Une foule de chrétiens connaissent le beau cantique: « J'ai soif de ta présence. » Son auteur, Annie Hawks, née dans la première partie du dix-neuvième siècle et contemporaine de Mary Baker Eddy, exprime d'une manière touchante l'aspiration des humains qui cherchent toujours la vision spirituelle — le sentiment de la présence et du pouvoir divins, qui peut seul apporter aux fils des hommes les directions et le réconfort véritables.
Chaque jour, à chaque heure,
Oh! j'ai besoin de toi!
Tel est le refrain de ce même cantique. Hommes, femmes ou enfants, ils sont en sécurité ceux qui, reconnaissant ce dont ils ont besoin, demandent avec humilité et compréhension la lumière spirituelle. Aussi longtemps que le disciple paraît demeurer dans la chair, peut-il prétendre que, sur les hauteurs où il est parvenu, ses prières ne doivent plus jamais être des requêtes?
Notre Leader, Mrs. Eddy, put guérir les malades comme cela ne s'était pas fait depuis l'époque des premiers chrétiens, et sa vision spirituelle transcendante nous donna notre livre de texte riche en inspiration, Science et Santé avec la Clef des Écritures; pourtant elle n'estimait pas que la prière suivante fût peu scientifique (Poems, p. 14):
« Montre-moi comment, Berger,
Gravir le coteau Comment récolter, semer —
Paître ton troupeau. »
Dans l'oraison dominicale, nous trouvons certainement d'humbles requêtes et de puissantes affirmations. Par conséquent, le Scientiste qui déclare la vérité devrait aussi prier pour avoir l'amour, la compréhension, la force spirituelle.
A la page 127 de Miscellaneous Writings, Mrs. Eddy demande avec instance que ceux qui la suivent prient chaque jour pour eux-mêmes. Elle n'hésite pas à les presser de s'adresser au Père céleste pour obtenir ce dont leur cœur a tant besoin. Elle écrit: « Si ce cœur, humble et confiant, demande avec fidélité que l'Amour divin le nourrisse en lui donnant le pain du ciel, la santé, la sainteté, il sera mis en état de recevoir l'exaucement de son désir; alors s'y déversera le “fleuve de Ses délices,” tributaire de l'Amour divin, et il en résultera des progrès marqués en Science Chrétienne — la joie qui trouve son propre bonheur dans celui des autres. »
Donc si, tout en se disant Scientiste Chrétien, l'on se trompe soi-même au point de ne pas avoir soif de grâce et d'inspiration céleste, de ne pas sentir qu'il faut prier avec zèle pour avoir ce don de l'Esprit, la prière d'affirmation risque d'être semblable à l'airain qui résonne, à la cymbale retentissante.
Parfois un néophyte de la Science Chrétienne a l'impression que dans la période transitoire où les douteuses notions théologiques font place aux préceptes de la vérité spirituelle, il ne sait plus très bien comment il doit prier. Il reconnaît que des requêtes faites à l'aveugle ne suffisent point, et dans une certaine mesure il abandonne cette méthode; mais n'ayant pas entièrement saisi la conscience riche en joie qu'apporte l'affirmation de la présence et du pouvoir divins, il est devenu pour ainsi dire sans prière. Oh! que nul ne perde le doux sentiment d'une communion intime avec Dieu! Ne pensons jamais que parler au Père céleste, nous entretenir avec Lui, ne soit pas scientifique.
L'Ancien Testament nous montre des prophètes à la pensée spirituelle, qui, comme des enfants, marchaient et parlaient avec Dieu dans une intimité touchante. Le Maître communiait avec son Père d'une façon naturelle, spontanée; et nous savons que, surtout dans ses poèmes, notre Leader, Mrs. Eddy, demande à Dieu la lumière, l'amour, les directions. Après tout, est-ce à Dieu ou à l'humanité que la prière profite? Peut-on dire qu'elle change la Divinité ou qu'elle lui apporte des bénédictions? N'est-ce pas la conscience humaine qui a « besoin de prière, » comme le dit en termes naïfs un chant religieux? Tout ce qui élève la pensée, la détourne du matérialisme discordant et l'aide à sentir son unité avec l'Amour divin, avec la Vérité rédemptrice, est une prière, au sens le plus haut de ce terme.
