On a beaucoup parlé ces dernières années de l'expression de soi-même. Dans les milieux éducateurs, le prétendu effet psychologique que produiraient chez l'enfant ou l'adulte les obstacles apportés à cette expression, a été longuement discuté.
Qu'il soit désirable de s'exprimer véritablement soi-même, c'est ce que la Science Chrétienne admet complètement. Elle nous enseigne que l'expression de la vraie individualité est nécessaire à notre être; que c'est même en vérité l'être de l'homme, et que la véritable éducation du genre humain a pour but de développer la pensée dans ce sens. Mais quelle différence radicale entre ce qu'enseignent les systèmes mortels et ce que la Science Chrétienne nous dit concernant l'individualité de l'homme!
Dans Non et Oui, Mrs. Eddy écrit (p. 26): “L'ego réel ou le moi de l'homme est la bonté.” Et dans le livre de texte de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures, elle dit (p. 294): “Le véritable moi de l'homme se reconnaît seulement dans ce qui est bon et vrai.” Grâce à l'intelligence de cette vérité, on voit que l'homme possède une dignité et une gloire qu'il est impossible de comprendre quand on le croit limité par un corps mortel dans lequel il serait inclus et auquel il serait assujetti. L'homme réel et spirituel n'a ni être ni pouvoir en dehors de Dieu,— ni motif ni action autre que d'exprimer son créateur. Or aucune condition humaine — naissance, hérédité, entourage, circonstances quelconques — ne peut empêcher cette expression.
La véritable expression de soi-même est loin d'être cruelle, égoïste, indisciplinée. Exprimer sa vraie individualité consiste à faire, non pas tout ce que le mortel désire, mais bien ce qui reflète Dieu; et pour en arriver là, il faut que les hommes prient, veillent sans cesse, fassent des efforts sincères, et croissent spirituellement. L'homme réel que révèle la Science Chrétienne ne connaît ni limitation ni répression, car son être n'a jamais été dans la matérialité. Il ne craint point que ses buts et ses espoirs soient frustrés; il ne porte pas la cicatrice mentale d'anciennes expériences malheureuses. Il est exempt de tout prétendu complexe, car il reflète continuellement l'unique Entendement qui n'a jamais d'entraves.
La Science Chrétienne nous apprend à exprimer les qualités divines. Elle n'assigne pas de limites au vrai développement mental. Elle enseigne aux hommes à s'élever consciemment au-dessus des choses matérielles, sensuelles, maladives et sans grâce, afin que leurs pensées et leurs actes expriment toujours la noblesse, le progrès, la santé et la sainteté. Elle nous assure que toute vraie inclination mentale tend au bien, toute impulsion juste à la pureté. Elle enseigne que l'homme est idée, et que l'activité caractérise chaque idée; que la croissance est une loi de Dieu; que le développement spirituel est continu. Donc aucune erreur athée, aucune théorie matérielle, aucune croyance humaine généralement acceptée et s'intitulant loi, ne peuvent condamner l'homme aux échecs ou à la médiocrité.
Cela étant, nul ne devrait se résigner à une existence morne, à une vie manquée, ou croire que la joie et le succès ne sont pas pour lui. Un mortel esseulé, déçu, aigri, esclave des circonstances, est loin d'être l'idée de Dieu Par réflexion, nos pensées s'harmonisent avec l'Entendement divin; nous échappons ainsi aux limitations et au désir de nous apitoyer sur nous-mêmes. Les espoirs différés, les griefs longtemps nourris, les habitudes mentales erronées qui nous sont peut-être devenues coutumières, tout cela doit être échangé contre la réflexion de l'Amour. L'expression divinement inspirée guérit la dépression.
Ce n'est qu'en remplissant notre pensée de lumière et d'activité spirituelle que nous pouvons l'élever jusqu'à des hauteurs où l'erreur ne peut la suivre. Les sombres murailles des restrictions et des limitations s'écroulent devant l'humilité confiante et l'attente courageuse du penser chrétiennement scientifique. C'est l'Amour qui attire; et par suite du penser juste, les heures vides ou lourdes se changeront en un joyeux service, et nos églises pourront à peine contenir tous ceux qui ont faim et soif de la vérité rédemptrice.
