Voyant ses affaires décliner et paraître presque nulles alors que ses dettes s'accumulaient et qu'il n'arrivait plus à payer ses factures, un négociant vint exposer son problème à un praticien de la Science Chrétienne. Au sens humain, le tableau qu'il fit de ses affaires et de lui-même était des plus sombres. Il devait se présenter le lendemain devant un des chefs de la grande fabrique qui se trouvait être sa créancière principale. Cette compagnie avait déjà largement dépassé en sa faveur la norme de ce qu'on estime être un crédit raisonnable.
« Que dois-je faire? » demanda le débiteur. « Je n'ai plus aucun crédit. Les banques ne veulent plus rien me prêter. Que dirai-je à mon créancier? Pour faire des affaires, j'ai besoin de marchandises, et je ne puis payer ce que cette compagnie m'a déjà livré. »
En ce moment, il se considérait lui-même comme un pauvre homme, gêné, limité et sans ressources. Était-ce là ce que voyait le praticien? Non! Il voyait un enfant de Dieu, spirituellement et merveilleusement riche, jouissant d'un crédit illimité et de ressources inépuisables. Regardant le visage de son interlocuteur, il y put percevoir l'expression d'une grande probité, une sincérité complète dans les mobiles et les desseins, le désir d'être juste, l'amour de la droiture envers tous les hommes. Ces pensées se présentèrent alors au praticien: « Que sont les brillants rapports financiers, les fortes sommes déposées en banque, le crédit commercial illimité,— choses qui peuvent disparaître pour ainsi dire d'un jour à l'autre,— lorsqu'on les compare aux merveilleuses qualités divines que reflète l'homme réel? La probité, la loyauté, la sincérité, la véracité, la pureté des motifs, la fidélité, le désir du bien, l'amour de Dieu et de l'homme, l'obéissance aux commandements de Dieu, constituent un actif qui se trouve dans le penser juste et qui permet de faire des affaires — de s'occuper des seules vraies affaires, celles du Père céleste. »
A mesure que le praticien et le patient discutaient cet actif divin et cherchaient à en apprécier la valeur, le fardeau s'allégeait et le négociant paraissait moins accablé. Au fond de son cœur, il avait su qu'il était honnête, mais il n'avait encore jamais considéré les qualités divines de l'homme spirituel comme des choses sur lesquelles il pût fonder ses affaires. C'étaient pourtant là des capitaux que personne ne pouvait lui prendre. Il les possédait pour l'éternité, et maintenant il voyait en eux des crédits vivants, non pas morts ou gelés. Il vit aussi qu'en employant et en développant ces capitaux, qui témoignaient de sa vraie place dans l'Entendement, il obtiendrait sa place légitime aux yeux des autres hommes d'affaires: cet actif lui donnerait une position qui ne pourrait être renversée.
Le lendemain il se rendit chez son créancier et lui exposa les circonstances. Il lui présenta franchement le tableau humain en son entier; mais tandis qu'il parlait, certaines vérités dominaient sa conscience: c'étaient les faits spirituels au sujet de lui-même, de ses capitaux dans le royaume de Dieu au-dedans de la conscience, et des vraies affaires — les grandes vérités que lui et le praticien avaient vues si clairement la veille lorsqu'ils écoutaient ensemble la voix de Dieu. Son créancier prêta l'oreille sans faire une seule question et sans rien dire. Le récit terminé, ce représentant d'une grande compagnie qui avait affaire avec des milliers de négociants, se tourna vers lui et lui dit: « Mon premier mouvement, c'est de vous donner une facture acquittée couvrant le total de ce que vous devez, mais je sais que vous n'accepteriez pas cela. Je voudrais donc que vous décidiez sur quel pied nous continuerons à traiter. Vous obtiendrez les conditions que vous souhaitez, tout le temps que vous jugerez nécessaire pour régler ce compte et toutes les marchandises dont vous aurez besoin à l'avenir. »
En s'attachant fidèlement à la vérité d'après laquelle il demeurait dans le royaume de Dieu, le débiteur avait manifesté la vraie justice qui est l'essence même du royaume de Dieu, et ceci avait tourné à son avantage, à sa protection; de plus, il avait reflété cette justice au point que son créancier en avait perçu le rayonnement de sincérité et de probité.
