Parmi les beaux récits bibliques que la Science Chrétienne nous permet de mieux comprendre, plusieurs rapportent comment Jésus nourrit les foules qui l'avaient suivi au désert. Oubliant toute autre chose dans leur grand désir de l'entendre, elles avaient écouté ce qu'il enseignait touchant le royaume de Dieu; puis, le soir venu, elles s'étaient trouvées sans vivres et loin de leurs foyers.
A ce moment, les disciples prièrent Jésus de renvoyer la multitude pour qu'elle se procurât de la nourriture; mais le Maître répondit: « Ils n'ont pas besoin de s'en aller; donnez-leur vous-mêmes à manger. » Voyant le lieu désert, la nuit qui s'approchait, les disciples firent remarquer qu'ils n'avaient que cinq pains et deux poissons. Qu'était-ce pour tant de gens? C'était assez pour Jésus-Christ. Dirigeant l'attention des disciples non sur le manque, mais sur les ressources, il prit la petite provision qui se trouvait là; il éleva ses pensées jusque dans les sphères de l'Esprit et rendit grâces à l'Amour divin qui prépare toutes choses en abondance. Puis avec une bénédiction, il donna ces vivres aux disciples; ceux-ci les distribuèrent aux assistants qui sur les directions du Maître s'étaient assis par groupes, attendant avec calme le bien qu'ils allaient recevoir. En prêtant l'oreille à la vérité que Jésus annonçait, ils étaient devenus réceptifs, capables d'apprendre que Dieu peut vraiment dresser une table dans le désert.
Lorsque tous se furent reposés et restaurés, qu'on eut soigneusement recueilli les morceaux qui restaient, Jésus renvoya ceux qu'il avait nourris. Il ne les laissa point partir avant que l'œuvre fût complète, la démonstration achevée. Il leur prouva que l'Amour divin rassasie « l'âme altérée » et comble de biens « l'âme affamée. » Qui sait combien de personnes purent se nourrir des morceaux que les hôtes emportèrent dans des corbeilles après le repas offert par le Maître? N'est-ce pas ce qui arrive encore aujourd'hui? Quand nous entendons un culte ou une conférence sur la Science Chrétienne, n'emportons-nous pas dans la corbeille de la mémoire de précieux fragments pour en faire part à ceux que nous aimons et qui n'étaient pas au festin?
En face d'un sens de disette, on est souvent tenté de dire: Renvoyez ces gens, le lieu est désert; il n'y a pour eux ni vivres ni travail. » Or la Science Chrétienne nous apprend que si nous écoutons l'enseignement du Christ et percevons la présence constante de Dieu, du bien, il n'est pas nécessaire que nous partions. Car l'Amour divin remplit tout l'espace: il est toujours là pour bénir, pour suppléer aux besoins légitimes. Faisant un bon usage de ce qu'offre un lieu désert, nous aurons à chaque instant ce qu'il nous faut.
Le Maître rendit grâces concernant les poissons et les quelques pains. La foule épuisée ne dut-elle pas sentir passer sur elle une vague de reconnaissance lorsque Jésus fit monter vers son Père-Mère Dieu des remerciements venus du cœur? Ce n'est pas un festin pour les sens physiques que le Christ prépare. Jésus offrit à la foule, non des mets recherchés, mais le pain et le poisson qui étaient la nourriture de chaque jour. Sans doute il accueillit avec reconnaissance les simples aliments apportés par un jeune garçon, car il dut y voir un indice de la sollicitude dont l'Amour fait preuve envers tous.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 494), Mrs. Eddy écrit: « L'Amour divin a toujours répondu à tout besoin humain, et y répondra toujours. » Parfois les malades s'entendent dire qu'ils ne doivent plus espérer vivre encore longtemps avec ceux qui leur sont chers; mais s'ils se tournent sincèrement vers la Science Chrétienne, ils apprendront à leur tour qu'ils n'ont pas besoin de s'en aller, car le Christ guérisseur est toujours là pour sauver les hommes. Nul n'est obligé de partir pour trouver Dieu, la Vie, la Vérité, l'Amour, car Dieu est ici, partout. « Est-ce que je ne remplis pas les cieux et la terre, dit l'Éternel? » Pour acheter le pain nourrissant de la Vie, nous n'avons pas à nous transporter au loin, puisque Dieu est toujours là où nous sentons le besoin d'être aidés. Si Dieu n'était pas toujours présent, l'homme ne pourrait exister, car Dieu est la Vie de l'homme. C'est en Dieu que l'homme vit et trouve sa subsistance. La compréhension de ce fait a guéri et nourri nombre de personnes dans le désert de la crainte humaine; et comme au temps de Jésus, elles n'ont point été obligées de partir avant que le Christ, la Vérité, les eût mises à même de rentrer chez elles pleines de courage et capables de travailler.
Si l'inharmonie semble prévaloir au foyer ou dans les affaires, ceux qui en souffrent aspirent parfois à s'en aller, croyant qu'ils trouveront ailleurs la paix et l'harmonie. Dans ce cas également, on pourrait dire: « Ils n'ont pas besoin de s'en aller. » Les leçons qui favorisent la paix et la santé peuvent s'apprendre là où le besoin s'en fait sentir, et dès lors la pensée est prête à faire de nouveaux progrès. Un changement de milieu, d'entourage, de place, ne suffit pas pour nous mettre à l'abri de la discorde. Tant que la pensée n'aura point abandonné la condamnation et la crainte, nous nous apercevrons que dans notre nouveau domicile, nous portons toujours le même fardeau. Il faut que nos pensées et nos points de vue se modifient, que leur base mortelle soit remplacée par une base immortelle. Même si le jour est sur son déclin, si les privations et les peines semblent être notre lot, nous pouvons élever nos cœurs à Dieu; nous pouvons remercier notre Père céleste de ce que nous avons un certain degré de foi et de compréhension; lorsque nous ferons usage de ces biens, nous n'aurons pas besoin de nous en aller, car la présence du Christ suppléera désormais et sans cesse à tous nos besoins: nous aurons même un surplus dont nous pourrons faire part aux autres.
« Pourquoi consulter le passé,
Pourquoi la crainte du futur?
Pourquoi chercher le paradis,
Ne vois-tu pas qu'il est ici? »