N'exigeons pas que notre propre développement mental se conforme exactement à celui d'une autre personne. Quoique nous aimions et apprécions tout ce qui exprime le bien, nous devons suivre le Principe et non la personne. Nous éviterons ainsi mainte déception, le mécontentement et le découragement.
Chacun doit croître de la manière qui s'adapte le mieux à ses besoins: il doit remplir une place qu'aucune autre idée de Dieu ne pourrait remplir A mesure que la capacité d'exprimer Dieu se développe en chacun de nous, l'individualité que Dieu connaît se trouve être une expression belle et parfaite à laquelle rien ne manque. Ceci n'implique pas toutefois la monotonie, car dans son être réel chaque individu manifeste Dieu, l'Entendement divin, et par conséquent l'identité n'est jamais perdue. Paul donne une notion fort claire de l'individualité lorsqu'il dit: “Une étoile diffère en éclat d'une autre étoile.”
Combien s'accroît aussi la vraie confiance en soi-même à mesure que l'on connaît mieux l'individualité véritable! Ainsi la timidité gênante, fondée sur un faux sens matériel, fait place à la liberté et à l'assurance. Il se peut que pour le moment, tel homme exprime dans un domaine spécial plus d'individualité réelle que son frère; reconnaissant ceci, et sachant combien il paraît difficile à chacun de nous d'exprimer constamment le bien, nous devrions pratiquer à l'égard du développement d'autrui une patience et une tolérance pleines de compassion.
Il arrive encore souvent que nous exprimions un faux sens du moi. Le manque d'amour, la maladie, la petitesse, la haine, la tristesse, ne ressemblent guère à l'être parfait de l'homme. L'homme réel est intelligent et libre, juste et joyeux, généreux et sans crainte; il connaît l'harmonie et la santé constante, il reflète l'immuable Vie. Parce qu'il sait ces choses, le démonstrateur de la Science Chrétienne perce les apparences matérielles pour voir la véritable individualité de lui-même, de son frère, de son patient ou de son prochain. Il distingue ce qui est vrai d'avec la contrefaçon, ce qui est sincère d'avec ce qui est faux. S'attachant mentalement, pour lui comme pour d'autres, à ce qu'il sait être la vraie individualité, il n'exprimera finalement que les qualités du Christ; dans son entourage, il ne verra et ne connaîtra d'autre réalité que l'expression de la nature du Christ.
Contrairement à ce qu'enseignent certaines théories modernes, la vraie Science de l'Ame révèle que l'homme n'a jamais eu de vie en dehors de l'Esprit; qu'aucun prétendu pouvoir étranger à l'Entendement divin ne peut mettre des limites à ce dont l'homme est capable. Ses facultés ne peuvent être mesurées, et l'on ne peut assigner de bornes à ce qu'il accomplira. Sans limites, incommensurables, infinies,— telles sont les possibilités que l'homme réel tient de Dieu.
Le renoncement à soi-même et l'immolation sont absolument nécessaires à notre croissance; ce sont des étapes sur la route du ciel. Mais à quoi faut-il renoncer, que faut-il immoler, sinon le faux sens du moi, la contrefaçon que Dieu ne connaît point? “La vérité, défiant l'erreur ou la matière, est la Science qui dissipe un faux sens et mène l'homme jusqu'au sens véritable de l'individualité et de la Divinité, ... où la vraie nature de l'homme et de la femme rayonne dans la splendeur de l'être éternel et de ses perfections, intacte et immuable” (Unity of Good, pp. 42, 43).
Trouver et exprimer notre moi véritable, telle est la seule occupation réelle de chacun d'entre nous; et si nous nous consacrons à cette tâche, nous parviendrons à la certitude du salut, au succès infaillible, à la domination éternelle et spirituelle.