Parfois, nous pouvons simplement répéter l'humble et confiante réponse d'Abraham: « Me voici! » en ajoutant peut-être: « Père, j'écoute! » Ou bien nous ferons nôtre cette parole du Maître, au tombeau de Lazare: « Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé! » (Jean 11:41.) Quelle inspiration, quelles guérisons se manifesteraient à nos cultes si de plus en plus ceux qui étudient la Vérité priaient chaque jour ainsi:
« Ouvre mon cœur, éclaire-moi,
Esprit divin! »
Combien les fardeaux s'allégeraient, de quelle manière encourageante la pensée répondrait au traitement métaphysique, si avant de franchir le seuil mental de leurs patients, les praticiens priaient pour avoir plus de vision, pour mieux refléter l'Ame!
Une Scientiste Chrétienne avait travaillé longtemps, avec ferveur, pour que la lumière de la Vérité guérisse une dame qui connaissait bien la lettre de la Science, mais n'avait malheureusement pas un esprit d'amour, d'humilité, de réceptivité. Chaque fois que la praticienne avançait une idée, la patiente répondait qu'elle savait parfaitement cela. Avait-elle pensé à telle chose? demandait la Scientiste. Bien sûr qu'elle y avait pensé! Tâchait-elle de comprendre le rapport unissant l'homme à Dieu? Comment donc, elle savait cela depuis des années! Pour finir, la praticienne endurante inclina la tête et pria en silence. « Bon Dieu, » murmura-t-elle, « montre-moi une chose que cette dame ne sache pas! » Presque instantanément vint à sa pensée, comme un rayon de lumière, un verset de la Bible qui démasqua l'erreur. La patiente reçut humblement cette vérité et fut guérie.
« Faute de vision, le peuple périt, » a déclaré le sage qui résidait à Jérusalem. (Prov. 29:18, version anglaise.) D'après le dictionnaire Webster, la vision est « ce qui se voit autrement que par la vue ordinaire. » En ces jours de brume et de confusion, la race humaine n'a-t-elle pas grand besoin d'hommes et de femmes ayant la vision spirituelle? Et n'est-ce pas un signe encourageant d'observer qu'enfin la vision d'une société où règne l'ordre et dont la guerre soit bannie commence à s'implanter dans la conscience des hommes et des peuples?
Partout où se présente le tableau de manœuvres politiques en vue de buts égoïstes, le Scientiste Chrétien a mainte occasion de prier pour avoir la vision; il devrait y aspirer, travailler à cette fin, remerciant Dieu de ce que la vision spirituelle et la clairvoyance doivent être proches et se manifester puisqu'il n'existe en vérité qu'un seul Entendement, toujours présent.
« A chaque heure, oh! j'ai besoin de toi! » Oui, les industriels, les chefs ouvriers, les législateurs ont besoin de vision. Il faut qu'ils s'en rendent compte et qu'ils soient disposés à la chercher par la prière. Dans les circonstances les plus critiques, on devrait prier pour avoir la vision de la réalité, qui élèvera la conscience jusqu'aux sphères de l'être indestructible, harmonieux. Entrevoyant la lumière radieuse de la vérité spirituelle, on devient non pas un visionnaire sans qualités pratiques, mais un homme doué de vision.
Avec quelle joie nous lisons ces paroles d'Ézéchiel, riches en inspiration (12:22, 23): « Fils d'homme, quel est ce proverbe dont vous usez touchant la terre d'Israël, en disant: Les jours seront prolongés, et toute vision périra? C'est pourquoi dis-leur: Ainsi a dit le Seigneur, l'Éternel: Je ferai cesser ce proverbe, et on ne s'en servira plus pour proverbe en Israël; et dis-leur: Les jours et la parole de toute vision sont proches. »
