Tous ceux qui étudient la Science Chrétienne réalisent clairement parfois la vraie nature de Dieu et de l'homme; ceci les élève au-dessus des croyances de la mortalité, et ils ressentent dans une certaine mesure la joie que donne la conscience de la réalité.
Il se peut qu'après avoir atteint ces hauteurs, nous traversions une période où la triade des suggestions appelées péché, maladie et mort semble nous faire subir un véritable bombardement. Alors la tentation du découragement veut à toute force se faire reconnaître, les « mais » et les « pourquoi » de jadis présentent leurs requêtes inutiles. « Pourquoi faut-il que ce problème se dresse aujourd'hui devant nous, tandis qu'hier nous avons vu la vérité si clairement?— Pourquoi n'avons-nous pas été plus alertes? » Ces questions nous font perdre du temps; elles nous plongent dans le labyrinthe de la propre condamnation, dans le mesmérisme d'un sens personnel du moi. La condamnation de soi-même n'aide jamais à résoudre les difficultés, car pour traiter l'erreur scientifiquement, le disciple doit voir en elle une suggestion en dehors de lui. C'est entre la Vérité et l'erreur que se livre la bataille qui durera jusqu'à la victoire complète. Si nous nous laissons tromper par la croyance qu'une erreur quelconque fait partie de nous-mêmes, alors seulement nous nous trouvons impliqués dans un conflit mental.
Le mal prétend-il se faire reconnaître comme un élément qui influe sur notre existence? C'est là une occasion d'utiliser la vérité qu'une inspiration récente nous avait rendue si claire et d'accoître par la démonstration notre intelligence de cette admirable vérité.
Nous savons qu'au début de sa carrière, Jésus se soumit volontairement à la cérémonie du baptême, disant à Jean-Baptiste qui s'y opposait: « Laisse faire pour le moment. » Jésus reconnaissait dans cet acte un symbole du baptême que Mrs. Eddy appelle « une purification de toute erreur » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 35), baptême qui est évidemment un processus mental et non physique. Jésus fit cette concession aux méthodes du prophète qu'il savait être un prédicateur inspiré, préparant le chemin en vue d'une révélation plus complète. Nous lisons dans Matthieu que « dès qu'il eut été baptisé, Jésus sortit de l'eau. » Alors la lumière emplit sa conscience; il reconnut sa qualité de Fils de Dieu, chéri du Père; car la Bible dit: « Voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Aussitôt une voix se fit entendre des cieux, disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » Quelle glorieuse révélation! Cependant tôt après nous trouvons Jésus dans le désert, tenté par le diable — tenté de croire que la matière donne la vie et soutient l'homme, tenté de mal employer sa connaissance du fait que l'Amour divin protège l'homme et veille sur lui, tenté de croire que le mal est une puissance ou une réalité.
Jésus céda-t-il au découragement à cause de ces tentations? Se condamna-t-il parce qu'un problème se dressait devant lui? Encouragea-t-il un seul instant la croyance que les suggestions mauvaises faisaient partie de sa mentalité? Non! Il reconnut que ces suggestions venaient du diable; qu'il avait affaire à la suggestion mentale maligne en dehors de lui-même; qu'à cause de son caractère agressif, cette erreur devait être réprouvée et niée jusqu'à ce qu'elle ne se présentât plus à lui. Le récit nous apprend que la tentation vint à trois reprises, et que chaque fois Jésus fit face au diable ou à la suggestion mauvaise par une déclaration spécifique de la vérité. Pour réfuter la première tentation, il cita ce verset de l'Écriture: « L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » D'après Matthieu, le tentateur transporta ensuite Jésus sur le faîte du temple et lui dit de se jeter en bas; à cette deuxième suggestion, le Maître répondit par un commandement scripturaire: « Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu; » enfin, à la troisième tentation, qui proposait à Jésus de se prosterner et d'adorer le mal, il opposa un autre commandement: « Retiretoi, Satan! Car il est écrit: ‘Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne rendras de culte qu'à lui seul.’ »
Cette expérience de Jésus montre clairement la méthode qui permet de vaincre l'erreur par la Vérité. Le Maître ne ferma point les yeux sur la suggestion du mal; mais il ne se contenta pas de la découvrir. Il la mania comme il le fallait, et quiconque étudie la Science Chrétienne doit suivre cet exemple. A la page 334 de Miscellaneous Writings, Mrs. Eddy écrit: « Il vous faut constater que l'erreur est néant; car alors, et seulement alors, vous la maniez en Science. » Évidemment, il est impossible de voir et de prouver le néant de l'erreur tant qu'on croit qu'elle fait partie de soi-même.
Le Maître n'eut garde de croire que le bien ou le mal étaient personnels. La réponse qu'il fit au jeune homme riche qui lui disant: « Mon bon Maître, »— impliquait le refus de se considérer comme bon en dehors de Dieu; et la censure qu'il adressa au tentateur: « Retire-toi, Satan! » marquait le refus de s'identifier avec le mal. Après avoir été tenté de s'identifier avec le mal en se considérant comme un pécheur, on doit quelquefois faire face à une autre illusion qui consiste à se regarder comme l'auteur du bien; et si l'on cède à ces suggestions, on risque d'osciller mentalement entre deux extrêmes.
L'homme, image et ressemblance de Dieu, se connaît lui-même et sait ce qu'il est réellement: l'idée de Dieu, constante, complète, joyeuse, intelligente, aimante et pure, reflétant toujours son Père-Mère Dieu, le même hier, aujourd'hui, éternellement!
Percevant et comprenant l'identité spirituelle de l'homme, Jésus reconnaissait que l'homme est éternellement pur; aussi dit-il à la femme qui avait été surprise en adultère: « Moi non plus, je ne te condamne pas; va, et ne pèche plus. »
Lorsque nous aurons appris à refléter pleinement notre Père-Mère qui est Amour, nous prouverons par la croissance spirituelle que nous sommes nous aussi trop purs pour voir le mal comme une réalité, soit en nous-mêmes soit chez autrui.
