Tous ceux qui réfléchissent savent par expérience combien il semble difficile de rompre avec une habitude erronée affectant la pensée ou les actes. Les praticiens de la Science Chrétienne n'ignorent pas que les soucis et les chagrins du monde proviennent souvent de ce qu'on permet à des habitudes préjudiciables de se développer, au lieu d'en chercher la répression et la destruction.
Les habitudes peuvent être bonnes ou mauvaises, insignifiantes ou sérieuses; mais ce mot s'emploie généralement pour indiquer ce qui est fâcheux ou nuisible. Or pour se débarrasser d'une mauvaise habitude, il faut la remplacer par une bonne habitude au moyen d'un penser actif et juste.
D'après l'enseignement fondamental de la Science Chrétienne, Dieu, l'Esprit parfait, tout-puissant, est le créateur de l'univers et de l'homme spirituels et parfaits; il n'y a point d'autre créateur que l'Esprit, point d'autre création que la création spirituelle; et quoique l'homme mortel, qui est une contrefaçon, semble parfois être sujet à quelque habitude matérielle mauvaise, l'homme spirituel et réel ne peut jamais subir ce joug.
Nous savons tous que la vérité détruit le mensonge. S'agit-il d'une habitude nuisible ou dégradante, nous avons affaire au mensonge selon lequel une phase du mal pourrait gouverner, diriger ou mesmériser l'individu, qui désirerait des choses préjudiciables et ne saurait résister à leur attraction. La vérité, c'est qu'au contraire l'homme réel est régi par la loi spirituelle et ne désire que ce que Dieu donne. Le mal n'a pas d'emprise sur l'homme de Dieu, gouverné par Dieu seul.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 124), Mary Baker Eddy écrit: « L'adhésion, la cohésion et l'attraction sont des propriétés de l'Entendement.» Ce passage est utile à celui qui considère le sujet des habitudes. Puisque l'attraction est une propriété de l'Entendement divin, elle n'appartient pas scientifiquement à la matière ou aux sens. Dépouiller une mauvaise habitude de l'attraction qu'elle prétend exercer, c'est déjà la vaincre dans une grande mesure. Insistons sur le fait que ce qui tient de Dieu, de l'Esprit, peut seul paraître désirable aux hommes. Ce qui est pur, spirituel, intelligent et bon, peut seul attirer les hommes.
Les mauvaises habitudes sont censées s'attacher aux humains avec une extrême ténacité, ce qui rendrait leur correction difficile. Il importe donc de voir que l'adhésion est une qualité de l'Entendement, de Dieu. Le bien s'attache à l'homme et l'homme adhère au bien. La ténacité est réellement une qualité du bien et non du mal. A vrai dire, le bien seul est tenace. La réitération des mêmes actes ne saurait donner au mal un pouvoir inhérent. La faiblesse persistante à l'égard d'un faux appétit est incapable de rendre cet appétit réel. Si l'on insiste sur ces faits et qu'on les comprenne tant pour soi-même que pour les autres, les mauvaises habitudes devront inévitablement céder, quelles que soient leur nature ou leur force apparentes.
L'entendement mortel dit que contenter les mauvais appétits procure une certaine satisfaction. La Science Chrétienne dit que les appétits erronés ou les faux désirs leurrent l'homme, le trompent et lui mentent,— que chercher à plaire aux sens, à n'importe quel degré, ne peut apporter aucune satisfaction réelle. Rien n'est vraiment capable de nous stimuler sinon l'activité des idées divines; rien ne nous tranquillise sinon la paix du penser spirituel; rien ne peut nous donner de la confiance, de l'assurance et du plaisir excepté la réflexion consciente de l'individualité réelle; rien ne satisfait sinon le bien. Dans son Message to The Mother Church for 1902 (p. 17), Mrs. Eddy a ce beau passage: « Le mérite dont on a conscience satisfait le cœur, et rien d'autre ne peut en apaiser la soif.»
Lorsqu'on s'efforce de vaincre une habitude dont on a reconnu l'inutilité ou le caractère nuisible, les premières questions auxquelles il faudrait répondre sont celles-ci: « Est-ce que je désire être affranchi de cet esclavage? Suis-je prêt à travailler pour acquérir la compréhension spirituelle nécessaire à l'obtention de cette liberté? » Dans bien des cas, les mauvaises habitudes tombent sans qu'on ait mentalement fait un travail spécial à cet égard, mais simplement parce que la pensée s'est spiritualisée. D'autres fois, c'est à nous à les abandonner par l'utilisation intelligente et spécifique du pouvoir divin.