Nous avons chaque jour l'occasion de réveiller ainsi nos frères et de leur aider à comprendre qu'ils possèdent les précieuses richesses du royaume spirituel. Les temps actuels mettent plus que jamais en évidence les promesses bibliques concernant l'inépuisable bonté de Dieu envers ceux qui cherchent à Le connaître et à Lui obéir; en outre, le livre de texte de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures, et les autres ouvrages de notre bien-aimée Leader, Mary Baker Eddy, deviennent toujours plus précieux à mesure que nous sondons les vastes profondeurs de leurs vérités révélées pour y trouver une connaissance meilleure de notre Père céleste et de Ses bénédictions infinies. Nous avons dans la Bible les plus riches promesses de bénédictions, d'abondance, de paix et de joie; mais les Écritures nous disent que pour obtenir ces bienfaits, il faut chercher « premièrement le royaume de Dieu. »
Nous savons que l'humanité souffrante en est arrivée au point dont parle Mrs. Eddy lorsqu'elle écrit dans Christian Healing (p. 11): « L'entendement mortel se révolte contre ses propres limites; lassé de la matière, il voudrait saisir le sens de l'Esprit. » Nous savons que dans sa détresse, le monde désire chercher le royaume des cieux, mais il ne sait où le trouver. Il demande où est ce royaume, quel en est le chemin, et reçoit la même réponse que les pharisiens qui s'adressaient à Jésus: « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards et l'on ne dira pas: Il est ici! ou bien: Il est là! Car voici que le royaume de Dieu est au dedans de vous! »
Pendant son ministère, le Maître resta toujours conscient de ce royaume. Aussi put-il résister à la tentation: il n'accepta jamais la manière de penser du monde et refusa de s'y soumettre. Comme le royaume était établi dans sa pensée, il reflétait une force divine et une domination certaine que le monde ignorait.
Aujourd'hui, les considérations matérielles tiennent trop de place; le monde se débat sous le fardeau des dettes, et l'on sent qu'il est nécessaire de retrouver la force et la domination qu'exerçait Jésus-Christ. Par exemple, le Maître était conscient des richesses inépuisables, éternelles, aussi ne manqua-t-il jamais de quoi que ce soit. Lors de la multiplication des pains, les disciples ne virent d'abord qu'une foule sans vivres dans un lieu désert. Jésus-Christ voyait les enfants de Dieu; cette vue spirituelle correcte de l'homme demeurant à jamais dans le royaume de Dieu, put exclure le concept erroné ou limité concernant l'homme et les ressources; ainsi la multitude fut nourrie.
Il faut qu'à l'exemple de Jésus, les Scientistes Chrétiens voient toujours davantage que ce royaume de Dieu est déjà dans la vraie conscience. Nous n'avons pas à l'y placer. Notre tâche consiste uniquement à nous éveiller au fait que nous possédons au-dedans de nous un riche royaume spirituel; nous devons obéir promptement et avec amour pour que cette précieuse possession se révèle et que nous apprenions à utiliser les possibilités infinies de l'homme. Ne voyons-nous pas que dans la mesure où nous agissons ainsi,— dans la mesure où la lumière et la compréhension des choses divines se fait jour partout dans la conscience individuelle,— l'erreur appelée dépression cessera de se présenter comme un tyran mental qui maintient le monde dans l'esclavage de la crainte? Alors l'humanité sera libérée d'une illusion mortelle et atteindra un plan de vie et de pensée plus élevé.
Tandis que le monde souffre de la croyance au manque de travail, les Scientistes Chrétiens ont à leur portée une œuvre considérable. Jamais le travail n'a été plus abondant ou plus important; car si les Scientistes Chrétiens où qu'ils soient font l'œuvre qui leur incombe,—œuvre qui consiste à connaître la vérité de l'être,— ils aideront dans une grande mesure à changer le concept du monde touchant les affaires et les valeurs réelles; ainsi les talents dignes du Christ s'exprimeront dans la conduite des affaires mondiales et dans toutes les sphères d'activité humaine.
Les Scientistes Chrétiens sont heureux de savoir que dans les circonstances actuelles, tant d'hommes ont faim et soif de la justice qui doit remplacer les choses du monde. Et quelles richesses nous pouvons donner! Quels trésors de vraie substance, de consolation, de soutien, de paroles véridiques qui guérissent et encouragent! Les Scientistes Chrétiens ne devraient-ils pas mesurer leurs richesses selon l'occasion qui leur est offerte d'aider aux autres, de donner au nom du Christ le verre d'eau froide dont parle Jésus?
A mesure qu'un Scientiste Chrétien oublie le moi pour se consacrer au glorieux travail par lequel il aide ses frères à entrevoir les ressources inépuisables du royaume de Dieu, ses problèmes individuels se résolvent. Rien ne peut empêcher le rétablissement de l'harmonie dans ses propres affaires s'il est prêt à perdre le faux sens du moi dans cette grande œuvre d'amour accomplie pour l'humanité; alors il montrera le chemin qui mène à la vraie compréhension de l'activité ou des affaires du royaume céleste.