle s'infiltre dans l'atmosphère de l'entendement humain, purifiant nos mobiles, attirant nos désirs, guidant notre carrière. Nous pouvons traverser les lieux les plus arides sans que la rose de Saron cesse de s'épanouir dans notre cœur. A mesure que nous suivons la route qui va des sens à l'Ame, les brumes se dispersent et nous remarquons que le milieu où nous nous trouvons se transforme. Ce que nous avions pris pour un désert est un verger. Les terres qui nous paraissaient arides sont devenues riantes et se couvrent de fleurs. C'est la même région, mais elle s'est transformée. Le sens spirituel nous montre le pays de la Science Chrétienne, la contrée de promission, la terre promise. C'est là que l'inspiration se renouvelle, que la vie et l'amour nous sont rendus, que les étoiles entonnent des chants d'allégresse et que tous les fils de Dieu poussent des acclamations.