Paul dit: « Vous êtes les esclaves de celui à qui vous obéissez; » et si nous livrons notre mentalité à l'emprise des faux appétits, de la sensualité, de l'humeur, de la paresse, de la maladie ou de tout autre mal, nous servons le mal plutôt que le bien. Une mauvaise habitude représente toujours une prétention orgueilleuse du mal; elle dit: « Rien ne peut résister à mon pouvoir; » cependant celui qui par l'étude de la Science Chrétienne cherche à fuir l'arrogance du mal, apprend que Dieu, le créateur de l'homme, en est aussi le gouverneur. Par ce moyen la crainte diminue; on compte davantage sur le divin Principe et l'on réussit mieux à prouver qu'il nous protège et nous guide. A mesure que s'accroît la confiance spirituelle, l'espérance et la force augmentent, jusqu'à ce qu'on prouve enfin que dans tous les cas, l'empire et la victoire appartiennent aux héritiers de Dieu.
Par conséquent, nul n'a besoin d'accepter la croyance terrifiante selon laquelle le mal aurait du pouvoir et les mortels seraient sans défense. Le créateur de l'univers est le seul pouvoir qui règne dans l'univers. Le mal n'a pas d'origine; il n'a ni histoire ni destinée; il n'a point de passé, de présent, d'avenir; il ne peut avoir un mode, une méthode, une loi; il ne possède ni intelligence ni capacité; il ne dispose d'aucune avenue pour atteindre les hommes et les marquer de son sceau. Il est néant et ne se trouve nulle part; il n'existe pas pour l'Entendement, l'éternité et l'infinité.
Mrs. Eddy, dont les enseignements démasquent le mal sous toutes ses phases, savait qu'une croyance spécifique au mal n'est pas toujours vaincue immédiatement; elle montre pourquoi « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu,» disant que c'est « parce qu'Il a appelé les Siens, les a armés, équipés, et leur a fourni des moyens de défense absolument sûrs; » puis elle ajoute: « Leur Dieu ne permettra point qu'ils s'égarent; et s'ils tombent, ils se relèveront plus forts qu'avant la chute » (Miscellaneous Writings, p. 10). Combien ceci nous réconforte et nous encourage! Nous nous sentons ainsi poussés à faire preuve de résolution spirituelle et de persévérance dans une mesure toujours plus grande.
Il y a bien des états de conscience que la Science Chrétienne classe parmi les mauvaises habitudes mentales, mais dont le monde en général ne reconnaît pas la vraie nature. Ainsi, penser à nous-mêmes comme étant des mortels est chose fondamentalement mauvaise. Ne pensons jamais que soit nous-mêmes soit les autres puissions être sous l'influence du mal ou que nous ayons hérité d'une tendance au vice. Échangeons cette fausse pensée contre la compréhension du fait que l'homme réel est influencé par le bien seul, qu'il n'hérite de son Père-Mère Dieu que le bien, qu'il est sensible à la spiritualité, à la pureté, au courage, à la force, non à leurs opposés.
Nous pouvons cultiver l'habitude de penser spirituellement, d'avoir de l'amour et des égards pour autrui, d'être actifs et intègres. Si nous surveillons nos pensées et nos paroles, nous pouvons avoir habituellement des conversations intelligentes, qui procurent la joie et la guérison. Nous pouvons contracter l'habitude de compter sur Dieu, d'être vigilants et pleins de sagesse.
La pratique de la Science Chrétienne nous permet de penser habituellement à l'homme comme étant un fils de Dieu auquel rien ne manque, qui n'a besoin de rien, et qui désire seulement ce que donne le Père. Il est possible de penser habituellement à l'Amour divin comme étant la seule force qui dirige l'univers. Il est possible de regarder toujours en avant, jamais en arrière, d'être brave et courageux au lieu d'être craintif et découragé, de mettre constamment sa foi dans le bien et non dans le mal.
En ce qui concerne notre penser, la réalisation normale de la vérité peut devenir habituelle au point que l'erreur, même si elle paraît nous entourer, ne nous terrifiera jamais, car nous verrons avec certitude et joie l'omnipotence du bien et le néant du mal. Ainsi la régénération apporte le salut.
Il est possible d'en arriver finalement à employer sans cesse les idées de l'Entendement divin, et ceci implique la liberté parfaite. Alors nous reconnaîtrons que nous sommes éternellement conscients de notre unité avec Dieu.